Rock en Seine 2015
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Introduction
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- Vendredi 28 août vu par Matthew : Poissons-chats, hautes lumières et jours oubliés
- Samedi 29 août vu par Matthew : Mentions, ennui(s) et ratures libertaires
- Dimanche 30 août vu par Matthew : Rock qui tâche, verres de trop et West Coast
- Et maintenant ?
- Samedi 29 août vu par Raphaëlle
- Dimanche 30 août vu par Raphaëlle
Dimanche 30 août vu par Matthew : Rock qui tâche, verres de trop et West Coast
Des blousons et des jams
Lorsque l’on voit le soleil enfin revenu, dispensant ses rayons de soleil sur la peau bientôt rosée des festivaliers, on ne peut s’empêcher d’afficher un sourire narquois quand les lascars de Last Train débarquent tous de noir vêtus, du slim jusqu’au perfecto. Le mercure a dépassé les 30 degrés, des gouttes de sueurs dansent déjà la java sur leurs fronts, mais que voulez vous, on est rock’n’roll ou on ne l’est pas. Cette petite pique paternelle se retrouve cependant vite reléguée au quinzième plan au vu la prestation des mulhousiens, si jeunes mais déjà rôdés comme de vieux briscards, taillant des riffs couillus à la BRMC et vociférant dans le micro. Présents, fougueux et heureux d’être là, les garçons de Last Train auront confondus les sceptiques par une déflagration de décibels, de larsens et de notes saturées. Rock’n’roll, guys.
A peine le temps de nous remettre de nos émotions que nous retrouvons l’hyperactif Ty Segall sur la scène de la Cascade sous l’égide de Fuzz, où il officie en tant que batteur/chanteur. L’ambiance ne diffère pas véritablement du précédent concert : riffs nerveux, micros martyrisés mais de façon bien plus maitrisé, par des gens plus expérimentés et indéniablement plus virtuoses. Ca joue fort, ça joue vite, et lorsque le tempo ralentit, on se retrouve plongé en plein psychédélisme des années 70. Cependant, entre les problèmes de son du guitariste et le côté foutraque du set, on a parfois l’impression de plus assister à une répèt qu’à un véritable concert, avec des copains tapant le bœuf entre eux. Le moment ne serait il pas venu pour Ty Segall de moins se disperser ? Et puis, cette pâleur de peau, il faudrait faire quelque chose, vraiment. Ah pardon, c’était du maquillage ? Ouf.
Danser sobre ou chanter bourré?
Changement total de décor et d’atmosphère sur la Grande Scène avec Hot Chip, cousins anglais de Metronomy tout aussi talentueux et que beaucoup découvraient le jour même. Dès la première chanson, le tempo est donné: Alexis Taylor et ses camarades sont là pour nous faire danser. Difficile de faire autrement à l’écoute de leurs irrésistibles titres électro-pop qui, au fil du concert, nous paraitront de plus en plus taillés pour cette heure de la journée (18h), comme un succulent cocktail en guise d’apéritif, idéal pour se mettre dans d’excellentes dispositions pour la suite des opérations. Même les rockeurs les plus durs ont troqué leur blouson de cuir pour se dandiner sous un soleil qui n’en finit plus de briller. On ressort du set avec la banane jusque-là, rafraichis et regonflés à bloc. Et il nous fallait bien ça pour ne pas avoir envie d’arracher les dents des organisateurs du festival.
Quelle idée de programmer en même temps Tame Impala et le Mark Lanegan Band ? Face à un choix aussi cornélien que si l’on nous tendait une boite de chocolats, nous décidons, la mort dans l’âme, de laisser les australiens déjà vus il y a 2 ans de cela pour ce concentrer sur le blues ténébreux de sieur Lanegan, qui débarque, comme à son habitude, un peu lourd sur ses jambes. Première constatation : les musiciens sont en place, doués, précis dans leur jeu et servent parfaitement les complaintes de Mark, tantôt suaves, tantôt rauques. Malheureusement, ce dernier ne semble pas dans un bon jour, ayant surement ingurgité quelques verres de trop et ne parvenant pas à libérer totalement sa voix d’outre-tombe sexy en diable et bouleversante lorsqu’elle se fait douce. Le temps paraît long, les titres s’enchainent péniblement, sans un mot, comme si on avait forcé les musiciens à tenir leur rang. L’Australie ne nous a jamais paru aussi loin.
Et soudain, la tornade
Noyant notre dépression dans l’alcool et les burgers, on se console comme on peut du côté de la Pression Live avec Parquets Court, nous disant que leur énergie punk réussira à nous remettre d’aplomb : ce sera chose à moitié faite. D’un côté, Andrew Savage et Austin Brown ne se ménagent pas, vociférant tour à tour dans le micro tout en martyrisant leurs guitares, courant dans tous les sens dès que l’occasion se présente, soutenus par une section rythmique survoltée et un public en transe ; de l’autre, le son horrible et le trop-plein de fougue d’un coup ne nous requinquera que partiellement. Les américains disposent cependant d’un set désormais bien garni et prouvent qu’il faudra désormais compter sur eux dans le paysage rock.
Avec les Chemicals Brothers et Run The Jewels programmés dans la même tranche horaire, on se dit qu’il serait vraiment temps que les organisateurs investissent dans de bonnes couronnes dentaires. Ecoutant sans doute notre côté gangsta trop peu souvent exploité, on se rend pour le dernier concert du festival du côté de la scène de l’Industrie, laissant les sons planants des deux frères pour se prendre dans la tronche les assauts des faux frères El-P et Killer Mike, représentants un peu esseulés d’un hip-hop aussi décapant qu’un Boeing à pleine vitesse. Et même si, d’après les dires de nos camarades, le set des Chemicals était électrisant, que dire de celui des américains ! Gaillards, en pleine forme, n’hésitant pas à interagir avec la foule (confirmant que les artistes hip-hop sont vraiment les maitres dans un domaine trop délaissé par les groupes de rock), Run The Jewels place la barre très haut : flow saccadé, son lourd et puissant, ils arpentent la scène de bout en bout en nous assénant d’implacables morceaux, repris en chœur par une assistance déchainée et étrangement très composite. Un moment de bravoure, sportif, intense qui confirme l’incroyable capacité des américains à faire soulever une foule, d’où qu’elle soit.