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Critique d'album

Archive


Londinium


(23/09/1996 - Island Records - Trip hop / progressif - Genre : Rock)
Produit par Archive, Pete Barraclough

1- Old Artist / 2- All Time / 3- So Few Words / 4- Headspace / 5- Darkroom / 6- Londinium / 7- Man-Made / 8- Nothing Else / 9- Skyscraper / 10- Parvaneh (Butterfly) / 11- Beautiful World / 12- Organ Song / 13- Last Five
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"D'une brillante obscurité, Archive signe un premier album subtil et élégant au style unique dans sa discographie"
Julien, le 24/10/2019
( mots)

Cette année 2019 marque les 25 ans de carrière des Anglais d’Archive. Pour fêter cet anniversaire les londoniens ont sorti une compilation (42 titres dont 6 inédits répartis sur 6 vinyles !) sobrement intitulé 25. Un best-of défendu actuellement en tournée dans toute l’Europe avec, comme souvent, une place importante laissée à la France qui bénéficie d’un peu plus d’une vingtaine de dates sur son territoire. D’ailleurs les performances live de Darius Keeler et sa bande sont des instants assez uniques de magie : le son est travaillé de sorte que toutes les subtilités de leur musique sont amplifiées avec le soutien du trio rythmique guitare, basse, batterie placé en fond de scène qui abat un travail colossal tout au long du show. Les créations de lumières, qui habillent l’ensemble au gré des ambiances sonores, sont splendides et le jeu de ces dernières vient magnifier -si tant est que ce soit nécessaire- les performances vocales de Polard Berrier ou Holly Martin. 


Refermons la parenthèse du présent pour faire un retour dans le temps, bien loin des albums Lights et autres Controlling Crowds qui ont valu à Archive une distinction française, celle de “nouveaux Pink Floyd du XXIème siècle” (certes flatteur mais qui se trouve être en réalité plus un raccourci permettant le formatage d’un groupe pour qu’il rentre dans une boîte prête à être livrée à l’auditorat avec un beau ruban). 


Nous sommes donc en 1996, deux ans après avoir sortis quelques singles sous leur propre label, Archive signe chez Islandset s’apprête à livrer son premier album studio affublé du nom romain de La Ville Monde : Londinium. Si le line-up du groupe a beaucoup évolué changeant allègrement les chanteurs au gré des sortis studio, celui du premier album est officiellement composé de quatre membres : Darius Keeler et Dany Griffiths, les deux architectes fondateurs -toujours en activité- de Archive pour la composition instrumentale sont accompagnés par la chanteuse Roya Arab, qui quittera le groupe peu de temps après la parution de Londinium, et de Rosko John, le rappeur britannique partant lui aussi vers d’autres horizons dans le même temps que sa comparse, avant d’effectuer un retour aussi furtif que succin le temps de quelques titres sur Controlling Crowds en 2008.   


Londinium est un pur album de trip-hop sortant peu après que le style ait été apprivoisé, avec succès, par ses grands frères que sont : Dummy de Portishead ou Protection de Massive Attack. Par trip-hop comprenez la fusion du hip-hop et de l’électro réunis dans un tout où ni l’un ni l’autre ne doivent être pris de manière exhaustive mais comme un ensemble ouvert sur le champ des possibles au travers des variétés de styles qui lui seront incorporées qu’elles soient Soul, Dub ou Jazz. Archive fera le choix de l’agrémenter avec des sonorités empruntées au Classique embellissant ses compositions par des passages joués à la flûte et surtout au violon. Ce dernier insuffle vie et âme aux différentes chansons instrumentales qu’on retrouve dans l’album se payant le luxe d’être la voix de la magnifique ouverture qu’est “Old Artist”, nageant au-dessus des nappes de synthés avant de se faire balayer par une rythmique écrasante, imposant la place qui lui est due. L’empreinte laissée par l’instrument à corde sait être mélancolique et emplie de tristesse dans la légère “Organ Song”, tout comme il peut apporter du réconfort dans l’oppression délicieusement et délicatement obscure laissée par la rythmique de “Man-Made”. Les deux chanteurs se partagent le reste des titres entre duo et titres interprétés à une seule voix. 


