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Critique d'album

Matt Elliott


Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart


(28/10/2013 - Ici d'ailleurs - Dark Folk - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- The Right To Cry / 2- Reap What You Saw / 3- I Would Have Woken You With This Song / 4- Prepare For Disappointment / 5- Zugzwang / 6- Again / 7- De Nada
Note de 5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Noir clair."
Kevin, le 28/10/2013
( mots)

Déjà le sixième album pour Matt Elliott, album qu'il annonce, en dépit d'un nom à coucher dehors, comme étant le plus lumineux de sa carrière solo. Et quelque part on se dit que le contraire aurait été autrement plus compliqué, tant sa discographie a posé les bases les plus noires de la folk britannique, notamment son ahurissante trilogie Songs (Drinking, Failing et Howling) ou l'implacablement brut The Broken Man sorti l'an dernier. La première écoute de Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart confirme à sa manière cette volonté nouvelle, mais le garçon part de tellement loin que la lumière demeure cantonnée à un rôle de figurante. 

Matt Elliott est né non loin de Bristol où il a commencé la musique au sein du groupe The Third Eye Foundation au milieu des 90's. Groupe qu'il hisse presque tout seul et en quelques années comme un gros morceau de la scène Drum and Bass naissante du royaume. Si le projet existe toujours (en témoigne un récent album en 2010), ses considérations esthétiques se sont largement épurées depuis. Sa folk minimaliste se fabrique autour de sa guitare sèche et de sa voix du plus profond des cavernes. Si le bonhomme vit aujourd'hui en Lorraine, c'est plus du côté de l'Andalousie qu'il faut piocher une bonne partie des couleurs de cet opus. Dès le premier monument "The Right To Cry" (17 minutes au garrot) et ses entrelacs chaloupés d'arpèges minutieux, c'est tout l'héritage flamenco qui épouse la cause de sa voix grave. L'album s'achève en outre sur un "De Nada" introspectif et châtié, gentiment hispanisant lui-aussi, où la part-belle est encore rendue à sa voix pleine de grâces. 

Car son timbre über-bas n'en finit pas d'étonner et de jouer au cœur des facéties tissées par le chanteur, comme dans "Reap What You Saw" comptine légère (toutes proportions gardées) et savoureuse dans laquelle il s'amuse à créer le contraste en allant gronder les notes les plus graves de son répertoire. Mais il s'avère que même sans l'usage de  son arme favorite, le bougre est capable de nous faire dresser les poils. Dans l'instrumental "I Would Have Woken You With This Song", il fait grincer ses plus tristes violons au croisement de plusieurs arpèges pincés dans une progression dramatique digne de ses plus beaux succès. Car l'homme possède une science de la mélodie imparable, généralement au service d'une mélancolie à fleur de peau, certes diluée pour les besoins de ce dernier album. Il accouche ainsi d'un "Prepare For Disappointment" tout droit tiré d'un dancing sévillan cafardeux des années 50, ou d'un "Zugzwang" qui aurait fait son effet en générique de fin d'un film de vampires en costume. 

Ce qui compte, une fois encore avec Matt Elliott, c'est la cohérence d'ensemble de son album. Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart brille d'un bout à l'autre, par sa constance et son homogénéité. Si Elliott a en effet abandonné le désespoir au profit de mélodies plus immédiates, il émane une véritable sensation de maîtrise et de confiance en lui. Si on peut regretter que ses démons les plus obscurs soient aux abonnés absents, il n'empêche que le talent de Matt Elliott se déguste aussi bien avec un peu de lumière dedans. Une pièce de belle facture, pas sa meilleure, mais un joli exercice touchant et profond. 

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