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Interview : Barcella


Emilie, le 17/09/2013
C'est au milieux des centaines d'arbres du festival Musicalarue à Luxey, que nous avons rencontrés Barcella. A quelques heures de son concert, autour de l'élément de survie, soit une boisson fraiche, nous avons discuté avec le webzine AdnSound. Très bavard pour notre plus grand plaisir, Barcella (Mathieu de son vrai prénom) se livre assez facilement dans la décontraction d'une pause post-balances.


Barcella : Si vous vous posez la question je dis Barcella. On peut dire "Barchella" mais moi je dis BarCella. En fait c’est italien c’est mon nom de famille et on a toujours dit Barcella.

AdnSound : Et justement, tu peux nous faire une petite présentation basique ? D’où tu viens, ton parcours, ton projet professionnel ..

B : Donc je m’appelle Barcella, j’ai 32 ans, je viens de Champagne Ardenne qui est à l’heure actuelle l’une des seules régions qui continue à perdre des habitants, mais qui est une région pour laquelle j’ai une vraie tendresse car j’ai grandi artistiquement là haut. A la base j’ai une formation pour être dans l’enseignement, j’ai une licence d’éducation et de motricité, c’est donc beaucoup de pédagogie de groupe, et j’ai réinvesti tout ça sur la scène. Je conçois la scène comme un moment ludique mais également comme le moyen de défaire des nœuds. Tu as des gens curieux qui viennent te voir, qui ne connaissent pas forcément et qui se retrouvent les uns à côté des autres. L’idée est de faire partager une vision poétique du monde avec ces gens là. Donc je fais ça depuis bientôt 10 ans, ça fait 5 ans que c’est mon métier et ça fait 2 ans et demi que ça commence à marchouiller quand même assez bien. A l’heure actuelle on est 9 sur la route, dont 4 musiciens qui m’accompagnent, c’est une histoire assez artisanale et très familiale.

Albumrock : Et justement, tu as des musiciens qui sont arrivés au fur et à mesure de ton évolution scénique ?

B : Alors en fait j’ai eu une première troupe, avec laquelle j’ai fait beaucoup de spectacles de rue et tout ce qui se présentait à moi. Pendant les premières années on était trois. Il y avait Thibault et un très bon ami, Olivier, à l’accordéon. Avec Olivier on a fait énormément de spectacles de rue, de petites scènes, de bars, de trottoirs parce que l’accordéon-chant c’est quelque chose qui s’expose facilement. On a donc fait un premier album qui s’appelle La Boite à Musique, en indépendant total, et qui sur trois ans a pas mal marché. On a fait près de 250 concerts et écoulé environ 10 000 Boites à Musique. C’était un petit objet que les gens aimaient bien prendre chez eux, et ça nous a aidé. L’aventure a continué, on a eu plus de gens qui nous ont soutenu et entouré pour faire avancer ce truc là. Aujourd’hui on a plus d’énergie à bosser sur ce projet mais la vision reste la même. On va dire que le but est de raconter des histoires, à mi chemin entre la chanson d’hier et celle d’aujourd’hui, avec beaucoup de croisement parce que je suis moi-même au croisement de beaucoup d‘influences. Je suis entre ce qu’écoutaient mes parents donc Bourvil, Brassens sans grande surprise, mais en même temps j’ai grandi avec Oxmo Puccino et toute cette vague un peu plus urbaine, dirons nous.

AR : Justement les références à Brassens etc reviennent beaucoup quand les médias parlent de toi. Tu le confirmes d’ailleurs toi-même. Tu ne t’ai jamais dit que tu prenais le risque de rentrer dans un moule, ou tout du moins dans un style très facilement identifiable et référençable ?

