Juste après les balances pour le concert de ce soir au File 7, ce sont Fred et Greg, respectivement Chanteur et Batteur du groupe qui nous accueil bien agréablement avant d'entamer avec sérieux une interview qui ne le resera pas bien longtemps.


AR : Malgré que vous ne soyez que tous les deux, pouvez vous présenter les nouveaux membres du groupe ? Peut-être même Greg que les gens ne connaissent pas encore forcément ...

Greg : J'étais déjà là à l'Olympia ! Je suis arrivé là d'ailleurs, c'était ma troisième date.
Fred : Y'a Manu à la guitare qui est arrivé il y a un an et demi, c'est-à-dire un petit peu avant de rentrer en studio. Et on a composé avec Frank Pilant qui a toujours été dans le groupe en tant que réalisateur/producteur. Manu a pris sa relève. Mais avant ça on était parti enregistrer au Costa Rica avec Greg, Djib et Frank et avant de rentrer en studio en France, on a composer deux trois chanson avec Manu qui est devenu le guitariste d'Astonvilla.

AR : Du fait du changement de Line up, "De jour comme de nuit" a des allures de nouvelle étape ?

Fred : Bien sûr, c'est vécu comme ça. A l'écoute aussi ... même à l'écriture et la composition on sentait que c'était quelque chose de nouveau. Que c'était un nouvel Aston Villa qui était en train de renaître. Fatalement avec les changements qu'il y a eu au sein du groupe, il y a de nouvelles énergies, de nouvelles inspirations qui viennent d'horizons différents. C'est super intéressant, et au fur et à mesure qu'on préparait l'entrée en studio on sentait, enfin chacun s'exprimera, "je" sentait qu'on faisait un pur truc, quelque chose de bien.
Greg : Y'a une équipe différente mais y'a toujours le fil conducteur qui est la voix et les mélos de Fred
Fred : Et puis une nouvelle énergie plus rock, avec plus de générosité que sur les albums précédent. Mais c'est dû au fait qu'on a bien travaillé avant d'aller en studio. On a pris notre temps. Y'a eu la fin d'un cycle avec les anciens : 8 ans ...
Greg : On a pris notre temps pour composer ... mais on n'a pas pris notre temps pour préparer le studio.
Fred : Non. Mais pour composer on a pris notre temps.

AR : N'est-ce pas dur de composer avec tous ces changements, face à un public qui à certaines attentes et certaines habitudes ?
Fred : Pas du tout. Pas tu tout parce que ...
Greg : Bah y'a quand même un cahier des charges !
Fred : (rire)

AR : Ça s'appelle toujours Astonvilla ...

Greg : Bah voilà. Ça fait dix ans que ça existe, y'a quatre albums existant. Et puis y'a toujours la voix de Fred comme je disais.
Fred : Bon c'est reconnaissable. Y'a un son, une écriture qui s'est peaufiné au fil des albums, mais à la fois, "De jour comme de nuit", c'est un album qu'on a jamais fait. Ce n'est pas une recette appliquée. Il fallait L'album, et pas un album de plus.
Greg : En même temps y'a plein de choses de styles différents qui sortent. Et ce qui est sélectionné au final pour être sur l'album, c'est quand même Astonvilla.
Fred : Y'a des chemins explorés qu'on a jamais eu
l'occasion de visiter comme ça, avec des chansons comme "Champagne", "Soldier" ...
Greg : "À vendre"
Fred : ... "Italy". Et tout ça dans une évolution naturelle.

AR : Tu parlais de faire un pur album, jusqu'ici la critique est plutôt favorable?

Greg : On est contents, elle est unanime. C'est tant mieux.

AR : Après "Regarde-moi", le deuxième titre radio est "Coming Out". C'est votre volonté de proposer les morceaux les plus tranchants, les plus "Rock" ?

Greg : Bah en même temps on ne sait pas. La radio c'est quoi ? De quelle radio parle t-on ?

AR : La radio spécialisée. Surtout Oui Fm et Le Mouv' ...

Greg : Voilà ! Après ce qui fait un single, c'est le passage sur les grosses radios. Pour le moment Oui Fm et Le Mouv' passe "Coming Out". On a choisi effectivement, et on s'était dit qu'elle serait bien en deuxième single. Maintenant si tout d'un coup Europe 2 va dire "Coming Out" fait chier, nous on va mettre Lézards ou machin", et bien ça sera ça le prochain single. En ce moment on est un peu en ...
Fred : En porte-à-faux
Greg : Parce qu'en fait ils font ce qu'ils veulent. Et c'est en fonction de leur volonté de programmation.
Fred : C'est celui que le patron aime bien.
Greg : Mais voilà pour le moment "Coming Out" ça passe sur Le Mouv' et Ouï, et voilà c'est très bien, on est content.

