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Critique d'album

The Velvet Underground


The Velvet Underground


(01/03/1969 - - Rock décadent et visionnaire - Genre : Rock)
Produit par

1- Candy Says / 2- What Goes On / 3- Some Kinda Love / 4- Pale Blue Eyes / 5- Jesus / 6- Beginning To See The Light / 7- I'm Set Free / 8- That's The Story Of My Life / 9- The Murder Mystery / 10- After Hours
Note de 4/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Un chef d'oeuvre adouci qui boucle la plus influente trilogie de la musique rock"
Olivier, le 14/11/2012
( mots)

Pour son troisième album, suite de deux œuvres monumentales, le Velvet Underground prend le parti d’une image et d’une musique adoucie. Moins toxique, moins extrême, moins éprouvant pour les oreilles chastes. Un VU light ? Juste différent, collant à la personnalité du désormais seul maître à bord, Lou Reed. Nico et Andy Warhol ont quitté le navire dans la foulée de l’essai originel. Dès l’année suivante, le groupe choisit d’enfoncer le clou de la dissonance expérimentale sur White Light/White Heat. Maintenant, c’est le violoniste John Cale qui prend la porte. Cette sortie n’est pas voulue par l’intéressé, mais Lou a sévi. Les deux ont toujours été rivaux autant que partenaires, sorte de Lennon/McCartney du bitume new-yorkais. Divergences musicales, telle est la raison invoquée. Clairement oui. Quand le Gallois cherche à pousser toujours plus loin son goût de l’exploration sonore, son alter-ego au chant commence à s’impatienter. Il veut son quart d’heure de gloire, et les deux premiers disques du Velvet, sans être les fours commerciaux que l’histoire retiendra, n’ont pas vraiment rempli leurs objectifs de ventes.

Exit donc l’alto indiscipliné de John Cale. Le groupe accueille Doug Yule pour combler le vide. Multi-instrumentiste de talent, l’énergumène convient parfaitement à Lou Reed. Sa personnalité effacée et ses conceptions musicales autrement plus conventionnelles que celles de son prédécesseur lui évitent de capter la lumière. Le leader a les mains libres, d’autant plus que le Velvet s’autoproduit.

Le résultat est évident. Après l’enchantement au vitriol du premier disque et l’esquisse punk venimeuse de son successeur, The Velvet Underground est le plus accessible des albums du groupe, le plus conforme aux idées du futur interprète de "Perfect Day". Chansons folk, ballades flattant l’ouïe, titres rock simples et efficaces. Seules les 8 minutes exceptionnelles de "The Murder Mystery" évoquent la face expérimentale du VU, en étant encore loin de "European Song", "The Gift" ou "Sister Ray". Attention, ce constat n’augure rien de la qualité de cette troisième production. L’album frôle la perfection. Le combo de New York n’a pas perdu son identité en adoucissant ses arrangements. Il montre un nouvel aspect de sa musique. Cette substance pop contenue auparavant dans "Sunday Morning" ou "Here She Comes Now".

La douce introduction de "Candy Says" renvoie à l’ouverture de l’album à la banane. "White Light/White Heat" donnait le ton du disque éponyme. Le schéma se renouvelle ici. Bercé par le chant (juste) de Doug Yule, le morceau évoque l’histoire de Candy Darling, transsexuel de la Factory warholienne. Le personnage reviendra dans le deuxième couplet de "Walk on the wild side" trois ans plus tard. Le choix de mettre en avant la voix du nouvel arrivant est judicieux. Son interprétation est moins abrupte, plus mélancolique que ne l’aurait été celle de Lou Reed, collant ainsi avec les propos de la chanson. La cohérence de The Velvet Underground tient au point commun de tous les morceaux : leur évidence mélodique. S’il parait improbable de fredonner "The Black Angel’s Death Song" sous la douche, les chansons de ce troisième album se prêtent en revanche très bien à l’exercice. Les quelques éclairs pop des disques précédents avaient permis de deviner ce talent de songwriter chez Lou Reed. Il confirme sur ce LP qu’il est l’un des meilleurs à ce jeu-là, digne de ses plus illustres contemporains.

"Pale Blue Eyes", "I’m Set Free", "After Hours"…autant de perles qui restent en tête. Le Velvet enchaîne les couplets entraînants et les refrains ravageurs. Doug Yule et ses nappes de clavier apportent une touche inédite au son du Velvet, particularité qui reviendra dans Loaded. "The Murder Mystery" est l’exception. Le titre, placé en quasi-conclusion, est une synthèse du cheminement musical de la formation américaine depuis ses débuts en 1965. Le parolier en titre déroule l’un de ses meilleurs textes ; la construction est alambiquée, à juste titre, tout en laissant la place à une écoute distraite. A aucun moment l’auditeur frileux - mais pas trop - n’est repoussé par les expérimentations judicieuses du combo. Les quatre membres se succèdent au chant, contant cette fable noire qui place nombre de références de l’univers du groupe : Candy, Lady Godiva, Ray, l’ange noir…"The Murder Mystery" permet à l’album de franchir un cap, le propulse au-delà de la sphère pop-rock, quand beaucoup se seraient  contenté de ces neuf autres morceaux qui en font une merveilleuse réussite.

L’enveloppe sonore s’assagit, pas les écrits de Lou Reed. Sous le verni flatteur, le poète poursuit son entreprise désenchantée. Si ce n’est un dernier couplet raté - étrangement niais - sur "Pale Blue Eyes", les textes sont parmi les plus aboutis de l’histoire rock. La finalité est toujours sombre. Le coup avait déjà été fait avec "Sunday Morning". Sous ses atours de ballade innocente, "After Hours" abrite une chronique désabusée des soirées mondaines du show-biz. Exemple typique des faux-semblants disséminés entre les lignes vocales et les agréables arpèges de guitares. Lou Reed est un sacré vicieux, il n’oublie jamais de le rappeler.

Le VU est la référence directe d’une musique rock qui tord le cou aux conventions. Paradoxalement, le groupe offrait ici une brillante démonstration de maîtrise formelle des codes du genre pop. Sans y laisser son identité et son talent, le combo new-yorkais enjolivait son univers, le synthétisait et l’ouvrait à de nouveaux auditeurs. Cette direction artistique était certes guidée par la volonté de vendre plus, mais qui s’en plaindra ? Les deux premiers disques ont chacun trouvé leur filiation, celui-ci a fait de même. Conclusion peut être inutile car évidente : comme ses prédécesseurs, The Velvet Underground est un chef d’œuvre inégalé dans son registre. Il achève surtout la plus influente trilogie du rock indé.

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