B : Tu ne peux rien y faire. Les gens te classeront toujours là où ils auront envie. On m’a prêté depuis quelques années, des ressemblances avec des gens avec qui je n’ai rien à voir… Je pense que c’est le b.a-ba quand quelqu’un vient écouter ton univers. Quand quelqu'un veut rentrer dans une discussion il a envie de te dire « ha ça me fait penser à.. ». C’est pas du tout maladroit, tant mieux. Souvent quand même on me rapproche à des gens que j’aime bien, mais je crois que c’est vraiment automatique. Quand tu rencontres quelqu’un de nouveau tu cherches toujours une référence commune, même si c’est au sujet d’un pull. Après je suis plutôt heureux que l’on me rapproche à des gens comme ça, tu vois cette année on a gagné le prix Barbara, si quelque part mes chansons peuvent rappeler les émotions qui passaient par celles de Barbara eh bien tant mieux. J’ai eu la chance de gagner le gagner le concours Jacques Brel aussi il y a quelques années, parrain du prix Moustaki cette année, tu vois ce sont des gens que j’aime bien. J’ai fait énormément de premières parties de groupes scène française, ça va de Francis Cabrel à Java en passant par Tryo, Kent, Cali, Sanseverino ou Aldebert… Bref plein de gens de la scène française


Adn : En parlant d’Aldebert tu es sur son nouveau projet jeune public. Comment as-tu été contacté, comment ça s’est passé ?

B : On se situait déjà sur son projet numéro 1 (Enfantillages) mais on ne se connaissait pas plus que ça, c’est quelqu’un qui a plus de bouteille que nous il est là depuis longtemps. Et on s’est rencontrés au ski en fait, sur le festival de la chanson française de Risoul. Je suis devenu un peu un habitué du festival j’y vais tous les ans, et cette année Aldebert était sur la programmation. On a bien accroché on a fait quelques pistes ensemble et puis il nous a proposé cette petite rencontre donc moi j’ai accepté. Moi aussi j’ai un projet jeune public, qui est peut être un peu plus lunaire et flippant qui s’appelle Tourne Pouce, mais Aldebert est un mec simple et sain donc ça fait du bien de travailler avec des gens comme lui.

Adn : J’ai connu Aldebert avant de te connaitre toi, et en écoutant tes albums j’ai retrouvé des points communs dans les jeux de mots, des histoires d’amour ou pas, notamment par rapport à Enfantillage

B : Je pense que l’on est assez nombreux a avoir un bon syndrome de Peter Pan, c’est un peu l’école des Souchon ça on a tous un petit truc à un moment qui nous replonge à une époque de nostalgie. Ce sont de belles chansons donc ça nourrit de belles pages. Après oui j’ai un répertoire parfois cynique donc j’essaye de faire des chansons qui sont le reflet de la vie, pour ce qui est de mon parcours personnel, à l’âge que j’ai on vit des émotions à la fois solaires et d’autres plus pluvieuses… J’aime les chansons grinçantes, j’aimais beaucoup Coluche pour ça, j’aime l’idée qu’on peut mettre des mots sur tout. J’ai une chanson qui parle de suicide parce que je pense qu’il vaut mieux mettre des mots qu’une corde autour du cou, j’ai une chanson qui parle de la mort qui s’appelle « Salope » sur le dernier album, on a fait chanter les familles pour le clip. J’ai mis en scène mon propre enterrement donc c’est effectivement un peu grinçant. Après j’ai des chansons très légères, qui tirent leur simplicité des petits matins ensoleillés. C’est peut être le succès d’une chansons comme « ma douce » qui était rentrée en radio, je pense que c’est la simplicité d’approche qui touche la sensibilité des gens, et tant mieux. J’ai des chansons plus complexes, bref ce qui m’interesse est de mettre du relief. En montagne pour apprécier les sommets il faut apprécier passer en vallée des fois. Et c’est l’idée de ce projet et cet album, on réussit faire à la fois des festivals festifs comme ici, et parfois des plus intimistes dans des petites salles. Et parfois on retourne le bout d’un trottoir parce que ça nous donne bien envie de jouer devant les 200 personnes qui sont là, et le week end d’après tu es face à 5 ou 6000. Ce sont des ascenseurs émotionnels que j’aime bien prendre !

AR : Parlons un peu de tes morceaux. Dans la chanson « De ci de Là » tu dis « je suis au regret de t’annoncer que nous allons nous quitter ». Est-ce que par ça c’est un clin d’œil très ouvert à Gainsbourg (« Je suis au regret / De te dire que je m’en vais ») ou pas du tout ?

B : Euh ... c’est une référence inconsciente. Je situe bien la chanson dont tu me parles mais après c’est comme si j’avais mis « je t’aime » dans une chanson et que tu me demandais si c’est une référence à Cabrel.