AR : Lors de la tournée précédente, Frank Pilant derrière la six cordes avait amené quelque chose de beaucoup plus électrique. Avez-vous cherché à rester dans cet esprit là pour cet album ?

Greg : C'était la volonté ouais, de faire quelque chose d'électrique. Mais c'est quand même pas Frank.
Fred : Malgré tout sur quelques titres l'écriture est comme ça parce que c'est l'écriture de Frank. Donc oui, le côté "A vendre", le côté "Coming Out", mais y'a Manu aussi qui apporte sa pattes au niveau de l'écriture. Frank et Manu se connaissent en fait depuis des années et des années.
Greg : Depuis qu'ils ont quinze ans je crois.
Fred : Frank ne désirant pas venir avec nous sur la tournée, tout d'un coup nous présente un protégé en quelque sorte.
Greg : Cela dit pas de piston qui tienne ou quoi que se soit.
Fred : (rire)
Greg : On a fait une vraie audition avec un certain nombre de guitaristes et puis voilà.
Fred : Et puis Manu a payé pour rentrer (rire)
Greg : Il a payé de sa personne (rire)

AR : Malgré que cela soit plus rock, les textes sont toujours aussi soignés et porteur de messages ...

Fred : Ah ouais ? Tu vois ça comme ça ?

AR : ...

Fred : Ouais sur certains titres, bien sûr. Parce qu'il y a des choses qui ont été vécus depuis "Strange" et ressentit différemment, avec la volonté des les exprimer avec plus de clarté, de lisibilité, plus simplement. Au lieu de tortiller pour dire les choses, avec le temps t'apprend à les dire plus franchement, sans la peur de dévoiler une certaine intimité, des sentiments profonds.

AR : Il y a malgré tout beaucoup de finesse dans les mots. Sur "Regarde-moi" par exemple ?

Greg : Ouais mais pour celui-là on l'a quand même vachement aidé (rire)
Fred : (rire) Voilà c'est ça aussi la différence ! C'est pour ça que c'est un single, c'est pas pour rien. Mais en exprimant les choses simplement comme ça, tu vas plus à l'essentiel. Et sur une musique un petit peu enjoué comme sur "Regarde-moi", tu peux faire facilement passer des messages sur une espèce d'ode à la différence.

AR : Tout le monde semble avoir participé à l'écriture ?

Fred : Ouais certains ...
Greg : Oui ...
Fred : Oui, oui.
Greg : Mais bon c'est surtout des mots qui manquent, ou remplir quelques trous.
Fred : Y'a eu des moments comme ça en studio sur certains titres comme "Italy" ou "Tête de lune", sur "Coming Out", "Rockmusic"
Greg : C'est parce qu'on est ensemble. On se consulte un peu pour tout.
Fred : J'ai aucun problème si Greg me lit au dessus de l'épaule et me dit "tiens essaye ça comme ça". Et ça c'est fait comme ça ...
Greg : C'est juste des idées comme ça, et après c'est la plus pertinente qui l'emporte.
Fred : Voilà, la meilleure idée prime.

AR : "Rockmusic", c'est un étalage de vos références à tous ?

Fred : Une partie de nos références. La liste est longue.
Greg : Faudrait au moins dix minutes de morceau.

AR : Ce sont des influences aussi ?

Fred : Oui bien sûr. Ce sont des modèles. Ce sont de grands albums qui sont cités dans cette chanson. De grands groupes, de grands artistes incontournables qui ont fait ce que nous sommes aujourd'hui. Ils nous ont donné envie de faire la même chose.
Greg : Envie de faire ou de continuer pour certains qui sont plus récents.

AR : Pourquoi NTM ?

Greg : Parce qu'à l'époque d'NTM, y'avait pas de grand groupe de Rock si ce n'est Noir Dez, mais c'est tout. Mais NTM c'est quand même vachement Rock'n'roll.
Fred : y'avait le propos d'NTM.

AR : C'était de la "Protest song" ...

Greg : Voilà, le côté social, énervé. Qui pique un peu.

AR : Donc à un certain moment, NTM a pu influencer Astonvilla ?

Fred : Je pense pas qu'il ai pu influencer notre musique. Par contre certains albums d'NTM étaient des modèles de subversions et de rébellions totale.
Greg : La patate aussi.
Fred : Ils sont loin loin devant tous les autres petits groupes de Rap quand même. C'était un modèle à un moment et il m'a semblé judicieux de le mettre en avant.

AR : "Rockmusic" est aussi le seul titre léger de l'album, sans message fort ...

Fred : Il a un message quand même. Y'a un hommage à cette culture là. Et puis à la fois "I wanna play Rock music", ça veut dire "je veux continuer à en jouer moi aussi". Parce qu'avec l'industrie du disque, la dématérialisation et le piratage, est-ce qu'on va pouvoir faire d'autres albums si ça continu comme ça.
Greg : Et puis ce n'est pas les tournées qui font fonctionner tout ça. Ou alors il faudrait faire les places de concerts beaucoup plus chers.
Fred : Tu sais nous le plus d'album qu'on ait vendu, c'est 70000 sur le "Live Acoustic". Donc ce n'est pas rien, mais ça permet de relativiser.

