
Whiskey Myers
Whomp Whack Thunder
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Peu connus en Europe faute de concerts, les Texans de Whiskey Myers sont pourtant la référence la plus solide du rock sudiste à ce jour, bien plus inventifs qu’un Blackberry Smoke ayant tendance à tourner en rond et bien moins kitsch qu’un Robert Jon & the Wreck. En outre, tout en étant assez conservateur dans son interprétation du southern rock, le combo n’hésite pas à faire évoluer son propos quitte à décontenancer son public. En 2022, le cuivré Tornillo avait marqué les esprits par son parti pris audacieux si bien qu’il était parvenu à succéder sans rougir au chef-d’œuvre de 2019, sobrement intitulé Whiskey Myers.
Coup de tonnerre (jeu de mots pour anglophones) : pour Whomp Whack Thunder, le groupe fait appel à Jay Joyce, un producteur influent du milieu country souvent convoqué pour arrondir les angles, moderniser l’écriture et ouvrir des portes à un public plus large – les traditionalistes le détestent. Paradoxalement, loin d’aboutir à une évolution dans le style du groupe, ce septième album marque un retour à une musique plus calibrée et bien plus inscrite dans le classic-rock sudiste que ne l’étaient les deux opus précédents.
Fort heureusement, Whiskey Myers parvient à éviter toute forme de ringardise grâce à des touches modernes ("Time Bomb"), à une interprétation musclée à la Clutch (le très bon "Midnight Woman"), à une scansion inspirée du rap (l’excellent "Icarus") ou à des arrangements soignés (le touchant "Monsters"). Le tout sans jamais transiger avec ses racines sudistes ("Rock N Roll" dont le riff rappelle un peu "Railroad Boy" de Gov’t Mule – By a Thread, 2009), parfois mises en avant avec un groove digne des Black Crowes ("Tailspin") voire de ZZ Top ("Break These Chains", notamment sur les parties de guitare).
Ce retour aux sources du genre entraîne parfois le groupe à céder à la facilité en proposant des titres assez convenus, à l’image du guilleret "I Got To Move", du mélancolique "Rowdy Days", de la ballade larmoyante "Born To Do" ou du roots "Ramblin' Jones". Mais pris dans l’ensemble de l’album, ces morceaux deviennent des respirations bienvenues et des passages tout à fait acceptables.
Ainsi, Whomp Whack Thunder est un très bon album de rock classique et chaleureux, un de plus en ce qui concerne Whiskey Myers dont la discographie regorge de pépites : son seul défaut est donc d’être seulement très bon, et de ne pas atteindre l’excellence de ses deux prédécesseurs. Reste une pochette assez mystérieuse, évoquant la course des enfants de Weapons sans que la chronologie des sorties ne puisse nous laisser déduire autre chose qu’un hasard.
À écouter : "Icarus", "Midnight Woman", "Rock N Roll"


















