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Critique d'album

Gorillaz


Humanz


(28/04/2017 - Parlophone / Warner Bros. - hip hop virtuel - Genre : Autres)
Produit par Gorillaz / The Twilite Tone / Remi Kabaka (Jr.) / Fraser T Smith

1- Intro: I Switched My Robot Off / 2- Ascension (featuring Vince Staples) / 3- Strobelite (featuring Peven Everett) / 4- Saturnz Barz (featuring Popcaan) / 5- Momentz (featuring De La Soul) / 6- Interlude: The Non-Conformist Oath / 7- Submission (featuring Danny Brown and Kelela) / 8- Charger (featuring Grace Jones) / 9- Interlude: Elevator Going Up / 10- Andromeda (featuring D.R.A.M.) / 11- Busted and Blue / 12- Interlude: Talk Radio / 13- Carnival (featuring Anthony Hamilton) / 14- Let Me Out (featuring Mavis Staples and Pusha T) / 15- Interlude: Penthouse / 16- Sex Murder Party (featuring Jamie Principle and Zebra Katz) / 17- She's My Collar (featuring Kali Uchis) / 18- Interlude: The Elephant / 19- Hallelujah Money (featuring Benjamin Clementine) / 20- We Got the Power (featuring Jehnny Beth) / 21- Interlude: New World (Bonus Track) / 22- The Apprentice (featuring Rag'n'Bone Man, Zebra Katz and Ray BLK) (Bonus Tr / 23- Halfway to the Halfway House (featuring Peven Everett) (Bonus Track) / 24- Out of Body (featuring Kilo Kish, Zebra Katz and Imani Vonshà) (Bonus Track / 25- Ticker Tape (featuring Carly Simon and Kali Uchis) (Bonus Track) / 26- Circle of Friendz (featuring Brandon Markell Holmes) (Bonus Track)
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Entre fiction et humanité"
Antonia, le 01/05/2017
( mots)

Le Brexit aura finalement atteint jusqu’aux strates du monde musical. Preuve en est le tout nouvel album de Gorillaz, Humanz, qui, soucieux de rivaliser avec les extraordinaires productions de R’n’B et de hip hop américain, abandonne sa singularité made in England. Et si c’était la fin du Gorillaz qu’on avait connu ?


 


Projet musical, visuel et virtuel créé par Damon Albarn et Jamie Hewlett en 1998, Gorillaz se compose de quatre membres fictifs : 2D, Noodle, Murdoc et Russel. Le groupe sortira en tout quatre albums dont l’incroyable, hypnotique, majestueux Demon Days en 2005 qui n’est plus à présenter. Depuis l’anecdotique The Fall sorti en 2010, nous étions sans nouvelles du groupe, Damon Albarn étant plus préoccupé par l’écriture de son album solo ou plus récemment de The Magic Whip avec Blur. Mais depuis l’année dernière ça s’agite sur la toile : Gorillaz serait de retour en studio avec du beau-monde, mais chut, c’est top secret, et de toute façon personne ne semble avoir beaucoup plus d’informations sur le sujet.


On les aurait presque oubliés si le 19 janvier dernier, suite à l’investiture de Donald Trump aux Etats-Unis (détail non-négligeable) ne sortait pas "Hallelujah Money" mené par la voix si remarquable de Benjamin Clementine. Le morceau apportait dans un souffle politique un peu de douceur dans un monde devenu soudain brutal et annonçait officiellement le retour du groupe. Le cauchemar que s’était créé Albarn en 2016 en s’imaginant un monde où Trump serait élu était devenu réalité et Humanz, plus que jamais, a alors pris forme. S’en suivirent dans le désordre l’annonce du Demon Dayz Festival, quatre autres titres ("Saturnz Barnz", "Ascension", "Andromeda" et "We Got The Power" grâce auxquels un thème spatial prenait forme) et même une série télévisée. Le doute n’était alors plus permis : Gorillaz était bien de retour.