AR : Oui enfin disons que là c’est une vraie formule que l’on a beaucoup écouté et que l’on attribue facilement à Gainsbourg tu vois ?

B : Oui oui, c’est sans doute des réminiscences inconscientes … Ce n’était pas voulu, ce n’était pas un clin d’œil mais tu peux le prendre comme tel, ça me va très bien en fait ! Je trouve assez magique car tout le monde se réapproprie les chansons et y voit ce qu’il a envie d’y voir. Mais je t’assure que sur le moment je n’y ai pas pensé, après effectivement quand tu me le dis tel quel … oui.

AR : Il y a aussi dans la chanson « ma douce » quand tu parles des petits seins, je ne suis pas la seule à avoir pensé à Souchon par exemple

B : Oui ! Ça c’est beaucoup moins inconscient par contre, oui oui oui. C’était même clairement un clin d’œil que j’aime bien. Il y avait une expression que j’aime bien sur « mademoiselle » qui est « mademoiselle chante le blues » donc par rapport à Patricia Kaas. Pourtant ce n’est pas l’univers qui me nourrit le plus mais j’aimais la formule. Qu’est ce que j’ai comme vrai clin d’œil ? J’en ai pas mal, mais c’est souvent à des gens « moins connus ». Après c’est aussi compliqué d’arriver avec des trucs complètement neufs. Moi j’ai tout un petit répertoire de mots que l’on n’entend pas souvent, mais la chanson française a un patrimoine tellement large, avec des artistes que l’on n’entend plus aujourd’hui…

AR : Encore un petit truc tordu sur les mots : dans « T’es belle », tu dis « ce charabia sur mes cahiers », le titre de l’album c’est Charabia … Est-ce que du coup « charabia » est une tournure pour parler d’amour ? En gros est ce que l’album est un album d’amour ?




B : Mais tout est un message d’amour à chaque fois de toute façon ! Même une violence faite est une demande d’amour. Maladroite mais bon, ça renvoie à nos contextes sociétaux, pourquoi est ce qu’on brûle des voitures, pourquoi la jeunesse est fâchée, … c’est une demande de reconnaissance et d’amour. Moi j’ai appelé cet album Charabia parce que quand j’étais petit on m’a trop souvent demandé d’arrêter ça. C’est assez rigolo de voir que des années plus tard, toute ma trajectoire –et aujourd’hui elle prend une petite ampleur parce que ça fait vivre neuf personnes et que l’on est une petite famille à être autour de ça- est venue des mots finalement. On me demandait d’arrêter de balancer comme ça à tout va quand j’étais plus jeune, donc c’est un pied de nez. J’ai toujours aimé taquiner comme ça, c’est une douce vengeance. Après si on parle de « T’es belle », ce n’était pas une chanson qui était censée cibler sur une fille, c’était une chanson sur l’inspiration. C’est comme « Salope », on me dit souvent « t’es pas sympa pour la demoiselle » mais en fait c’est une chanson sur la douleur. C’est ce que l’on disait, les gens projettent leurs degrés de lecture donc c’est à moi d’expliquer sur scène.

AR : Et surtout les gens retiennent des mots qui illustrent, et donc ça peut tout changer.

B : Oui exact. Tu vois « Salope » ce n’est pas poli au premier abord mais pourtant c’est une des chansons que le public retient le mieux. On la porte avec beaucoup de légèreté dans l’album, on demande aux enfants de chanter « escalope » aux refrains et ça marche… pas tellement (rire) mais ils s’en donnent à cœur joie. Au final c’est une chanson qui est attendue, et de toute façon je suis contre la vulgarité gratuite. Par contre, et là je suis plus un enfant de Brassens ou de Coluche, les mots sont dans le dictionnaire quoi. Quand tu parles de la mort, parler d’une saloperie ça renvoie à la lâcheté, à quelque chose d’injuste. A partir du moment où les gens comprennent ça ils opèrent leur inversement et tout va bien. Chanter « Salope » tous ensemble sur scène ce serait déjà une belle ouverture tu vois ?

