Slift
Salle : Coopérative de Mai (Clermont Ferrand)
Première partie :
Moins le temps, moins d'occasions : l'année 2024 n'aura pas été très riche en concerts nous concernant. On en est d'autant plus poussé à se rendre au premier concert rock ou Metal du coin, quand bien même notre connaissance du groupe mis à l'honneur serait très limitée : c'est ainsi que nous empoignons notre vélo pour gagner la Coopérative de mai de Clermont-Ferrand (where else?), après avoir convoqué un compagnon de route (de concert plutôt), afin de voir Slift. Le trio toulousain de stoner (très énervé le stoner) psychédélique est une des révélations françaises de ces dernières années, immédiatement remarqué à la sortie de son premier album (Ummon, 2020) et loué derechef pour son deuxième opus paru cette année (Ilion, 2024). De quoi attiser la curiosité de n'importe quel mélomane !
Ce succès est sensible dès l'arrivée sur place : si la petite salle a été choisie, celle-ci n'en est pas moins pleine à craquer, ou presque. Et ce dès la première partie, assurée par la formation locale Montagne Rouge qui donne un show adéquat par son orientation esthétique proche de Slift, quoique parfois très brutale, voire bruitiste et expérimentale - entre le stoner, le metal extrême et le krautrock. Nous sommes arrivés un peu en retard, si bien qu'il est difficile de formuler un avis définitif sur le groupe, mais le trio déborde d'énergie et fait preuve bonne maîtrise technique.
Après un court entracte, les trois Toulousains arrivent sur scène et ouvrent le concert par une démonstration de lutherie électronique antique à la Klaus Schulze ou Tangerine Dream, pour lancer le très bon "Ilion" - il s'agissait ce soir de promouvoir le nouvel album du même nom. Cet apport électronique fait l'originalité du groupe et lui permet de se distinguer au sein d'un style très normé et potentiellement répétitif. Slift propose certes des titres avec de longues phases aussi puissantes que planantes, des riffs pachydermiques et des breaks conventionnels, mais il a l'intelligence de mêler cette esthétique à d'autres plus intrigantes : le metal, le punk et surtout, le rock progressif, qui rappelle souvent Camel (dans ses riffs, mélodies et plans électroniques).
On en veut pour preuve deux grands moments du concert, l'énigmatique "Secret Mirror" (un inédit ?) très ancré dans l'esthétique prog' 70s, et "The Words That Have Never Been Heard", chef-d'œuvre du dernier opus parfaitement interprété.
Pendant un concert d'environ 1h20 et sans le moindre répit, Slift brûle son énergie et occupe magistralement la scène : surtout, il déploie une puissance sonore assourdissante et s'enrobe de projections visuelles psychédéliques à faire trembler les épileptiques de l'assemblée. Cette flamme est communicative lors des petits tubes du groupe, notamment "Ummon", et un pogo démarrera même lors de "Lions, Tigers and Bears", aidé par son registre space-punk - un blessé fut à déplorer.
Slift fut donc une très belle découverte, son succès est amplement mérité et on ne peut que souhaiter aux trois musiciens de poursuivre leur route vers la gloire - ils ont les moyens de leur ambition.
Setlist
Ilion (Ilion, 2024)
NIMH (Ilion, 2024)
Ummon (Ummon, 2020)
Secret Mirror (inédit)
The Words That Have Never Been Heard (Ilion, 2024)
Altitude Lake (Ummon, 2020)
Lions, Tigers and Bears (Ummon, 2020)
The Story That Has Never Been Told (Ilion, 2024)