Leur nouvel album, Humanz, est finalement sorti le 28 avril et c’est un sacré mastodonte puisqu’il comporte pas moins de vingt-et-un morceaux (vingt-six dans la version Deluxe) dont une intro et cinq interludes avec sur la quasi-totalité d’entre eux un invité de marque, qu’il s’agisse de Vince Staples, Popcaan, Grace Jones, Mavis Staples ou encore le rappeur Pusha T. Le Saint-Graal en ma possession, c’est fébrile que j’enclenche le bouton play de mon lecteur et, tremblante, je me mets à religieusement écouter ce nouveau Gorillaz avec le fol espoir qu’il sera à la hauteur de mes espérances. Autant vous le dire maintenant pour ne pas m’épancher par la suite : c’est complètement raté.


Mais parlons un peu de l’album en lui-même, de ce qu’il apporte, ce qu’il contient. Il commence par le message  “I switched my robot off…” projetant tout de suite Humanz dans la continuité de l’album solo d’Albarn qui s’appelait... Everyday Robot. Narrée par Ben Mendelsohn, qui reviendra user de sa voix graveleuse un peu plus tard sur certains interludes, l’intro annonce la couleur avant d’entrer au coeur de l’oeuvre. LES couleurs même, car aux premières notes Humanz est pop, acidulé, aux voix joyeuses et aux synthés fous. Ne vous fiez pas à ces petits mots sympathiques : la première écoute d’"Ascension" me fut particulièrement détestable. C’était donc ça ce qu’avait à m’offrir Gorillaz ? Des petits gars West Coast qu’on entendait sur toutes les radios possibles et imaginables ? Et pourtant ça sentait le tube en puissance, celui qu’on se farcira tout l’été. Totalement décontenancée j’ai continué sur ma lancée, priant pour que le reste de l’album ne ressemble en rien à ce premier morceau et heureusement "Strobelite" a rapidement apaisé mon envie de foutre le feu à mes rideaux. Toujours aucune trace du Gorillaz d’antan, mais une chanson pétillante, fraîche et à la ligne de basse efficace. Elle a également ceci de fascinant qu’elle rend tout de suite accro : son gimmick fonctionne du feu de Dieu et on se retrouvera à la réécouter encore et encore simplement pour ce refrain enjoué porté par la bonne humeur de Peven Everett.


"Saturnz Barnz" apporte un peu plus de sérieux dans ce débacle de gaieté. Popcaan et Albarn usent d’une valse vocale hypnagogique dans un titre lourd, pesant, puissant. Au même titre que "Submission", dont la voix de Kelela rappelle un peu celle de Romy Madley Croft des xx, c’est la mélancolie qui l’emporte. Mélancolie persistante qui ne bouleversera pas pour autant l’auditeur (ici moi), la rythmique un peu trop mécanique y étant sans doute pour quelque chose. Les sonorités, toujours légères et étincelantes, provoquent un contraste intéressant teinté de véritable tristesse. Normal lorsqu’on repense à la contrainte artistique qu’avait demandé Albarn aux différents contributeurs de son disque : “imaginez que tout ce en quoi vous croyez soit mis sans dessus dessous le temps d’une nuit.” Bien joué Damon, ça fonctionne du tonnerre.


C’est alors que démarre "Momentz" qui déglingue à peu près tout sur son passage. Notons que la prod jusqu’ici est un sans faute mais vous deviez vous en douter, après tout c’est Gorillaz, pas le groupe de votre frère dans le garage. Commençant comme un dessin animé pour enfants, le hip hop un peu crado de "Momentz" aidé par la patte folle et électro de Jean-Michel Jarre est plus que bienvenu et si les boîtes de nuit passaient des musiques de la sorte je m’y risquerai plus souvent. Dans le même genre on retrouve "Charger", où Grace Jones ne fait qu’une légère apparition - elle le dit d’ailleurs elle-même “I am the ghost”- dont on ne se prive pas. Mantra inlassablement répété, c’est un titre qui agira comme un petit syndrome de Stockholm sur ma personne. Me mettant d’abord extrêmement mal à l’aise, il me faudra le réécouter plusieurs fois pour réellement l’apprécier. S’en suit "Busted and Blue" qui est LA ballade de l’album, la seule, la vraie, celle qui met tout le monde d’accord avec la voix si accablée d’Albarn toujours un peu cachée par ce fameux filtre dont on ne se lassait déjà pas dans "Feel Good Inc." La montée des claviers synthétisés en fond sans aucune percussion et très vite rejoint par des choeurs de gospel en font un morceau profondément aérien.


