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Neal Casal: Du Rock à L'Existentiel


Claude, le 25/11/2011
De Neal Casal on connait à la fois peu et beaucoup. Il représente, en un sens, une figure culte de country-rock tout en ayant travaillé avec Ryan Adams, conduit un groupe de rock and roll psychédélique (Hazy Malaze), enregistré maints albums solos et, plus récemment, avoir décidé de collaborer avec Chris Robinson des Black Crowes. Il faut pourtant se méfier de ces étiquettes qui enracienent la carrière de Casal dans un schéma traditionnel. Son dernier opus solo, Sweeten The Distance, tout imprégné qu'il soit du schéma "road album" invoque des esprits qui sont à la base de tout ce à quoi un Artiste aspire : l'Inspiration et les méandres qui sont à sa source. En ce sens, son discours s'adresse à chacun d'entre nous.


Entre votre collaboration avec Ryan Adams et The Cardinals et votre propre groupe Hazy Malaze, comment situer votre carrière solo en particulier ce nouvel album ?
J'ai avant tout de la chance de pouvoir vivre de cet éclectisme. Je suis assez heureux de mes derniers efforts en solo, tout comme de travailler sur une musique de film, de jouer de la guitare pour des groupes que j'apprécie ou avec Chris Robinson avec qui je travaille désormais.

C'est assez étonnant de vous voir associé avec The Black Crowes…
Je les connais depuis plus de 10 ans. Quand je jouais avec Beachwood Sparks, nous avions ouvert plusieurs fois pour eux. J'ai alors connu et apprécié Chris et nous nous sommes toujours dits que nous pourrions, un jour, faire de la musique ensemble. Au début des années 90, c'était un groupe qui avait une image assez cool. Je me suis toujours senti inspiré par eux car ils revendiquaient cette culture de la musique qui nous avait précédés. Ensuite, une fois la connexion établie, tôt ou tard quelque chose se matérialise.


Hazy Malaze était aussi pour vous une façon de vous référer à l'Histoire.
C'est la possibilité que je m'accorde de jouer du rock and roll. Écrire un bon titre rock est une des choses les plus difficiles en soi. C'est sa simplicité qui rend l'exercice si ardu. Hazy Malaze me permet d'expérimenter à l'intérieur de ce schéma et je crois y être parvenu 2 ou 3 fois. (Rires)

En quoi est-ce si difficile ?
Quand c'est du « guitar rock » vous êtes conscient que tout a été fait une nombre incalculable de fois. En quoi peut-on prétendre innover ?

Comment vous y prenez-vous alors ?
C'est un processus qui vous échappe totalement, un mystère. Avec Hazy Malaze, l'inspiration est venue automatiquement quand nous nous sommes mis à jouer ensemble. Il vous faut cumuler habileté technique et alchimie personnelle. C'est cette combinaison qui a fait que nous ayons tenu la route pendant 3 disques mais je ne sais pas si, un jour, nous la retrouverons. J'ai toujours eu la sensation que tout ce que j'entreprenais ne pourrait pas perdurer. Notre 3° album est, à mon sens, notre meilleur ; peu de gens l'ont entendu et l'inspiration s'est tarie. C'est en ce sens que mon inspiration me guide vers d'autres choses.

Vous avez quand même une certaine consistance...
Oui car ce sont ces mêmes musiciens qui jouent sur mes derniers albums solos. C'est curieux d'ailleurs qu'ils puissent continuer à collaborer avec moi ; toujours le même mystère (Rires) ! C'est aussi pour cela que je joue avec Ryan ou Chris ; trouver une autre raison de me sentir aiguillonné.


Quelle place ont les albums solos stricto sensu pour vous alors ?
ls sont comme une épine dorsale sans laquelle vous ne pouvez vous tenir debout. On ne peut survivre sans elle. Être dans la quête d'écrire une chanson personnelle est vital pour moi. Ça ne peut disparaître d'ailleurs dans la mesure où ils parlent de ce qui est à l'intérieur de moi, de la poursuite que l'être humain que je suis continue d'avoir. Nous avons tous notre chemin intérieur et c'est lui qui constitue l'intégralité de notre existence. Écrire permet de me situer à un certain moment de la vie, de voir si je progresse ou pas et c'est ce que représentent mes disques solos. Si ça n'était pas le cas, je ne continuerais pas en faire d'ailleurs. Au fond, c'est un voyage qui ne s'achève jamais.

Sur Sweeten The Distance il y a comme un parfum de "road album" à cet égard…
Bien sûr, il représente la route que je continue de poursuivre. Quand vous êtes dans le rock and roll, vous savez très bien que ça va et ça vient, que ça peut s'évanouir en un instant. Mais ce qui a trait à l'humain que vous êtes demeure constant. En tant qu'artiste la dimension est différente et j'avoue avoir de la chance de pouvoir jouer sur ces différents tableaux et savoir que je peux toujours revenir à cet endroit qui est mon chez moi. C'est là que je peux raconter ce qui me réjouit, me peine, m'atteint.

Donner un tel titre à un disque tout en disant que c'est une histoire sans fin n'est-il pas un moyen d'atténuer ce constat ?
Absolument. Quand nous avançons en âge, il est certaines choses qui nous paraissent de plus en plus éloignées. Nous avons une histoire, des souvenirs, des amis qui nous quittent, des situations ou des lieux qui changent. Nous nous éloignons de personnes qui sont importantes pour nous, la mélancolie s'empare de nous et nous cherchons une petite chose qui nous permettrait de rendre plus douce la distance.

