Albumrockeurs, Albumrockeuses,

Alors que la rédaction s’attèle à la préparation d’une liste commentée des albums les plus attendus du premier semestre 2015, un bilan à chaud de l’année qui vient de s’écouler s’impose, pour débuter la nouvelle sur de bons rails, à travers les résultats des Albumrock Awards.

Comme il est de tradition, le choix de la première position n’a pas laissé beaucoup de place au suspense dans les rangs de la rédaction, ni chez les lecteurs qui nous ont fait écho de leurs palmarès perso. La tornade Royal Blood a tout emporté sur son passage, performance époustouflante de la part d’un groupe qui existait à peine il y a encore deux ans. Le hasard mathématique des calculs du présent classement nous ferons goûter à plein cette ironie : le combo de Brighton allie le néo-classicisme rock le plus forcené (hard zeppelinesque et garage cossu) avec la formule du duo, remise au premier plan lors de la décennie précédente autour des White Stripes, Black Keys, Kills et autres Raveonettes, leur seule originalité relative se bornant à l’accouplement d’une basse saturée et d’une batterie, formule expérimentée il y a dix ans par les cultes Death From Above 1979… qui atterrissent justement à la deuxième place. Il ne fait jamais bon être précurseur et les Canadiens se voient damer le pion par leurs petits frères irrévérencieux et talentueux. Leur dance-garage-rock noisy reste cependant sans pareil, et il nous avait sacrément manqué, nous saluons son retour inespéré. Vous le savez, les premières places que nous consacrons lors de chaque awards constituent une forme de pari sur l’avenir. L’épreuve fatidique du second album sera donc particulièrement attendue pour Royal Blood.

Au delà du leader, comment avons-nous vécu 2014 ? Comme de tradition, aurait envie de répliquer ce rédac chef. Certains rédacteurs ont trouvé l’année passionnante, d’autres se sont contentés de suivre les débats de loin. 2014 semble pourtant avoir été un cru plus que roboratif, eut égard aux plus de 80 disques évoqués pour dresser ce classement, quand d’ordinaire on tourne autour de la bonne soixantaine. Fatalement, les voix se sont rassemblées autour des valeurs sûres, distribuées autour des trois axes qui se sont dessinés lors des dernières années : les pontes nés au début des années 2000 et qui continuent de gouverner les débats (Mastodon, Jack White dont le Lazaretto a été repêché par les lecteurs), les groupes consolidant leur statut de références actuelles autour de leur 2ème/3ème album (Blood Red Shoes, Wild Beasts, Band Of Skulls) et les légendes étrennant ce qui semble être leur ultime testament discographique (Pink Floyd, AC/DC). En dehors de ces lourdes tendances, on ne relèvera que la santé retrouvée de Weezer, qui nous a gratifié d’un opus réjouissant quand on commençait à franchement désespérer. Ainsi évolue donc le rock aujourd’hui : sans gros coups d’éclats planétaires ni tabula rasa intempestive, mais tracté par des musiciens construisant patiemment leur œuvre, entre tradition et amorces d’innovation. La force tranquille, comme aurait dit l’autre… Nous verrons si 2015 se déroulera sous ces mêmes auspices mais en attendant, des petits soubresauts salvateurs couvent ici ou là (notamment dans le rock hexagonal, jamais aussi prolifique et excitant qu’en ce moment entendons-nous dire) et réclament qu’on vienne y poser nos loupes. On se retrousse les manches et on part en exploration.

En dehors de ce constat bonhomme, 2014 n’aura pas été une année comme les autres pour votre webzine préféré, puisqu’elle a vu ENFIN débouler cette fameuse V4 amorcée depuis… on ne compte plus ! Nous espérons qu’elle vous plait et que vous prenez autant (voire plus ?) de plaisir à parcourir nos pages. D’autres rubriques vont bientôt surgir et nous espérons ressusciter nos sélections. N’hésitez pas à nous donner votre avis sur notre lifting graphique, nous sommes à l’écoute de vos remarques.

Au vu des évènements actuels, difficile de vous souhaiter une bonne année sans avoir un soupir étranglé au fond de la gorge. Jamais les notions de liberté, d’indépendance, d’irrévérence, et tout simplement de plaisir, telles que le rock s’évertue à les véhiculer à sa manière depuis plus de soixante ans, n’ont semblé aussi nécessaires et précieuses qu’aujourd’hui. C’est donc avec un mélange de gravité et d’espoir que nous soufflons les bougies : meilleurs voeux Albumrockeurs et rockeuses, et keep on rocking...

Maxime