Amateurs de mathématiques et autres calculs, vous ne serez pas déroutés si je vous parle d’équation cubique. Pour les autres qui ont oublié leurs cours de Terminale, le graphe d’une équation cubique se présente comme suit : la courbe monte légèrement, puis effectue une descente avant de remonter indéfiniment. Et Humanz, comme une équation cubique, rencontre un passage à vide avec le triptyque "Carnival", "Let Me Out" et "Sex Murder Party". Répétitifs, lassants, pas vraiment marquants, pur héritage du billboard américain des années 2010, ce ne sont pas les morceaux dont on se souviendra après écoute. Mais il suffit alors d’un "She’s My Collar" et la concentration afflue de nouveau vers Humanz. Dans la veine d’"Andromeda" ou "Submission", c’est une douceur comme seul Gorillaz a le secret qui emplit la pièce et les oreilles, un morceau dans la continuité des oeuvres du groupe dont on avait l’habitude depuis le début des années 2000 et ça n’est pas sans nous déplaire.


And out of the elephant trunk… Confetti” annonce absurdement l’interlude "The Elephant" avant d’enchaîner sur "Hallelujah Money", la chanson politique, la prière contre l’intolérance et le règne de l’argent. L’inégalable voix de Benjamin Clementine qui aurait pu être encore mieux exploitée s’accorde admirablement à ce fruit de l’électronica et prépare le terrain à la conclusion utopique qu’est "We Got The Power". “On a le pouvoir de s’aimer, OK ?” tonne Jenny Beth (Savages) aidée par la guitare de Noel Gallagher et les synthés de Jean-Michel Jarre. On pourrait s’en moquer si facilement, mais... elle fait vraiment du bien cette chanson, en fait. Elle est d’une allégresse et d’une consolation contre laquelle on a envie de se lover sans jamais la lâcher. L’album de Gorillaz se termine ainsi, sur une note ultra positive, catégoriquement naïve, adorablement bienveillante.


Alors oui, je l’ai dit et le répète : Humanz n’est pas à la hauteur de mes espérances. Car coincée dix ans en arrière, imbécile que je suis, j’attendais du "DARE", du "Kids With Guns", du "Clint Eastwood"… Si bien que j’en avais sous-estimé une chose élémentaire et essentielle que l'on a tendance à trop facilement oublier : la capacité de renouvellement d’un artiste. Gorillaz a décidé de construire son oeuvre avec du sang frais, avec les nouvelles voix qui font et feront la musique électro et hip-hop des prochaines décennies et pour beaucoup il méritera plusieurs écoutes. Incroyablement riche, profondément humain donc pas totalement parfait, n’aspirant qu’à fuir cette planète ou à la rendre meilleure, Humanz est un nouveau Gorillaz et que vous le vouliez ou non, ils ont réussi à prendre ce virage inattendu avec brio.

