Solange la Frange

Une soirée à l'Aéronef en configuration Club est toujours un bon moment. C'est un peu comme une petite pause découverte, avant de reprendre le cycle des concerts des pointures plus classiques. Bon point, le bar permet une écoute du concert correcte et offre une vue de la scène de côté. La salle Club a une petite capacité mais est propice à de bons échanges avec les artistes aftershow.

Ce soir là l'Aéronef a invité Cave. Ce quatuor de Chicago assure la première partie des suisses Solange La Frange. Choc des courants musicaux. En effet, Cave se définit par une musique psychédélique planante et un jeu de scène inexistant, alors que Solange La Frange incite au défoulement au son d’une musique électro pop sauvage. Mais ces deux groupes atypiques ont un point en commun, ils aiment la scène et donnent beaucoup au public. Les membres de Cave semblent sortis d'une autre époque, avec leurs longs cheveux, des barbes fournies et leurs tee-shirts délavés seventies. Ces looks à la Cosmo's Factory sont en parfaite adéquation avec leur style musical.
Composé d'un chanteur, d'un bassiste, d'un guitariste et d'un batteur, Cave a joué sept morceaux de rock psychédélique. Très concentrés, un peu timides, ils ont interprété de longues échappées musicales riches en guitares qui grondent et ronronnent, sous fond de distorsion. Ce son vintage des années 70 a rencontré l'adhésion du public, en total osmose avec le groupe. Sur des titres sombres, presque vierges de toutes paroles, chacun a pu laisser son esprit virevolter et s'imaginer aux côtés des guitars heroes de l'époque Woodstock. Proche de la fin du set, le chanteur annonce qu'il reste encore deux chansons à interpréter. Dans une ambiance composée de petites lumières violettes et vertes, tout s'enchaine si bien à partir de ce moment, que finalement personne ne s'aperçoit que c'est déjà la fin du concert. Un peu gênée, l'audience tente de demander un peu de rab, mais c'est trop tard, Cave remballe déjà.

Quelques minutes plus tard, arrive le groupe suisse Solange La Frange et sa chanteuse Julie Hugo, qui invite le public à se rapprocher. Accompagnée par Luc Manco à la basse ou à la guitare et Tristan Basso aux claviers, percussions et aux machines, Julie est assez directe et s'adressera au public tout le long du set de façon très libre et crue. Le groupe n’en est pas à son premier show. En effet, les suisses ont déjà assuré les premières parties de Philippe Katerine, Gossip ou encore CSS. Arborant une robe à fleurs, un maquillage rouge et noir façon pow wow, elle porte un tatouage coloré recouvrant tout son bras droit ainsi que deux points d'exclamation sur la face arrière de l'avant bras gauche. Les helvètes démarrent avec le tube "Love affair", ce qui met instantanément l'audience dans le bain. Succès de leur nouvel album sorti en 2010, ce titre est une petite merveille électro rock. Le trio suisse en profite pour faire la peau aux clichés sur leur si neutre nation : ici point de clapotis caractéristiques du lac Léman, ni d'accent trainant (ou si peu), mais plutôt des vagues électro dansantes et un joli timbre de voix parfaitement anglophone. Leur son est proche de Peaches et de certaines compositions des Chicks On Speed. Solange la Frange enchaine avec "Electrik City" et sa ritournelle "who's the boy, who's the boy, who's the pretty boy ?". Ces paroles rappellent les rimes directes de CSS qui n'hésitaient pas clamer leur envie de faire l'amour en écoutant Death From Above. Avant le troisième titre, Julie nous annonce qu'elle est saoule et se demande si c'est aussi le cas des spectateurs. Puis au titre suivant, Julie annonce au public qu'elle a toujours rêvé d'une chorale et qu'elle souhaite que chacun participe en chantant "tchak tchak". Sympa, elle précise pendant le morceau "là : faut chanter" en haranguant les spectateurs avec son micro ! Le cinquième titre met en avant Luca et Tristan. Ils jouent seuls un morceau proche de Justice ou de certains opus rock des Daft Punk, sous des flashs blancs éblouissants.

Retour de Julie, coiffée d'une casquette, sur un titre speed presque tribal, sur lequel elle va manier les baguettes et le tambourin avec une hargne bien loin du calme suisse. Plus tard, Julie continue son petit dialogue avec les lillois, notamment au sujet de Lille, qu'elle définit comme "culturelle mais aussi bien pour la fête". S’en suit un débat lancé par un spectateur sur l’éternel match Lille-Paris, coupé dans son élan par Solange la Frange qui énoncera que "ouais Paris ça pue du gland", ravivant la gentille rivalité avec Paris et la fameuse Province ! Trêve de discours consensuel, Solange la Frange reprend le cours du concert le morceau "Grind" et son refrain "Are you the best dancer... shake it shake it, now". Message bien reçu par le public qui ne se lasse pas de cette musique hyperdansante entre beats, punk et rock. Le groupe enchaine sur le neuvième titre qui s’avère être une nouvelle composition, très rapide, rappelant les sons techno hardcore! Solange la Frange termine son set avec "You broke my heart baby" sur fond de basse vrombissante et de beats enregistrés qui font un peu regretter l'absence de batterie. Un rappel de deux titres conclura cette belle performance scénique qui a mélangé le punk, le hard, le garage et le tribal. C’est une superbe reprise "Sexyback" de Justin Timberlake qu’ont offert les transalpins au public lillois, terminée avec Luca et Tristan, sur fond de multiples distos, larsens et echos.

Setlist Solange la Frange :

1 Love affair
2 Electrik city
3 ?
4 ?
5 Morse
6 ?
7 ?
8 Grind
9 ?
10 You broke my heart baby

Rappel
11 ?
12 Sexyback