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Critique d'album

Billie Joe + Norah


Foreverly


(22/11/2013 - Reprise Records - Billie Joe Armstrong + Norah J - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Chris Dugan

1- Roving Gambler / 2- Long Time Gone / 3- Lightning Express / 4- Silver Haired Daddy of Mine / 5- Down in the Willow Garden / 6- Who's Gonna Shoe Your Pretty Little Feet ? / 7- Oh so Many Years / 8- Barbara Allen / 9- Rockin Alone (In an Old Rockin' Chair) / 10- I'm Here to Get My Baby out of Jail / 11- Kentucky / 12- Put My Little Shoes Away
Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Norah Jones & Billie Joe Armstrong ; un mariage des opposés pour le meilleur ; le temps de reprendre un album de 1958"
Julien, le 03/12/2019
( mots)

L’automne, cette saison dans l’année où l’on se réveille avec pour seule ambition de rester tranquillement chez soi, rebuté par un temps maussade préparant au froid tenace de l’hiver qui va suivre. On cherche alors un peu de réconfort en regardant la buée s’écouler de la fenêtre en se réchauffant les mains au confort de la céramique d’une tasse de café tout juste servie. C’est sans doute un peu de cette ambiance qui anime Billie Joe Armstrong en ce mois d’octobre 2013, épuisé par la tournée de Green Day menée sur les chapeaux roues à la suite de sa cure de désintoxication, le charismatique leader de la bande de Berkeley se retrouve à “écouter tous les matins” un vieux disque de 1958 de The Everly Brothers: Song Our Daddy Taught Us


Le deuxième album des frères Everly est une compilation de chansons traditionnelles américaines comptées par le père de Phil et Don à leur plus jeune âge. Le disque reçoit à l’époque des critiques élogieuses le qualifiant “d’en avance sur son temps” ; le magazine Rolling Stone allant même d’un commentaire disant que “même Elvis Presley n’aurait jamais eu le culot de faire un album aussi rootsy”. 


Jamais avare quand il s’agit de rendre hommage à l’histoire du rock et de faire découvrir les pépites de ses aïeux à son auditoire, Armstrong décide de reprendre et enregistrer l’intégralité de Song Our Daddy Taught Us. L’exercice est assez casse-gueule entre risque de tomber dans la pâle copie sans saveur ou dans une mise au goût du jour inappropriée et dénaturée de l’œuvre originale. Pour éviter ces impairs le chanteur du trio Californien a l’intelligence de vouloir garder le concept du duo vocal ; mais plutôt qu’être accompagné d’un alter égo masculin, il fait d’emblée le très bon choix de la voix féminine. Reste à savoir laquelle. Madame Armstrong lui propose la talentueuse Norah Jones. Si les deux n’ont jamais collaboré (si on excepte un live de multiples chanteurs aux Grammys Awards de 2010), Billie Joe tente tout de même sa chance. Un coup de téléphone et quelques arguments bien sentis suffisent à convaincre l’artiste qui accepte spontanément proposant même d’intégrer ses musiciens de tournée pour l’enregistrement de la section rythmique. 


La chanteuse de “Sunrise” et le performer de “Basket Case”, c’est le mariage improbable de la douceur et de la rage. Deux univers musicaux diamétralement opposés, qui ensemble forment le courant alternatif essentiel à la création d’une lumière qui écrit dans la nuit avec ses notes scintillantes aux couleurs émotionnelles harmonieusement juxtaposées. Une accordance dont on sait dès les premières notes de “Roving Gambler” qu’elle insufflera le relief et l’âme nécessaire pour faire ressortir les onze titres des profondeurs du temps. Face à face en studio Bille Joe Armstrong et Norah Jones déploient la magie de leur alliance vocale parfaitement équilibrée dans cette première balade folk, nous faisant pénétrer directement dans leur bulle à l’air mêlant intimité et légèreté. 


Une atmosphère capable de renvoyer instantanément à l’époque où ces chansons traditionnelles jouées par les frères Everly ont été composées ; que ce soit du violon tout en western swing de “Barbara Allen” ou les accords du banjo de “I’m Here to Get My Baby out of Jail”. Deux titres qui fleurent bon la poussière du vieux Far West. 


La version revisitée de 2013 respecte les teintes de l’album original de The Everly Brothers sur les berçantes “Rocking Alone (In An Old Rockin Chair)” et “Lightning Express”. Jones et Armstrong conservent la lente mélodie murmurée sur fond d’instrumentale feutrée appelant à nager dans les eaux profondes du sommeil, se permettant d’accentuer gracieusement cette invitation à l’aide d’un léger écho sur les voix et de soyeuses notes sorties d’une vieille boite à musique. Le duo joue subtilement du mélange entre le respect dû à l’œuvre initiale de leurs aînés et de l’arrangement indispensable à la réappropriation musicale. Un exercice réussi, semblable à un passage du noir&blanc à la couleur qui apporte de la profondeur dans les détails tout en conservant son charme d’antan. Certains titres sont ainsi accélérés, apportant une variété rythmique à l’ensemble, qui n’existait que très peu -voir pas du tout- lors de sa création en 1958. C’est notamment le cas sur un titre comme “Silver Haired Daddy of Mine” réveillé de la guitare acoustique. Ou encore le relookage parfaitement réussi de “Oh So Many Years”. Une version enflammée, sortant le morceau de sa lente et lourde douceur initiale faisant de ce titre un point culminant de la connexion des univers de la chanteuse et du chanteur américain. On y retrouve les sonorités de piano si identifiables de la New-Yorkaise accompagnant un solo électrique délicieusement rétro au jeu caractéristique de Billie Joe Armstrong. 


Les accentuations des ambiances de The Everly Brothers sont parfois retravaillées plus que de raison comme sur “Put My Little Shoes Away” reprise dans un piano voix trop langoureux qui s’embourbe au fil des minutes dans un marécage laconique. En résulte l’impression d’un morceau tellement ralenti qu’il en devient interminable. Une conclusion d’album malheureusement bien pâle.  


A contrario, on se délectera de l’excellent “Long Time Gone”. L’unisson de deux voix, confondant leur mélodie de paroles en paroles, des notes basses aux notes aiguës, crée une uniformité sonore saisissante, mêlant douceur et puissance au sein de laquelle tout est harmonie initiatrice d’un cercle vertueux de pureté enveloppé dans la chaleur d’une guitare à la reverb ardente. 


Le temps d’un album, Billie Joe Armstrong et Norah Jones font un mariage musical tout aussi inattendu que réussi. En parfait accord pendant les 45 minutes qui composent ce disque, ils réussissent haut la main l’exercice de la reprise. Déterré après plus de 55 ans, Song Our Daddy Taught Us est pareil à une œuvre archéologique qui aurait été dépoussiérée à l’aide d’une évolution rythmique justement pensée, et présentée au public en conservant sa matière d’origine tout juste remise au goût du jour au gré de délicats arrangements bien sentis.


 

Commentaires
M., le 03/12/2019 à 17:51
Merci pour la review ! Je vais tt de suite écouter l’album :)