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Critique d'album

Dream Theater


Distance Over Time


(22/02/2019 - - métal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Untethered Angel / 2- Paralyzed / 3- Fall into the Light / 4- Barstool Warrior / 5- Room 137 / 6- S2N / 7- At Wit's End / 8- Out of Reach / 9- Pale Blue Dot
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un retour en force pour un groupe à nouveau dans des hauteurs artistiques et techniques vertigineuses"
François, le 06/03/2019
( mots)

Il y a de nombreuses raisons de détester Disney, j’en connais beaucoup puisque c’est une de mes marottes. Mais il y en a une particulière, peu politique, ce sont les chansons sirupeuses, mièvres, calibrées, qui scandent chaque nouvelle sortie de la firme. C’est pourquoi l’écoute de The Astonishing fut un véritable sacerdoce à l’époque : plus de deux heures interminables de niaiseries (sur un concept de dystopie adolescente peu fouillé) dont on ne retient que peu de choses si ce n’est peut-être le bruit des nomacs, qui contrairement à Dream Theater, n’ont pas réussi à tuer la musique. Autant dire qu’après cette purge (leur pire album, ni plus ni moins), on pouvait s’inquiéter de l’avenir du groupe.  Pourtant, je ne fais pas partie de ces fans hostiles à tout changement, vociférant en meute contre Mike Mangini juste parce qu’il a remplacé Portnoy (qui est évidemment excellent, Sons of Apollo en témoigne), j’ai même apprécié A Dramatic Turn of Events (2011, mais pas "Beneath the Surface" …)  et Dream Theater (2013). Non, c’est juste l’indigence musicale de l’opus de 2016, sous couvert d’œuvre totale qui suinte le mauvais goût, qui m'a fait détester cette production. Ne pas confondre opéra-rock et rock progressif aurait été une précaution judicieuse. 


Mais le passé est le passé, allons de l’avant, c’est de Distance Over Time dont il est question. Un regard à l’arrière de la pochette permet de se rendre compte d’un regain d’humilité dans le groupe : les morceaux ont des durées raisonnables, tout au plus 8 minutes et des poussières pour "Pale Blue Dot" et 9 minutes pour le plus long titre. La vanité sauce 2.0 illustrant la pochette est-elle une remise en question ? Ou plutôt, est-elle comme une introspection aux allures de rétrospection ? On retrouve en effet des apports de toutes les périodes tout au long des titres de l’album (Otavarium pour "Unethered Angel", SDOIT pour "Barstool Warrior", Awake sur "Room 137" ...) sur lesquels chacun pourra débattre à sa guise après avoir repéré telle ou telle ressemblance. 


Remise en question, surement par rapport à l’album précédent, mais pas dans le sens d’un virage artistique brutal. On retrouve néanmoins le groupe au sommet de son art et nul doute que cet album fera date. Labrie se surpasse au chant (n’en déplaise aux mauvaises langues), Petrucci balance des chorus mélodiques et hyper-techniques comme il sait bien le faire, Mangini est très bien mixé faisant taire ses détracteurs, tandis que les deux derniers arsouilles, Myung et Rudess, fidèles à eux-mêmes, déménagent. Étant donné qu’il faut défendre le batteur plus que les autres, écoutez la complémentarité de Mangini et Petrucci sur "Paralyzed" pour en être convaincu, et ce n’est qu’un exemple. Le groupe a voulu rassurer l’auditoire avec une partie instrumentale démente dès le titre d’ouverture, déversant la quintessence du talent de Dream Theater dans son entièreté. 


Mais revenons sur la durée des titres qui pourrait inquiéter à première vue. Grand amateur de titre à tiroir, je suis pourtant tombé sous le charme de l’efficace "Paralyzed", surtout pour son riff bien lourd au rythme lancinant. Il témoigne du fait qu’il y a dans cet album quelque chose de cinématographique alors que ce ne semble pas avoir été l’objectif (contrairement au précédent). On est emporté dans des ambiances, des atmosphères, des histoires, des images viennent à nous. Peut-être était-ce finalement volontaire : chaque titre a le droit à une illustration personnelle dans le livret, avec des jeux de lumière très esthétiques. 


