Une grosse heure avant le concert du 29 avril à la Boule noire (Paris), les PUSA nous reçoivent dans les loges de la salle autour d'un verre d'eau et d'un paquet de Doritos, pour parler de leur retour sur scène et de leur nouvel album Love everybody...


AR : Après plusieurs années, vous revenez sur scène pour notre plus grand plaisir. Qu'avez-vous fait pendant tout ce temps ?
Chris Ballew: Eh bien à vrai dire on a essentiellement dormi, et on a fait énormément de bébés aussi... Jason, combien tu en as eu toi ?
Jason Finn: une vingtaine à vrai dire, oui !
Chris : Bon plus sérieusement en fait nous avons tous joué séparément dans différents side-projects. Personnellement j'en ai 5 ...
Jason : Mais où est-ce que tu trouves le temps pour tout ça ? Moi je n'ai rien fait... pas le temps à cause de la famille notamment !

AR : Malgré ces différents projets annexes, surtout pour toi Chris, vous avez décidé de reformer le groupe. Qu'est-ce qui vous a motivé à reprendre l'aventure PUSA ?
Chris : Pour l'argent !! Uniquement pour l'argent. En fait, on n'aime rien d'autre, on ne vous aime pas et on n'aime pas le public (rires).
En fait, malgré le split nous avons continué à nous voir puisque nous sommes amis, on continuait à jouer ensemble juste pour le plaisir. Et puis finalement, au fil du temps et sans raison particulière, c'est devenu une évidence que nous devions reformer les PUSA.
Oui, c'était absolument une évidence, il n'y avait pas d'autre possibilité pour nous.

AR : Le nom de votre groupe sonne évidemment politique à l'oreille, ce qui ne se reflète absolument pas dans vos paroles ...
Chris : T'as compris la blague !! (rires) On fait de la musique absolument désengagée !
Jason : Ouais et on ne va pas parler politique... question suivante !

AR : Bien, alors vous n'êtes pas du tout engagé ? Même pas pour des oeuvres de charité ou des associations culturelles ... ?
Chris : En réalité, nous sommes engagés pour différentes actions individuellement, mais pas en tant que groupe, pas en politique en tout cas. Nous ne voulons pas associer le nom de notre groupe à une action politique ou très engagée.
Jason : En tant que PUSA nous organisons des concerts gratuits pour les jeunes SDF de Seattle et de Washington par exemple, des choses comme ça. Nous essayons de leur donner goût à la musique par le biais de notre style et de nos textes qui leur font un peu oublier leur quotidien.

AR : Et maintenant, vous revenez avec ce nouvel album Love everybody. Y-a-t-il une symbolique particulière au cover de cette nouvelle production ?
Chris : Pas vraiment. En fait, nous avons juste trouvé cette petite fille trop mignonne. C'est un ami qui nous a montré différents clichés dans un album photo et nous avons choisi ce bébé simplement parce qu'il se dégageait d'elle quelque chose de joyeux, une joie de vivre évidente.
Et puis ça nous a fait pensé à la pochette de Nevermind de Nirvana, sans avoir ce côté "argent" comme il peut y avoir sur leur pochette, avec ce bébé qui essaie d'attraper le billet d'un dollar. Si il y a un message plus qu'une symbolique que nous voulions faire passer à travers cet album et cette pochette c'est vraiment cette idée de "joie" pure et d'amour !

AR : Vous avez écrit les titres de ce nouvel album tous ensemble une fois avoir décidé de reformer le groupe ou bien vous les aviez déjà écrites avant, pendant votre split officiel ?
Chris : On les a toutes écrites pendant notre période de split. Et puis, quand nous avons décidé de reformer le groupe, on les a simplement ré-arrangées tous ensemble mais nous n'avons pas composées ces titres en groupe.

AR : Rapidement, quel est votre titre préféré et celui sur lequel vous aimeriez opérer quelques changements si vous en aviez l'occasion ?
Chris : Pour notre préférée c'est "Love everybody" sans hésiter ! Elle résume bien à elle-même l'idée que l'on voulait faire passer à travers l'album, c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'a choisi comme titre à cet opus. Quant à celle que j'aimerais reprendre personnellement c'est "Zero friction". Enfin pas la reprendre complètement parce qu'elle sonne bien mais simplement la réenregistrer. Je ne suis pas totalement satisfait du résultat obtenu ... J'aimerais vraiment la retravailler.