AR : Les gens reprennent quand même facilement tes chansons de toute façon

B : Oui oui et tu vois par exemple, quand je vais à un concert j’aime participer. J’aime beaucoup le cirque pour ça, j’aime ces écoles là où à un moment tu fais partie prenantes du spectacle. Ce n’est pas une démonstration où tu es seul pendant une heure et demie, le but c’est qu’il ait interaction. Et parfois, c’est un peu le jeu des aimants c'est-à-dire que quand tu défais le nœud dans la foule et qu’ils commencent à se lâcher, ça défait aussi les nœuds d’anxiété chez nous et au bout d’un moment tout est super naturel.

AR : Justement en parlant du live, est ce que tu as composé l’album avec en tête l’idée d’en faire quelque chose d’autre sur scène ?

B : Je ne me pose pas vraiment la question, ce sont deux exercices différents. Un album ça s’écoute … si je conçois ma façon d’écouter la musique, moi, c’est quand je suis chez moi je fais des travaux, je fais la cuisine. Si je conduis j’écoute de la musique, si je vais marcher j’écoute de la musique. Alors qu’une scène ça se partage, ça se vibre, il y a quelque chose de visuel que tu n’auras pas dans l’album. Moi je fais le choix un peu spontanément de faire des orchestrations un peu différentes parce que c’est un luxe que tu peux avoir en studio, et que je n’ai pas envie de m’en priver. Et puis tu sais il y a des chansons qui sont sur l’album que l’on n’a pas envie de défendre sur scène parce que ce sont des jolies chansons d’albums et que je les trouve bien dans cet équilibre là. Sur scène, toutes les chansons n’offrent pas une interaction suffisante et intéressante. Et inversement, il y a des chansons de scène qui n’ont pas leur place sur un album. Ce sont deux exercices différents, mais c’est vrai que c’est assez génialissime quand tu réussis a avoir cet équilibre faisant que tu as un album à la fois dans l’écoute, mais à la fois super scénique. Il y a des gens comme ça qui ont ce pouvoir là comme Thomas Fersen ou d’autres, où je vois une vraie cohérence entre ce que je vois sur scène et l’album. Pour l’instant nous, c’est un écart que l’on visera peut être à réduire, mais je suis plutôt partisan pour ne pas être dans une récitation de ce que tu as écouté en disque.




Adn : Vu que l’on parlait de disque, quel est le dernier disque que tu as acheté ? Ou dernier coup de cœur ?

B : En ce moment j’aime beaucoup Patrick Watson, c’est très évaporé et très poétique. J’ai aussi eu un petit coup de cœur pour Ours, sur scène, j’ai été très très surpris de ce que j’ai vu. Avec les singles j’avais une idée plutôt calme, et au final c’est quand même assez rythmique. J’aime aussi parce que ça ne brosse pas dans le sens du poil, c’est un projet qui est exigeant. J’aime bien le dernier Oxmo Puccino aussi, c’est très beau. The Taller Man on Earth, c’est magnifique aussi, très acoustique.

Adn : On va finir léger avec un portrait chinois. Si tu étais un animal ?

B : Je serais un pingouin, ou un manchot. Parce qu’ils me font hurler de rire. Ca me fait rire ces animaux qui tombent sur le cul et qui ne peuvent pas se relever, qui glissent dans une naiveté absolument déconcertante et qui font ça en groupe ! (rire) Je trouve ça fantastique.

Un plat ?

B : Je serais les clafoutis de ma grand-mère, les clafoutis aux ceries de mamie Maria. J’y trouvais toute la poésie de l’enfance et c’était assez fantastique.

Une ville ?

B : J’irais chercher des petits patelins en montagne, des trucs assez excentrés. Après dans les belles villes, j’ai une petite tendresse pour Montpellier, Lille, car il y a une vie culturelle intéressante.

Un film ?

B : Difficile d’en donner un … Pas facile. « Le château de ma mère ».

Une chanson ? Une seule !

B : « Les Valses d’Augustine » du Château de ma mère. … Mais bon il n’y a pas que celle là !! (rire) Disons « Ma petite chanson » de Bourvil aussi.

Adn : Et est ce que tu aurais une blague à nous raconter ?

B : Monsieur et Madame PaineFlamme ont une fille dyslexique, comment s’appelle-t-elle ?

Katie.



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Crédit Photo : Liza Roze
Site Officiel : Barcella.fr
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