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Interview : Alexis HK


Emilie, le 18/12/2012
La saison des Bains-Douches de Lignières a terminé en beauté avec dans ses murs Alexis HK. Le grand brun notamment connu pour ''Ronchonchon'' est donc venu présenter devant une salle pleine et sur-pleine, son dernier opus Le dernier présent.. J'en ai donc profité pour l'asseoir sur un banc orange, et lui poser quelques questions avant qu'il foule les planches de la scène berrichonne..


Je me suis demandé, Le dernier présent, présent dans le sens dernier ''ici'' ou dernier ''cadeau'' ?

Tout ! Le dernier mec là aussi, le dernier survivant. C'est un titre un peu à tiroir que j'aimais bien parce qu'il avait une ambiguité. Il permettait de dire à la fois qu'il y avait une urgence d'être heureux, et une urgence de ne pas considérer que la vie est quelque chose qui nous appartient tout le temps. Et que quand on reconstate sa précarité eh bien ça donne un levier pour comprendre certaines choses, redonner de l'importance aux choses parce que j'ai l'impression qu'aujourd'hui la vie est vue comme une anecdote. C'est bizarre. On transmet un message vachement négatif, on nous parle pas des choses essentielles et pour moi les choses essentielles ce sont les gens qu'on aime. J'avais envie de parler de tout ça ouais.


On peut lire que vous êtes parti des prédictions mayas et de la supposée ''fin du monde'' pour cet album. Mais est ce que c'est cette anecdote qui vous a donné envie de vous poser à un moment et de regarder ce qui se passait, ou est ce que ce n'est qu'une excuse car vous aviez envie de faire des bilans à ce moment de votre vie ?

J'essaye de ne pas trouver d'excuses pour faire les choses parce que je n'ai pas à me justifier. Le tout est de trouver de bons axes et de bons angles de vue, et … en fait les mayas n'annoncent pas la fin du monde mais la fin d'un cycle, c'est fou de voir comment cette rumeur est colportée par les médias alors que c'est une superstition ancestrale absurde. Et effectivement c'est ce qui m'a servi pour me dire, je ne sais pas si ça va être la fin du monde dans trois semaines, ça peut être la fin du monde pour n'importe qui mais soit parce qu'on meurt, soit parce qu'on perd quelqu'un de proche, là c'est la fin du monde. Si tu perds ton père ou ta mère c'est la fin du monde pour toi, et c'est plus ça qui m'intéresse, les prédictions mayas ne m'intéressent pas vraiment. La question est de savoir ce qu'on est aujourd'hui, où est ce qu'on en est, comment on se place par rapport à tout ça parce qu'on est dans une ère où on nous donne aucun espoir de rien, et aucun visibilité. Donc quand on fait de la chanson il faut essayer de proposer des choses qui apaisent un peu et qui parlent de tout ça, parfois de façon un peu moins grave mais j'avais envie de ça sur ce disque.


Vous étiez dans quel état d'esprit quand vous avez composé cet album ? Etat d'esprit ou état physique, car certains artistes vivent vraiment la composition comme une bulle à part, un microcosme.

Oui, tout le monde fait ça. A un moment il faut te retrancher si tu veux rassembler tes idées. Alors au début tu es seul puis tu commences à partager ce que tu as fait avec le réalisateur, le manageur, puis les choses se mettent en place. C'est progressif, il y a plusieurs moments pour créer un disque...


Vous faites pas mal de bilans dans l'album, et personnellement je les sens davantage péjoratifs que mélioratifs. Est ce que vous aviez envie d'axer la réflexion des gens, ou c'est juste un constat où chacun prend ce qu'il entend ?

Je ne le sens pas négatif moi, il n'y a rien de profondément négatif. Même quand c'est lucide et que ça va vers le grave, ça se termine toujours bien. C'est de la mélancolie mais positive, il n'y a pas de nihilisme dans ce disque, ou en tout cas il n'y a pas de volonté du chanteur de dire ''tout ça va s'arrêter et c'est très bien''. Pour moi ce serait ça le côté négatif .. Là il n'y a rien qui va s'arrêter, ça va continuer comme avant, et il va même peut être y avoir quelque chose de nouveau ! Mais bon, je ne pense pas avoir été négatif, après j'ai perdu l'habitude de me mettre une plume, je suis pas un clown surtout sur un disque. J'essaye de faire des chansons qui se tiennent, qui ne sont pas trop dans la déconnade c'est vrai, mais ce n'est pas négatif pour autant, je ne cherche pas à tirer des sonnettes d'alarmes ou ce genre de choses.


Musicalement, c'est un album assez rangé, très cohérent. Est ce que c'était réfléchi pour par exemple mettre l'accent sur les paroles en plus d'instaurer une ambiance, ou est ce que c'est venu naturellement en fonction de ce que vous aviez à dire ?