Cet album est assez doux amer en effet.
Vous savez,j'ai passé le cap de la quarantaine, je ne peux pas me comporter comme quand j'avais 20 ans. J'espère évoluer vers un peu plus d'humanité envers les gens qui comptent pour moi et aussi plus de conscience des moments spéciaux que nous traversons quand ils se produisent. Quand je parle d'adoucir la distance entre moi et l'autre, c'est aussi une façon de considérer que celle-ci est longue.

Ça n'est pas qu'un message personnel alors.
C'est comme une chanson d'amour dirigée vers le monde une chose que je dis à quiconque se sent éloigné de ses proches : la vie est si difficile de nos jours. Même quand les circonstances semblent idéales, nous souffrons tous à un degré ou à un autre. Alors si la moindre petite chose peut permettre d'atténuer l'affliction, il faut s'en saisir.


Toutes ne sont pas des chansons d'amour (Rires).
Non, en effet ! "Time And Trouble" est, par exemple, très tendu. Il y a un thème général certes, mais les humeurs y sont très diverses. Pour moi, le concept de chanson d'amour ne doit pas être pris au sens traditionnel mais dans une dimension plus générale. Je progresse tout au long de Sweeten The Distance tout comme j'ai progressé au long de mon existence. Je crois que, comme tout un chacun, nous avons tendance à être dans une démarche de conflit quand nous sommes jeunes. Aujourd'hui, comme beaucoup, je me dis : "Je n'aimerais pas avoir 20 ans à nouveau."

Moi, je n'en suis pas certain (Rires).
D'accord mais à condition de savoir ce que l'on sait aujourd'hui ! (Rires)


La pochette - une pyramide avec un oeil, la mer - semble véhiculer une certaine symbolique. On pense d'abord aux Francs-Maçons… (Rires)
Je n'étais pas très certain de cette image, surtout associée aux Francs-Maçons. Je dois même dire qu'elle m'inquiétait. L'imagerie de l'océan est par contre très réelle pour moi. Il y a deux ans, j'ai déménagé en Californie du Sud, à Ventura au bord de la mer. Je surfe beaucoup. C'est une chose que j'avais toujours voulu faire et je passe énormément de temps dans l'eau. Cela m'a beaucoup inspiré pour ce disque. Je voulais qu'il sonne comme ce bord de mer où je réside désormais. L'idée de l'Eau m'est personnelle, la pyramide et les Francs-Maçons c'est plutôt l'artiste qui a ajouté sa vision, et c'est une réalité à laquelle je n'adhère pas totalement. (Rires)

En fait la première idée qui m'était venue était plutôt celle d'une référence à l'Égypte, les anciens dieux, la mythologie et, si on y ajoute la Mer, tout ce qui a trait à l'Inconscient collectif jungien.
Si vous faites cette connexion, elle est très judicieuse. Ce sont des concepts que j'étudie et je vois d'ailleurs une thérapeute qui se réclame de Jung. Je garde un journal de mes rêves, lui en parle mais c'est aussi une source d'inspiration.

Vous étayez ces références comment?
Je lis beaucoup, des livres de Joseph Campbell par exemple. Depuis trois ou quatre ans ça a été un adjuvant essentiel. J'aime ce type d'idées mais je n'y pense jamais délibérément. Je crois que je m'arrête au symbolisme des choses, l'Océan par exemple, mais sans intellectualiser.

Il y a une exposition sur ses Carnets Rouges en ce moment à Paris…
Dire que je ne pourrai pas y aller! Qu'en pensez-vous?

Eh bien ça dépasse un peu le cadre de l'interview. (Rires)
C'est quelque chose qui résonne immensément en moi que cette part de subliminal qui est au cœur de toute création. C'est ainsi que vous parvenez à articuler ce qui se passe à un niveau qui vous échappe. J'adore ce moment qui va être déclencheur de créativité, cette rapidité.

Cela éveille quoi en vous ?
L'idée que vous entrez dans une relation avec chaque partie qui compose votre être. Cela remet les choses à leur juste perspective. Ce qui est sidérant est la soudaineté de la prise de conscience.

Où cela se manifeste-t-il dans ce disque ?
Il y a ce morceau, "White Fence Round House". Je ne trouvais pas de titre qui pouvait s'ajuster au texte de cette chanson. J'ai cet ami à San Diego et je vais souvent surfer avec lui. Mais c'est un endroit un peu dangereux pour moi. Il y a deux balises qui vous encadrent, une haie blanche (white fence) et une maison ronde. Je m'y suis presque noyé et j'ai eu très peur. Je traversais aussi une mauvaise période, j'étais en train de changer de vie. J'étais à ce stade de la Révélation qui vous tombe dessus. Après cet incident, je suis rentré chez moi et, tout de suite après, j'ai pris ma guitare et cette chanson est sortie instantanément comme si un trop plein se devait de surgir. Quand vous avez peur, vos sens sont affûtés d'une façon particulière. Le titre est, à cet égard, un repère géographique qui ne fait qu'exemplifier une expérience. C'est, je crois, l'essence de l'inspiration que de procéder par association d'idées sans chercher véritablement de signification à telle ou telle histoire. Les chansons se situent toujours entre les notes, vous savez et c'est cela qui m'intéresse. Ce qui est sous l'eau, dans l'inconscient…

Vos textes emploient alors cette technique…
Absolument. Même si je suis issu de la tradition country-rock du "road song", j'utilise de plus en plus la méthode du courant de conscience ou de l'écriture automatique. Je remplis et remplis des pages, ensuite je prends ma guitare, regarde rapidement certaines pages et vois tout de suite ce qui me parle. Ce que vous laissez de côté ne représente alors que ce qui ne vous était pas foncièrement nécessaire.

www.nealcasal.com
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