Pour continuer sur ces titres plus courts mentionnons "Room 137". C’est également une belle pépite dans un style bien rentre-dedans, efficace et lourd. Là encore, la dimension filmique est forte. Bien que cela revienne vraiment à parler d’une approche toute subjective, l’ambiance du titre faisant bouillonner notre imagination, cet aspect sera, espérons-le, partagé par d'autres. Le plus long "Fall into the Light" part également sur une introduction assez heavy avant de durcir fortement le ton : il gagne en longueur par ses parties solistes et son pont tout en douceur. Là aussi un vrai chef-d’œuvre dans lequel Petrucci brille dans un solo planant mémorable. 


Quant aux titres un peu conséquents, il faudra se jeter sur "At Wit’s End" ou sur "Pale Blue Dot". Le premier commence sur un défouloir guitaristico-percussif ( ?) de très bon augure mais retombe un peu dans les mélodies du chant (on en reparle plus bas). Évidemment, à partir de trois minutes et des brouettes, c’est le défouloir total, tempête avant une accalmie au piano renforcée par un riff lourd mais simple (mais quel travail de Mangini derrière sur ses cymbales …). Un très bon morceau mais assez classique. "Pale Blue Dot" quant à lui est le nouveau titre culte du groupe. Les allusions à la dimension cinématographique du groupe prennent ici tout leur sens : on retrouvera même dans l’introduction orchestrale une citation à un film de science-fiction fort connu. Épique, ultra-technique, démentiel : il vaut mieux encore l'écouter qu'en parler. Si jamais quelqu’un voulait une définition de "Metal-progressif", Dream Theater vient d'écrire la sienne dans le Laroussedu rock sous l'entrée "Pale Blue Dot". Un bouquet final jouissif, dépêchez-vous d'y plonger vos oreilles. 


Qui dit Dream Theater dit forcément belle claque de virtuosité. Pour les amateurs de démonstration technique, tournez-vous vers le rushien "S2N" : Petrucci court sur le manche comme Zatopek, Rudess lui répondant en fin de titre, tandis que la section rythmique s’envole dès qu’un espace lui est ouvert. Le titre le plus complexe d’un point de vue purement technique (et question vélocité !) avec la longue fresque précédemment décrite. 


Bien sûr, il y a toujours quelques défauts à trouver, notamment du côté des refrains qui ont tendance à être un peu guimauve – ou nu-metal comme vous voudrez ("Fall into the Light", "Barstool Warrior" …), mais c’est une caractéristique ancienne deDream Theater à laquelle on est hélas accommodé depuis longtemps. Quelques pièces sont un peu moins bien réussies. "Barstool Warrior", après une introduction dantesque tombe un peu dans le des travers à la fois kitsch et des mélodies modernes pour le chant (contradictoire ?) dans le mauvais sens du terme. Il illustre parfaitement ce problème récurrent dans l’œuvre du groupe. L’autre fausse note, mais elle est courte, c’est "Out of Reach", sorte de slow guimauve, les premières notes de piano étant de mauvais augure. 


Dream Theater traîne une fanbase des plus sévères et des plus injustes : Distance Over Time aura le mérite de les faire taire. Une belle réponse à tous ceux qui jugeaient le groupe sans intérêt et incapable de reproduire un album exceptionnel. Et une excellente introduction au groupe puisqu'il reste assez accessible tout en déployant ce que l'amateur attend question prog' : si vous avez un ami à qui vous voulez faire découvrir Dream Theater, une nouvelle porte d'entrée est ouverte. 


Ah oui, prenez la version digipack avec "Viper King" (qui rappelle "Vavoom : Ted the Mechanic" de Deep Purple sur Purpendicular dans son style boogie), titre imparable et vraiment fun dans un registre original pour le groupe. Enfin, le coup commercial – ils auraient bien pu l’intégrer à l’album plutôt que d’en faire un bonus sur une version plus chère … - demeure regrettable, d’autant plus que le titre en question est vraiment bon.  

Commentaires
Pat, le 27/03/2019 à 10:09
J'ajouterai que l'on peut discerner de temps en temps des plans de jazz-rock que ne renierait pas Al di Meola et que le batteur est assez époustouflant... Je passe sur la virtuosité de Petrucci et de son compère bassiste déjà reconnues... Finalement un album bien produit et suffisamment varié pour plaire aux vieux fans et sûrement à de nouveaux