AR : Vous avez également parlé de "Some postman"... Vous étiez étonné de son succès ?
Chris : Oui, on a été plutôt agréablement surpris par le succès qu'elle a rencontré lors de nos premiers concerts à Seattle. On était étonné que le public la reprenne en coeur. On ne s'attendait pas du tout à cela de la part d'une chanson écrite en 5 minutes et inspirée d'un "fait réel". En fait, j'étais au téléphone avec une amie de Boston, je voulais savoir si elle avait reçu un CD que je devais lui envoyer et elle m'a dit qu'elle n'en avait pas encore vu la couleur... alors je lui ai répondu "Well, some postman is grooving to that thing" et c'est parti de là ! Voilà, c'est pas plus compliqué de ça d'écrire une chanson !! (rires)

AR : Maintenant que vous vous êtes reformés, c'est pour un bon bout de temps ?
Chris : Eh bien en fait pourquoi pas ! On en a pas encore vraiment idée, mais on en a bien envie.
On attend les réactions du public, on attend de voir comment les gens perçoivent cet album et ce retour ... Mais on se sent prêts !
Jason : A vrai dire, maintenant qu'on est de nouveau ensemble, on n'a plus envie de se séparer. Donc si le public est au rendez-vous, pour nous, c'est reparti ! Je pense qu'on est tous d'accord pour dire en tout cas qu'on ne veut plus faire de break.

AR : Vous avez dit que vous aviez refusé bon nombre d'offres de la part des maisons de disque pour pouvoir garder le contrôle sur vos carrières. Vous n'étiez pas heureux chez Sony ?
Chris : On a créé notre propre label pour éviter d'avoir les désagréments des contrats de maisons de disque. Nous n'avons rien contre Sony, mais évidemment nous n'avions pas autant de liberté qu'à l'heure actuelle ... Là on est nos propres chefs, on travaille quand on veut, on s'arrête quand on veut, on a le pouvoir de dire "oui" ou "non" à ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas.
Jason : Exactement, ça libère notre créativité, et puis ça nous permet de pouvoir mieux gérer le temps entre musique et famille.
Chris : Et puis au niveau des tournées, on repart là. On va refaire quelques dates, on devrait revenir en août en France d'ailleurs, et le gros avantage maintenant, c'est que l'on garde vraiment le contrôle sur nos carrières. Si on décide de ne pas tourner, d'annuler des dates pour une raison ou pour une autre, on est libre !

AR : Pour continuer avec votre propre label "PUSA Music Label", vous avez l'intention de signer d'autres groupes ou bien vous vous gardez l'exclusivité ?
Chris : Pas cette année non.
Jason : Tu sais, on ne passe pas notre journée au téléphone comme des chefs d'entreprise à contacter des groupes et chercher la perle rare... On a plutôt tendance à attendre de découvrir ou de rencontrer un groupe qui nous plaît vraiment. On ne cherche pas particulièrement...
Chris : Et puis l'album aura un an en août [ndlr : l'album est sorti en août 2004 aux USA]. C'est un peu comme une date anniversaire pour nous et on lie ça à notre label. Alors à partir d'août, on verra plus sérieusement ce que l'on veut faire avec notre label. Mais l'idée de signer de nouveaux talents n'est pas pour nous déplaire ! Et pour tout te dire, on en a un en vue ...

AR : Vous semblez être de grands enfants qui s'éclatent à faire de la musique... Est-ce juste une façade ou bien avez-vous su réellement rester jeune d'esprit ?
Chris : Tu sais je vais sur mes 40 ans, mais dans ma tête je pense que j'en ai 24 ans tout au plus...
Jason : ...Et moi j'ai entre 13 et 16 ans. Dave a 16 ans aussi d'ailleurs ! Par contre Andrew, lui, il a tout le temps 42 ans ... ouais ...
Chris : Voilà, comme tu vois, on a vraiment su rester jeunes !

AR : Vous pensez avoir mal supporté votre succès dans les années 90 à cause de cette jeunesse d'esprit ? Peut-être par manque de maturité ?
Chris : Non je ne pense pas...C'est plutôt à cause des contraintes classiques des artistes : concerts, tournées, voyages, interviews, presse... tout ça nous a vraiment fatigué ! On avait plus le temps de voir nos familles et ça nous a vraiment dérangé ! Alors on a préféré en rester là.

AR : Vous avez une sorte de facilité déconcertante à produire un rock sautillant qui flirte tout le temps avec le tube. Totalement naturel ou complètement travaillé ?
Chris : On travaille vraiment beaucoup, ça n'a rien de naturel. Tout ce qui compte pour nous c'est de réussir à faire des compositions qui plaisent au public. On essaie de simplifier au maximum, on ne veut pas passer pour un groupe technique, ça ne nous intéresse pas.
En fait, on avait un titre vraiment technique sur notre second album mais on s'est rendu compte en concert que ça ne nous plaisait pas de le jouer. On préfère de loin simplifier toutes nos chansons et d'en faire des titres qui font bouger le public dans les salles. On n'a pas envie que les gens sortent de notre concert et se disent "Wouah, ces mecs sont de trop bons musiciens !" mais plutôt "C'était une belle fête, on s'est bien éclaté, on a vraiment passé une super soirée". Donner aux gens du bonheur, voilà, c'est tout ce qu'on recherche !