Avis de première écoute
Note de 4/5
Rarement je m'étais autant préparé à détester un album tant les extraits m'avaient laissé de marbre. Et pourtant, à l'écoute, les quelques 26 morceaux de la version Deluxe de Humanz font preuve d'une cohérence exemplaire et livrent une approche encore différente de Gorillaz. Damon Albarn et Jamie Hewlett accouchent une fois de plus d'une belle démonstration de créativité et de travail acharné. Mais soyez avertis, Humanz s'écoute sans attentes aucune. Oubliez Demon Days et autres tubes à la sauce Clint Eastwood . Alors seulement vous pourrez savourer.
Commentaires
mag_vakaloka, le 24/01/2018 à 13:33
Wow! Au début de ma lecture je me disais "mais qu'il est dur!" Mais cette conclusion est complétement ce que je pense de cette album! La première écoute était: "mouais bof... 2 chansons bien seulement" et puis j'ai réécouté "eh! celle-là est bien aussi", et puis encore "celle-là est géniale!", et encore "en fait c'est pas si mal, c'est même bien!" et puis en fait je ne fait qu'écouter cette album... car il est brillant! Mes chansons préférées : Submission et We Got The Power.
Gilith, le 21/09/2017 à 19:33
Ben écoutez si vous avez des morceaux aussi bien que "Let me Out" qui passe sur toute les radios américaines toute la journée, j'attends car là pour l'instant j'ai jamais écouter autant un morceau de Gorillaz et pourtant je suis depuis 15 ans.
GKH, le 17/07/2017 à 21:53
J'ai lu beaucoup de critiques négatives sur cet album. Souvent le titre des articles est bien plus négatif que la critique. Il n'y a pas de Dare ou de Clint Eastwood en effet! Quoique! La vrai question que j'aurais envie de poser à Damon est "A quoi sert la version normale de l'album tant la Deluxe, que je croyais la seule au moment où je l'ai acheté, est géniale?" Les 5 morceaux qui la composent ouverts par The Interlude : THE NEW WORLD sont pour moi les meilleurs de l'album. Ces morceaux ne sont pas des bonus, ce sont des perles! Alors pourquoi les enlever au profit du ventre mou décris à juste titre dans ton article?! Franchement je pige pas?! Si quelqu'un sait, je veux bien savoir! ;-)
Antonia, le 04/05/2017 à 12:01
Le souci lors de l'écriture d'une critique de cette envergure c'est de trouver son angle. Est-ce un bon album ou est-ce un bon album de Gorillaz ? Dans le premier cas, la réponse est oui. La prod est géniale, il y a des idées nouvelles à chaque morceau, et même s'il s'inscrit dans son temps et dans une mouvance plus mainstream (je le reconnais), il est objectivement bon. Dans le deuxième cas, c'est beaucoup plus compliqué. J'avais également l'espoir de retrouver ce qui faisait de Gorillaz ce qu'ils étaient : une machine à expérimentations poétique. Les premières écoutes ont été douloureuses. Mais comme dit plus haut ça reste un album recherché et nouveau avec énormément de qualités, un fil conducteur et des artistes incroyables. Au bout de plusieurs écoutes j'en redemandais et les morceaux restaient collés dans mon cerveau pendant plusieurs jours. D'où les 4 CDs.
Parisatnite, le 01/05/2017 à 19:34
Très étonné après avoir lu ta chronique que tu aies pu mettre 4 "CDs". Bref, pour ma part, je n'attendais pas urgemment cette nouvelle galette, mais ne reste néanmoins pas insensible à Gorillaz. Et bien... Quelle déception... Effectivement, quelques morceaux sortent du lot, mais le reste... Est dit dans la chronique que Gorillaz sait se remettre en cause et nous surprendre, mais je suis déçu que M. Albarn me surprenne à faire de la pop actuelle. La Force de Gorillaz, pour moi, est justement d'avoir su faire ce mélange qui ne ressemblait à rien d'autre. Là, 80% des morceaux sont les mêmes que ceux que l'on peut trouver si, malencontreusement on tombe sur une radio commerciale et donc pop. Sans me faire le pourfendeur de cette pop, je suis déçu d'avoir entendu du mainstream. Je le réécouterai à l'occasion, savoir si ma déception m'est bien objective, mais bon... D'une manière générale, je trouve que beaucoup d'artistes perdent de leur folie en rabattant ce qui faisait leur touche et leur force. Je viens d'écouter le nouveau Delta Saint, et on est en plein dedans, plus de trace de la Nouvelle Orléans qui leur conférait un statut particulier...