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Interview Nevchehirlian


Laura, le 09/11/2009
Nous sommes le vendredi 30 octobre. J'ai rendez-vous avec Frédéric Nevchehirlian, le leader du groupe Nevchehirlian. A la sortie du métro Pigalle, je reconnais instantanément ce grand marseillais peu chevelu. Nous nous mettons aussitôt en quête d'un refuge pour fuir le fourbe froid parisien. Frédéric a la parole facile. Ca tombe bien, moi aussi.


Nevchehirlian, est-ce un projet solo ou un groupe à part entière ?

A la base, c’était un projet solo, je n’avais pas prévu de faire de groupe. Je voulais juste enregistrer les gens que j’aimais, que j’avais croisés. Mais dès qu’on s’est mis à travailler ensemble, on s’est vite rendu compte qu’on était un groupe en fait, même si c’est moi qui assume le nom, le projet et la structuration des choses. Cela dit, je laisse énormément de place à mes musiciens, dans le travail de création, surtout à Tatiana Mladenovitch (batterie, piano) et à Christophe Rodomisto (guitare).

D’où viennent tes musiciens ?

En fait, les origines de mes musiciens sont très diverses, mais ce qui nous unit, c’est vraiment le plaisir de jouer du rock. Mais c’est vrai qu’on vient tous d’horizons différents. Tatiana joue avec Bertrand Belin et a joué très longtemps dans un groupe qui s’appelle Taranta Babu. Christophe a joué avec Anaïs. Et les deux autres musiciens, Julien Lefèvre (violoncelle) et Stéphane Paulin (basse), jouaient avec moi dans notre ancien groupe Vibrion. Il y a aussi Lionel Darenne qui s’est occupé des prises sons avec Stéphane. Et c'est Jean Lamoot (Alain Bashung, Noir Desir) qui a mixé.

Il y a l’air d’y avoir une grande cohésion entre toi et tes musiciens.

Oui vraiment. On est jamais en train de s’engueuler à propos les chansons. C’est plutôt du genre « Tu préfères ça ou ça ? » ou « Faisons un duo sur ça, allez ! ». Tout le monde est très impliqué dans le résultat, peut importe qu’ils jouent ou pas. Par contre, on peut ne pas être d’accord et on le vit très bien ! Y’a une chanson sur laquelle on est vraiment pas du même avis, mais moi je persiste à vouloir la jouer comme ça, alors on la joue comme ça. Mais même s’ils ne sont pas d’accord, ils assurent grave !

C’est bien de savoir gérer les désaccords. Faites pas comme Oasis !

Oh non t’inquiète pas. Et puis moi j’ai pas de guitare à casser, j’en ai qu’une, ce serait con !

En tout cas, vous n’êtes pas des débutants dans la musique.

Eh oui ! C’est pour ça, je crois que les gens ont enfin compris, surtout avec le concert d’hier à Massy (festival des primeurs de Massy). C’était un super concert ! On a enfin trouvé l’équilibre. On a fait beaucoup de concerts l’an dernier, pendant lesquels on a vraiment pu peaufiner notre truc sur scène. Maintenant, on est fin prêts pour rendre accessible notre musique, notamment à cause des textes, qui peuvent d’abord paraître abruptes, bizarres ou incompréhensibles.


C’est ce qui fait peur au public, tu penses ?

C’est pas que ça leur fait peur. C’est juste inattendu que je déclame sur ce genre de musique.

Et Vibrion, ton ancien groupe, c’est fini ?

Non, mais quand on a commencé à enregistrer des choses en 2008, on en a pas été satisfaits, c’était plutôt éloigné de l’idée qu’on avait du groupe. Donc actuellement, on prend notre temps et on enregistrera des choses plus tard.

Quelle est la différence majeure entre Vibrion et Nevchehirlian ?

Vibrion est beaucoup plus electro, plus planant.

Pour parler de tes textes, certains emploient le terme de « slam ». Qu’en penses-tu ?

Je m’en moque du slam. D’ailleurs, le slam n’est pas un genre ! C’est une soirée de scène ouverte à la poésie. Mais je me sens très très peu concerné par tout ce qui touche au slam en général. Je trouve ça plutôt démagogique. Les gens ont catalogué ce truc et m’ont mis là-dedans alors que quand les gens écoutent ma musique, ils se disent « mais ça n’a rien à voir avec le slam qu’on connait ». Bien évidemment ! Le slam est un concours, les médias en ont fait un genre. C’est comme si tu disais « je joue du Wimbledon ». Tu joues pas du Wimbledon, tu joues du tennis.

