↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.

Dave Getz, To Be a Brother


Steven Jezo-Vannier, le 22/04/2015

Pas facile de décrocher quelques mots à Dave Getz, ancien batteur de Big Brother & the Holding Company et donc de Janis Joplin. Aujourd'hui devenu artiste-peintre à temps plein, Dave Getz n'est pas le genre à regarder dans le rétroviseur. Il a passé les trois dernières décennies à répondre à des questions sur sa jeunesse psychédélique et ses liens avec l'icône de la West Coast, au détriment de ses activités postérieures. Prenant difficilement le temps de revivre ses souvenirs, il a tout de même accepté d'échanger avec nous autour d'une question.


SJV : Dave, vous êtes venu à la musique par le jazz avant de participer à Big Brother & the Holding Company. Avec lui, vous avez signé chez Mainstream, un label de jazz, et enregistré votre premier album avec Bob Shad, un producteur de jazz... le son psychédélique doit beaucoup à ce courant, c'était une évolution naturelle en 1966/67 ?


DG : J'ai voulu jouer du jazz dès l'âge de 16 ans, et jusqu'à mes 20 ans. J'étais un batteur naturel, et je ne travaillais pas suffisamment pour développer mes compétences, pour que ça envoie. Pas assez en tout cas pour faire dans le hard bop, qui était vraiment le style que j'aimais et admirais le plus. J'étais quand même un bon batteur de jazz traditionnel, ce qu'on appelait le « Dixieland » à cette époque. Je jouais dans Rick Lundy & the Saints, un groupe très propre et professionnel qui se produisait sur les bateaux de croisière de la Holland America Line, qui reliaient Rotterdam à New York. Nous avons également fait quelques concerts en Allemagne et en Hollande.


De retour à San Francisco, entre 1960 et 1965, je jouais dans un groupe appelé le Studio 13 Jass Band, qui consistait plus en un collectif d'artistes et de musiciens du San Francisco Art Institute, où je suivais des cours. On faisait encore du Dixieland.


Puis, en 1964/65, j'ai voyagé en Pologne. Là, je jouais avec des groupes plus modernes et quelques-uns de plus traditionnels aussi, mais je voulais surtout être peintre... La musique passait au second plan ; et de toute façon, je ne travaillais pas assez pour amener mon jeu à un meilleur niveau.


Je suis revenu sur la Côte Ouest des États-Unis dans le courant de l'année 1965. Et là, quand j'ai découvert les groupes qui se développaient à San Francisco, j'ai tout de suite su que je pouvais jouer leur musique, et que j'avais plus de dextérité et de feeling que la plupart des batteurs qui évoluaient dans les petites formations du moment. Immédiatement, j'ai su aussi que je voulais faire partie d'un groupe de ce genre et me consacrer au San Francisco Sound. Nous avons donc tenté de monter quelque chose au sein de l'Art Institute, avec quelques copains, mais ça n'a pas pris.


Je pense qu'à l'époque beaucoup de jeunes de la région, le milieu underground, les beatniks et les bohèmes de San Francisco étaient très au fait de la musique de [John] Coltrane, Ornette [Coleman], etc. et de tout ce qui se faisait dans le jazz et ce qu'on appelait le courant free jazz. Donc, il y a une filiation évidente avec le psyché. D'autant qu'à la même période, à partir de 1965, les gens ont commencé à prendre du LSD et ça a eu un effet énorme sur la scène de San Francisco et l'approche free de la musique.


Mainstream reposait entièrement sur les épaules d'un homme, Bob Shad, qui voulait signer un maximum d'artistes (surtout du jazz) et les faire enregistrer pour un minimum d'argent. De cette manière, il possédait leur musique en les rémunérant très faiblement. Mais, bien sûr, comme aujourd'hui, tout le monde voulait obtenir un contrat avec un label, croyant que cela assurait un certain succès...


Shad est venu à San Francisco en 1966 et il a auditionné de nombreux groupes [dont Big Brother & the Holding Company, formation de Peter Albin, James Gurley et Sam Andrew qu'avaientt rejoint entretemps Dave Getz suivi de Janis Joplin]. On nous avait bien conseillé de ne pas signer n'importe quoi avec lui. Mais, il se trouve que quelques mois plus tard, on s'est retrouvé avec le groupe à Chicago [où Mainstream avait ses quartiers]. Sans le sou, nous étions dans l'incapacité de rentrer à San Francisco. Désespérés, nous avons fini par signer avec lui, simplement pour obtenir de quoi rentrer. Voilà comment Big Brother a signé chez Mainstream et sorti son premier album, presque par hasard.


