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Chronique Livre

Nothing Else Matters: The Graphic Novel


Auteurs : Jim McCarthy (textes) et Brian Williamson (dessin)
Éditeur : Omnibus Press
Date de sortie : 28 octobre 2014

"Quand le monde du comic book se frotte à celui de la musique."
Alan, le 19/12/2014
( mots)

Avec près de quatre-vingts années d’existence au compteur, les comic books américains font désormais, et ce de manière irréfutable, partie intégrante de la culture populaire occidentale : à l’origine de personnages mythiques devenus de véritables icônes, ils continuent aujourd’hui encore d’éveiller des vocations chez les petits… et même chez certains grands. Ce fut ainsi à titre personnel l’accomplissement d’un rêve d’enfant que de poser les pieds dans un authentique comic book store américain : de Batman à Wolverine en passant bien évidemment par Spider-Man et les Tortues Ninja, étaient réunis sur ces étagères tous les super-héros et super-villains les plus emblématiques de cet univers fantastique. Des étoiles plein les yeux et des images plein la tête, je me précipite vers les classiques du genre que sont Watchmen et The Dark Knight Returns quand quelque chose d’assez inattendu attire mon attention : était posé nonchalamment sur le comptoir des nouveautés un livre arborant le nom de Metallica dans une typographie rouge assez disgracieuse. Curieux, à défaut d’être tentant. La curiosité finit cependant par l’emporter sur l’envie, ainsi The Killing Joke et Civil War durent attendre leur tour et céder leur place à ce Nothing Else Matters.

Il s’agit ici de la troisième collaboration entre Jim McCarthy et Brian Williamson après deux ouvrages consacrés respectivement à Michael Jackson et aux Ramones. L’un est auteur de comics et journaliste musical, l’autre illustrateur freelance spécialisé dans les comic books et les romans graphiques. La préface est quant à elle signée Joel McIver, co-auteur de nombreuses autobiographies de musiciens tels que Glenn Hughes (Deep Purple), Dave Ellefson (Megadeth) et Glen Matlock (Sex Pistols) et ayant signé deux livres sur Metallica : le désormais culte Justice for All: The Truth About Metallica et To Live Is to Die : Vie et mort de Cliff Burton que nous avions déjà traité il y a quelques années. On est donc en droit de supposer que la fine équipe maîtrise son sujet et que l’ouvrage sait de quoi il parle.

Prenant la forme d’un récit à la première personne où chaque membre raconte l’histoire de Metallica au travers de ses souvenirs, Nothing Else Matters débute dans une réunion des Alcooliques Anonymes où Dave Mustaine se remémore les premiers balbutiements de Metallica à Los Angeles pendant que, dans le même temps, James Hetfield et Lars Ulrich s’attèlent à l’enregistrement du Black Album. Ceux-ci ne tardent pas à constater tout le chemin parcouru depuis leur première rencontre suite à une annonce passée par Lars dans le journal dix ans plus tôt : de l’enregistrement de “Hit the Lights” pour la compilation Metal Massacre à la relocalisation à San Francisco, toute la genèse de Metallica - qui constitue la première des trois parties du livre - se voit racontée et illustrée dans ses moindres détails avec une certaine justesse.

Cette dernière phrase, bien que méliorative dans son propos, pointe pourtant du doigt le point faible de ce Nothing Else Matters : là où le récit développe avec pertinence les premières années - de la formation du groupe à l’enregistrement de Kill ‘Em All - dans la première partie, il se contente de survoler les trente années de carrière du groupe et relate celles-ci de manière totalement précipitée dans les deux autres parties. Le découpage accorde en effet autant d’importance à la tranche 1981-1983 qu’aux tranches 1984-1992 et 1993-2014 ! Choix fort dommageable qui sabote complètement l’investissement émotionnel du lecteur, qui se voit rapidement noyé sous les évènements qui se succèdent à vitesse grand V. 

L’exemple le plus évident reste bien évidemment le tragique accident de car que le groupe a connu en 1986 : comme le fait remarquer McIver dans la préface, “cette histoire tragique a été racontée d’innombrables fois, […] mais jamais en images”. Et force est de reconnaître que le traitement pictural de la mort de Burton ne laisse pas indifférent, malheureusement l’émotion du deuil se voit balayée en quelques vignettes pour céder sa place à Jason Newsted et l’enregistrement de …And Justice for All. C’est le plus gros problème de ce roman graphique : bien qu’adoptant un ton grave qui tente de susciter l’émotion chez le lecteur sur le fond, la forme ne suit clairement pas. Tout est précipité à un rythme bien trop rapide pour que le récit puisse réussir ce qu’il entreprend. 

Concernant le dessin, le rendu est assez inégal. Le style croqué de Williamson - couplé à la monochromie de l’ouvrage - a un certain charme, et certains de ses portraits sont saisissants de par leur ressemblance physique avec leurs modèles. La grande majorité des arrières-plans, en revanche, vient totalement ruiner la finesse du dessin : simples décalques d’images qu’on imagine photographiées, ceux-ci ressemblent aux grossières images pixélisées que l’on s’échangeait par fax en 1997. De même, il est dommage de constater que certaines silhouettes ne sont que des clichés largement répandus redessinés par Williamson (exemples flagrants avec Slash ou Hetfield lui-même).

Amère déception donc à la lecture de cette curiosité qui aurait pourtant pu être un ouvrage tout à fait honorable s’il avait choisi de se consacrer exclusivement à une période de l’histoire du groupe. Ou s’il avait été plus long. Dans un cas comme dans l’autre, McCarthy aurait pu adopter un rythme beaucoup plus modéré qui aurait permis au récit de ne pas se précipiter comme c’est le cas ici. En définitive, Nothing Else Matters: The Graphic Novel n'est à recommander qu’à une personne : le néophyte désireux d’en apprendre plus sur ce groupe de légende qu’est Metallica et qu’il ne connait que trop peu. Ce roman graphique constitue effectivement une excellente entrée en matière pour ceux qui sont peu familiers avec les Four Horsemen. Pour les autres, passez votre chemin : vous n’y apprendrez ni n'y trouverez rien de nouveau. La seule utilité que vous pourrez éventuellement trouver à cet ouvrage sera de vous occuper un tant soit peu dans un Paris-Lille ou un Paris-La Rochelle où vous écouterez de toute façon Master of Puppets et Kill ‘Em All à plein volume pour être sûr de ne pas être emmerdé par les insupportables morveux braillards de quatre ans avec qui vous partagez votre wagon.

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