Rosko John distille un rap somme toute classique, mais ô combien efficace et rythmiquement tellement juste. Légèrement en retrait, sans jamais trop en faire, son flow apporte l’énergie nécessaire qui nous maintient en éveil quand le fond musical aérien appelle à l’évasion et au lâché prise. Cette alliance trouve son point culminant dans “Beautiful World”, démarrant par une rythmique seule où vient se greffer le texte du rappeur londonien dans la plus pure tradition du hip-hop américain avant de laisser place aux vagues de synthés et la douce mélodie de quelques notes de piano posées avec parcimonie. Le morceau générant un mélange des genres des plus cohérent. 


La chanteuse Roya Arab fait preuve d’un éventail vocal tout aussi impressionnant que les sensations qu’elle transmet ; à la fois fragile, touchante et sensuelle : émotions garanties !  La meilleure illustration se trouvant dans le single “Nothing Else”. Un début intimiste au piano/voix, avant une plongée dans un lieu angoissant au possible. La chanteuse d’origine iranienne nous guide dans les ténèbres avant que sa puissance vocale, aidée par les sons électroniques, ne dissipe le brouillard noir qui nous entourait jusqu’alors. Une chanson accompagnée d’un magnifique texte dépeignant la société de consommation, l’irrationnelle quête d’argent qu’elle suscite, le fossé des inégalités dans une recherche de paix de l’âme et des plaisirs simples. 


Leaflets scatter around to advertise, sell out. A swamp in it hands stretched out to catch a passing dime. Donations to the rich widenend. Pavements for the poor. But we’ve got to reach… A place where the feast never ends. A moment when the music celebrates. And a time where darkness belongs to night skies and nothing else.
(Les brochures s’éparpillent pour faire leur publicité, pour vendre. Dans un marécage, des mains sont tendues prêtes à attraper la moindre petite pièce. Les donations aux riches s’étendent. Trottoirs pour les pauvres. Mais il nous faut atteindre… un endroit où le festin est permanent. Un moment où la musique est en fête. Et une époque où l’obscurité n’appartient qu’au ciel nocturne et à rien d’autre. ”)


Les deux chanteurs cohabitent à merveille sur plusieurs titres, que ce soit la clôture acoustique “Last Five”, “So Few Words”. C’est aussi le cas sur “Darkroom” où les angoisses et le combat contre les instants sombres, vécus au travers des paroles de Rosco John, font reflet au positivisme de façade de Roya Arab qui cherche à cacher ses peurs et sortir telle la lumière de l’obscurité environnante.


Tout cet éclectisme musical trouve son sommet dans la chanson éponyme “Londinium”. Le morceau démarre dans la légèreté des arpèges acoustique, pour suivre la douce mélodie quasi murmurée par la chanteuse, enlacée par un solo enchanteur joué au violon. Vient ensuite un long couplet au rap fluide et harmonieux placé avec l’urgence nécessaire pour se débattre de la lente et intense lourdeur rythmique qui l’accompagne. Le titre s’achève dans un mélodrame savoureux de sons électroniques dont la montée en puissance similaire à la pale lumière du matin qui doucement vient déchirer la noirceur du ciel nocturne.   


En amont des sons post-rock qu’on leur connait, Archive signe un premier album singulier. Londinium est un disque intimiste, d’une obscurité onirique, sublimé par le talent de composition des deux architectes du groupe et par les performances vocales des chanteurs qui l’accompagne; chacun dans un style très distinct de l’autre mais se mariant superbement tout au long des 13 titres. Si l’on peut regretter le départ de ces deux performeurs, ils seront par la suite remplacés par d’autres -tout aussi talentueux- qui conviendront aux registres et aux évolutions sonores à venir du groupe Britannique. Archive pose ici de solides fondations sur lesquels ils bâtiront leur carrière dans un style trip-hop finalement à part et unique dans sa discographie. 


 

Commentaires
DeCad, le 25/06/2023 à 13:32
Entièrement d'accord avec l'article, un disque magique, unique, indemodable. A posséder absolument, et encore meilleur en vinyle.
DAG, le 11/06/2023 à 12:36
Culte, un chef d'œuvre et l'album le plus puissant de cette année 1996
Sly, le 08/02/2023 à 10:58
A Master pièce !!!
Kaktus, le 18/07/2021 à 14:08
Cet album est pour moi un, voir LE sommet du Trip Hop. Et dire que je ne l'avais pas apprécié aux premières écoutes tellement j'étais sous l'influence de Portished...
M., le 30/10/2019 à 06:29
Agree :)
domureg, le 11/07/2017 à 18:27
chef d’œuvre.