Agnès Obel
Aventine
Produit par
1- Chord Left / 2- Fuel To Fire / 3- Dorian / 4- Aventine / 5- Run Cried The Crawling / 6- Tokka / 7- The Curse / 8- Pass Them By / 9- Words Are Dead / 10- Fivefold / 11- Smoke & Mirrors
Dans cette course au temps, submergé par les publicités, par le déferlement des tweets et des statuts FB, abruti par le fond sonore des boutiques ou envahi par les horribles sonneries des portables, qu'il est bon de faire une pause salvatrice avec la brillante Agnès Obel et son second album Aventine. Dernière composition de la danoise, Aventine est une belle réussite avec ces onze titres mêlant piano, violon et violoncelle. Mélancolie et rêverie sont au programme de ce bijou classique. Cette précieuse production est saluée unanimement, tant celle-ci est au niveau de son premier opus Philharmonics.
Musicienne compositrice interprète, Agnès Obel a démarré sa carrière solo en 2009. En 2010, elle enchaine les concerts pendant deux ans pour la promotion de son premier album Philharmonics. Remportant plusieurs prix aux Danish Music Awards en 2011 (meilleur album, meilleur auteur compositrice, meilleure interprète), il y a fort à parier qu'Aventine rencontre le même succès.
Berlinoise d'adoption, Agnès Obel a enregistré cette perle dans son appartement dans les conditions les plus sobres, et cela s'entend. Se limitant au piano, au violon et au violoncelle, c'est avec délice qu'on se plonge dans cet album épuré, où la maîtrise de la musique (elle a fait des études classiques) est au service de sa voix et de sa créativité. Accompagnée par Anne Muller aux cordes, Agnès Obel impose son style inspiré de Debussy, Ravel, ou d'Erik Satie ("Tokka") et signe un album intemporel. Sans recours aux technologies électroniques, c’est une œuvre pour audiophile qui va rester un classique.
C’est le titre "Chord Left", un solo au piano, qui introduit avec grâce les morceaux mélancoliques d’Aventine. On retrouve avec plaisir la voix d’Agnès Obel sur le sensible et délicat "Fuel to fire" qui annonce la couleur de l’ensemble de l’album : mélancolie et profondeur. Cette Anna Calvi du classique ("Run cried the crawling"), qui marie sa voix sublime et envoutante à des notes pures et travaillées, frôle le style folk avec "Dorian", plus léger, embelli par de jolis chœurs. Des petits interludes, tels que "Tokka" ou " Fivefold" comme des respirations au sein de l’album, nous plonge dans un lointain voyage. On pense à la délicatesse de Stina Nordenstam et à la sensibilité de Lana Del Rey.
Sur le titre "Aventine", la scandinave approfondie sa technique musicale, travaillant avec le col legno (technique qui consiste à frapper avec les cordes avec le bois de l'archet) mais aussi avec les silences, qui mettent en valeur la profondeur des ses mélodies. La suite est riche en frissons avec "The Curse", qui laisse vagabonder notre esprit. La voix d’Agnès Obel résonne et nous laisse transi d’amour. Malgré un "Pass them by" décevant -sorte de ballade un peu répétitive-, elle se rattrape avec le sublime "Words are dead". Magicienne, la danoise a réussi un miracle aux mélodies à la pureté originelle, qui traverseront sans aucun doute les décennies.
Laissez-vous hypnotiser par Aventine, un album intimiste et superbe, déjà un classique. Même si elle est timide sur scène, actionnez vos réseaux (c'est complet) et courez applaudir Agnès Obel à Roubaix le 30 novembre 2013 au Musée de la Piscine, dans ce havre de paix et dans des conditions exceptionnelles d'écoute ou alors au Trianon le 2 et 4 décembre 2013.