Parle moi un peu de la chanson « Tout ». C’est un texte très fort.

C’est Ronan Chéneau qui a écrit le texte. C’est un extraordinaire auteur de théâtre. On s’est rendu compte que dans nos carnets on écrivait des choses assez similaires. Mais c’est comme si c’était moi qui l’avait écrit, c’est hallucinant.

Est-ce une chanson engagée ? On dirait que tu as la rage quand tu l’interprètes.

C’est une rage positive, non ? C’est à toi de l’interpréter en fait. « Tout ça va bien ensemble », tu en penses quoi ?

C’est comme un peu ironique.

Ca l’est, mais en même temps, ça ne l’est pas. Parce que tout ça pourrait tellement bien aller ensemble. Le conditionnel est latent. L’idée en fait, c’était de mettre les gens face à eux-même. J’ai pas l’impression que ça soit une chose courante dans la chanson actuelle. Après, cette chanson n’est pas du tout prétentieuse : dès que tu cherches à faire quelque chose, les gens te taxent de prétention. Alors voilà, dans mes textes parfois il y a des questions posées un peu difficile à comprendre, mais ça te renvoie juste à toi-même.

Penses-tu qu’on puisse changer les gens avec la musique ?

Ecoute, moi je n’ai pas vraiment de message à véhiculer, genre « ça c’est bien, ça c’est mal ». Je veux juste dire qu’à un moment donné, si tu fais des choix, il faut les assumer. Je ne veux pas faire la morale. Je décris des situations et je laisse les gens les appréhender. En cela oui, pour moi c’est un engagement. Enfin bon, j’ai écrit aussi des chansons très légères, comme « Les Filles et les Garçons »! La j’essaye de susciter le plaisir et l’évasion, comme dans « La Mer ».

A propos de « Les Filles et les Garçons », ça sonne très « Girls and Boys » de Blur.

Ah ouais ? Non, je sais pas. J’écrivais un long poème quand les paroles de cette chanson me sont venues. Ca faisait un peu comptine, j’ai bien aimé. Mais j’adore Blur. Damon Albarn est mon génie. « Girls and Boys » c’est énorme, je l’ai redécouverte cet été avec toute la discographie de Blur.

« Les Filles et les Garçons » sonne très pop. As-tu envie de continuer dans cette lignée ?

Dois-je répondre tout de suite ou ne devrait-on pas attendre le deuxième album ?

La pochette de l’album est assez particulière. Pourquoi le bassiste y porte un fusil ?

Je ne sais pas exactement. J’ai eu l’intuition que ça pourrait être bien, faire un peu mythique. En réalité, la pochette est un détournement d’une photo traditionnelle des musiciens arméniens, qui étaient à la fois musiciens et chasseurs. Ils posaient leur fusil sur le côté et prenaient leur guitare en main. Moi je trouvais ça drôle que l’un de mes musiciens garde le fusil à la main, surtout qu’il a une position assez vindicative et vengeresse ! On a voulu faire les cow-boys. A côté, on ne sait pas si les autres dorment ou sont morts. Là, c’est une allusion au « Dormeur du Val » de Rimbaud.

Cette inspiration te vient-elle de tes études littéraires ?

Non, pas spécialement. Mes sources d’inspiration principales sont la peinture et le cinéma.

Pour le côté plus visuel ?

Disons que c’est moins dangereux pour moi. Je ne suis pas dans une relation de rivalité, d’empathie ou de copiage. Ca me fait mon chemin singulier.

Pourquoi Monde nouveau Monde ancien ?

C’est le nom d’une fabuleuse tapisserie à double côté. D’un côté, le monde nouveau, de l’autre, le monde ancien.

Sur l’une des vidéos sur ton myspace, un jeune homme dit : « Ah ! Nevchehirlian c’est un mec là, avec pas de cheveux et qui joue de la gratte ! ». Mais finalement, qui est vraiment Nevchehirlian ?

Euh… (il hésite longuement). C’est très difficile comme question. Peut-être que l’interview donnera des éléments de réponse.
En savoir plus sur Nevchehirlian,
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