Dave Getz est né le 24 janvier 1940 à Brooklyn, quartier dans lequel il grandit. Attiré très jeune par les arts, il succombe à l'appel de la musique via la découverte de la culture amérindienne, pour laquelle il se prend de passion — chose rare au milieu des années cinquante, la reconnaissance de ce patrimoine étant encore timide à cette époque. Dave s'imprègne des rythmes et danses traditionnelles à l'adolescence et vient peu à peu à la pratique des percussions. Il commence l'apprentissage de la batterie à 14 ans et se voue au jazz. Avec le sextette Rick Lundy & the Saints, il parcourt l'Europe et se professionnalise très jeune. Pourtant, les arts graphiques conservent sa préférence. Il étudie au SF Art Institute avant d'être emporté dans le tourbillon psychédélique qui naît dans le quartier de Haight-Ashbury, à San Francisco. Les choses s'accélèrent. Au mois de mars 1966, il rejoint Big Borther & the Holding Co, prenant la place de Chuck Jones. Il intègre ainsi l'un des groupes pionniers du psychédélisme et se convertit au rock. Trois mois plus tard, le groupe intègre une chanteuse, Janis Joplin, et fait son premier show avec elle le 10 juin 1966 sur la scène du mythique Avalon Ballroom, tenu par Chet Helms, manager de Big B et ami de longue date de Janis.


Suivent la signature chez Mainstream et l'enregistrement du premier album à Chicago, avec Bob Shad. Tandis que l'album tarde à sortir, le groupe explose avec les premiers grands festivals californiens : Love Pageant Rally, Human Be-In et surtout Monterey, qui met en lumière le groupe (et plus encore sa chanteuse). Le premier LP éponyme profite de cette notoriété soudaine et apparaît dans les bacs "featuring Janis Joplin". La suite est bien connue : Big Brother triomphe avec l'album Cheap Thrills - où les rythmes de Dave disputent la suprématie des guitares de James Gurley et Sam Andrew. Puis, Janis prend son envol en solo, se brûlant rapidement les ailes. Le groupe survit difficilement, il sort deux nouveaux albums : Be a Brother (1970) et How Hard It Is (1971), avant de se disloquer dans les conflits internes et les drogues. 


Dans les années suivantes, Dave Getz participe à quelques projets musicaux, les groupes Nuboogaloo Express, Banana & the Bunch et Pendregrass, sans retrouver le succès passé. Revenu aux arts graphiques, il accepte de relancer Big Brother en live dans les années quatre-vingt, puis, dix ans plus tard, de faire son retour en studio pour les albums Can't Go Home Again (1996) et Do What You Love (1999). Le groupe a poursuivi sa route en live malgré le départ de James Gurley en 1999 (il décède en 2009). En 2010, Dave Getz publie un album en solo avec ses camarades, un projet intitulé Can't Be the Only One, du nom d'une chanson co-écrite avec Janis Joplin et qui n'avait encore jamais vu le jour. Elle est interprétée par Kathi McDonald, la remplaçante de Janis engagée par Big Brother en 1971.


La mort de Sam Andrew, en février 2015, a suspendu le sort du groupe, dont Peter Albin et Dave Getz sont désormais les derniers survivants.


Commentaires
Arbitre, le 07/10/2020 à 00:47
Les 2 premiers albums de Big Bro n'ont qu'un rapport avec l' "acid rock", c'est le son de James Gurley (disto + reverb essentiellement). En dehors de ça, pas de paroles pro-LSD ou dont on puisse soupçonner qu'elles ont été écrites sous effet. Il s'agissait avant tout de blues. Musicalement, pour faire référence au LSD, il n'y avait pas grand choix : on jouait des suites d'accord peu conventionnelles, on jouait sur les sonorités en utilisant des effets (flanger par exemple), ou bien on jouait sur les bandes en ayant recours à des sons importés, bandes à l'envers ... On agençait le tout pour mettre en valeur l'étrangeté des sentiments ressentis sous acide, des hallucinations ... Certains groupes étaient spécialisés dans cet art. Les Doors, Pink Floyd, d'autres groupes moins connus comme les Electric prunes, les Shadows of Knight, ... La majorité des groupes de l'époque avaient recours à ce type de sonorités, mais pratiquaient un genre (ou plusieurs) traditionnel : rock, blues, folk-rock, jazz, jazz-rock, ragtime (les Charlatans, Grateful Dead), bluegrass ... Ces groupes pouvaient, par ailleurs, jouer des morceaux particulièrement psyché dans des occasions particulières, notamment à San Francisco parce que le mouvement était encadré et organisé, comme par exemple le Human Be-in de janvier 1967 et bien d'autres concerts gratuits dans les parcs. Mais sur les albums, c'était un public bien plus vaste que celui des hippies qu'on visait. D'ailleurs les hippies étaient pauvres et luttaient déjà pour simplement manger à leur faim. L'immense majorité des groupes de cette époque ont assez rapidement délaissé l'acid-rock, parce qu'il leur fallait évoluer avec leur temps, sous peine de ne plus trouver de labels pour enregistrer. La musique a tellement évolué, à cette époque, que seuls les genres véritablement bien ancrés survivaient. La musique psyché a disparu parce que le LSD a été remplacé par des drogues dures dès 1967, et que ça a changé la mentalité d'ensemble. Dépendants et pauvres, et trop nombreux pour continuer à être pris en charge par les organisations solidaires telles que les Diggers, les jeunes ont basculé dans la délinquance, la prostitution et le proxénétisme ; certains sont revenus chez leurs parents à temps, d'autres sont tombés entre les griffes de manipulateurs pervers (comme Charles Manson) et l'ont payé toute leur vie. Le LSD lui-même a fait des dégâts considérables, chez les music