Disons que, étant donné le contenu et le fait que ce soit des chansons écrites en guitare voix au départ, j'avais pas envie de mettre des emphases de violon à chaque fois que je disais quelque chose, ou faire des arrangement comme ça à la Michel Legrand, à chaque fois que le mec parle il a une descente -rires. Donc oui je suis resté assez simple et direct par rapport à ça pour que ça reste des chansons, des morceaux mais … A chaque fois je me suis demandé s'il fallait qu'on rajoute quelque chose, et puis à chaque fois je me suis dit non, ça sert à rien.


Et disons que ça reste cohérent. Personnellement, j'écoute et j'entends d'abord la musique puis les textes, et j'ai trouvé que les deux collaient vraiment. Du coup je me demandais si cet effet d'équilibre était recherché.

Ouais, bien sur bien sur, parce que ce sont des chansons et il y a des fois où c'est justifié d'être emphatique musicalement, et il a des fois où ça ne l'est pas, chacun choisit. Moi j'ai voulu être dans quelque chose de frontal, direct, simple et évident. Mais il y a quand même des parties musicales, ce n'est pas non plus voilà .. Enfin moi j'ai beaucoup le son sur ce disque parce que je le trouve effectivement bien équilibré, mais ce n'est pas non plus trop compacte. Si on réécoute les morceaux on se rend compte qu'il y a de la musique derrière. Mais c'est pas la première impression qu'on a.


C'est celle que j'ai eu en premier pourtant

Ouais ? C'est bien, c'est une bonne nouvelle. Tu me fais plaisir !


Et par rapport à la musicalité des mots, la référence à Brassens revient souvent, et donc je me suis demandé si c'était un exercice de style de travailler sur cette musicalité qui est assez travaillée je trouve, ou est ce que ça coule de source pour vous ?

Oh, c'est toujours un peu les deux, on choisit des orientations. Moi j'entends beaucoup de chansons aujourd'hui où quand j'écoute les mots j'ai un sentiment de platitude, j'ai l'impression qu'il n'y a pas ce petit travail de rassemblement des choses, qui rend les choses fluides, parfois ça pique un peu les oreilles. Quand on fait ce travail, eh bien au moins les gens qui écoutent la chanson, qu'ils l'aiment ou qu'ils ne l'aiment pas, au moins ils vont avoir le sentiment que c'est bien agencé et que ça essaye d'être assez fluide oui. C'est une question de fluidité, de sonorité. Après voilà, je fais des chansons, j'écris des textes qui pourraient captiver le lecteur. Mais je ne suis pas trop dans le calcul non plus, quand j'écris je n'essaye pas de chercher si ça ressemble à ça ou à ça, après c'est vrai qu'on trimbale tous des influences. Donc c'est un peu les deux, il faut s'amuser avec les mots, mais en même temps il faut pas que ce soit un savoir-faire que l'on reproduit à chaque fois, ça devient une escroquerie aussi.


Bon maintenant je vais vous parler de deux chansons. Tout d'abord ''Ignoble noble'' (avec Benoit Dorémus et Renan Luce) qui est un morceau aux sonorités médiévales. On sait que le Moyen-Age est une période difficile mais également une période de renouveau. Est ce que vous avez pris cette dimension là par rapport à l'état du monde actuel, enfin l'ambiance de l'album en général ?

Ah bah le ton médiéval permet tout à fait de raconter le monde d'aujourd'hui de façon fleurie, rigolote et anachronique. C'est drôle, c'est à la fois drôle, anachronique, et en même temps ça peut être joli parce que c'est acoustique et il y a de belles mélodies à trouver donc c'est intéressant à plein de niveaux. Mais oui, j'ai l'impression parfois qu'on a beau être en 2012, des fois j'entends des trucs qui nous ramènent directement au Moyen-Age sans passer par la case 'Origine de l'humanité' -rires. Et donc c'est amusant de jouer avec ça, c'est vrai ! Après voilà, c'est le Moyen-Age du mec qui a bac+2 ou +3 quoi tu vois, c'est le Moyen-Age pour les nuls -rires.


Et la chanson ''César'' vous l'aviez joué lors de la tournée Seuls à trois, elle était déjà écrite avant la préparation de l'album alors ? Parce que je sais que je l'avais cherchée partout, en vain.

Ouais ouais, non elle n'était nulle-part à l'époque. Je la jouais pendant Seul à Trois, elle a été écrite avant, l'album n'était pas lancé même si je l'avais en tête ce n'était pas encore sur les rails quoi. J'avais des chansons, je les chantais à droite à gauche quand ça commençait à avoir un peu de gueule mais c'est tout. C'est pour ça que tu ne l'as pas trouvée à ce moment là.


Pour finir, est ce qu'il y a une question à laquelle tu aurais aimé répondre mais qu'on ne t'a jamais posée ?

Non … -rires. J'aime pas répondre trop à des questions parce que je n'ai pas la réponse à toutes les questions. Par contre la question intéressante c'est quelle question je ne me suis jamais posé ? Là d'accord, là ça demande réflexion. Là si tu réponds à cette question je pense que tu avances pour toi même. Par contre oui, la question de savoir si je me pose les bonnes questions, là c'est autre chose ! -rires


Merci beaucoup aux Bains-Douches, à Chakalaka, à Julien Soulié et à Alexis HK pour cette douce interview.


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