AR : Et la victoire de la musique ...

Fred : elle a pas apportée grand-chose. Elle aurait peut-être même fermé des portes. Pour le discours, qui était bien sur le moment et pour une certaine frange du publique, mais ça en vexe certains qui n'apprécient pas ce genre de discours.
Greg : Après on paye cher (rire)
Fred : Donc le seul soutient qu'on a, c'est le public qui vient nous voir en concert et qui fait la démarche d'aller acheter notre disque. Et aujourd'hui ce n'est pas rien d'aller dans un magasin acheté un disque. C'est militant presque. Ça te fait chier de sortir la tête de ton écran alors que tu peux tout télécharger. Aller dans un magasin, prendre sa bagnole, les transports en commun, et payer 14/15 € voir plus ... Donc nous on s'est battu pour avoir un prix d'album de 15€ grand maximum pour qu'on puisse en vendre un petit peu. Mais bon, c'est le chemin qu'on a pris aussi, on est pas dans une major, et voilà.
Greg : Mais on ne se plaint pas, parce qu'on en vit et que vivre de la musique c'est très bien.
Fred : Y'a pire, dans la vie. Mais voilà.
Greg : Faut juste relativiser le côté "Ouais les zicos c'est bon pour eux, Astonvilla c'est cool, ils ont une piscine ..."
Fred : "Astonvilla c'est cool pour eux !" En plus t'ose pas dire que ...
Greg : "Ouais j'ai la piscine municipale" (rire)
Fred : Puis voilà, il ne faut pas être larmoyant, c'est pas le propos non plus.

AR : Les textes de "De jour comme de nuit" pointent pas mal de sujets d'actualités. C'est important d'en parler ?

Fred : Quand tu as une tribune comme ça et que t'es artiste, ça serait dommage de rater l'occasion.
Greg : Puis un album c'est aussi une tranche de vie.
Fred : Une photographie voilà. Ça marque une époque. Là "W", tu ne peux pas t'empêcher de dire qu'il a quand même sacrément plombé l'ambiance de la planète.
Greg : Et pour un petit bout de temps ç't'enculé en plus (rire) Quand il sera parti se sera encore comme ça.
Fred : Bah oui. Mais ce ne sont pas les américains, c'est vraiment lui.



AR : Dans cette chanson, "Soldier", on retrouve des sifflets à la "Western Spaghetti" comme chez Ennio Morricone ...

Fred : C'est Greg qui a composé "Soldier".
Greg : Moi je suis un fan d'Ennio Morricone, j'adore. C'est une musique qui me transporte. C'est venu à Chamonix en fait. Donc rien à voir avec les cow-boys !

Manu et Damien, les deux autres membres d'Astonvilla se joignent à notre table.

AR : Avec le recul, est-ce qu'il y a des titres qui vous rendent plus fiers que d'autres sur ce dernier album ?

Fred : "De jour comme de nuit"
Greg : Ouais il est bien.
Fred : "Un homme bien"
Greg : Ouais moi j'ai tout aimé.
Fred : "Croiser le fer", tout l'album en fait.
Manu : Moi je dirais "Tête de Lune" parce qu'il a failli passer à la trappe.
Greg : Il a failli aller à la poubelle. Le texte a été écris et fini le dernier jour du mix.
Fred : Non tout l'album. Moi c'est ce que je raconte depuis qu'il est sorti, c'est que je pressentait que c'était quelque chose de vraiment bien ce qu'on était en train de faire.

AR : Et pourquoi avoir choisi "De jour comme de nuit" pour titrer l'album ?

Fred : Parce qu'on l'a fait de jour comme de nuit. C'est un boulot à plein temps. C'est une passion à plein temps. Tu ne fais pas ça dans la demi-mesure la musique. C'est obsessionnel, t'y pense tout le temps. Quand t'as une idée faut que tu ais un dictaphone. Après t'écoutes le lendemain le lendemain et tu te dis "mais c'est quoi ça ?!"
Manu : "Il était bourré le mec qui a enregistré ça !"

AR : N'est-ce pas frustrant de commencer la tournée sans Djib alors qu'il a participé à l'album ?

Greg : Bah si c'était difficile. Quand il nous a dit qu'il ne faisait pas la tournée, bien sûr ça avait un côté euh … Mais voilà (montrant Damien) ça marche très bien.
AR : Tu as pu intégrer le groupe rapidement ?

Damien : Oui très rapidement.
Greg : par nécessitée, c'était rapide.
Fred : Il a apprit tout le répertoire en très peu de temps. Et chapeau à lui.
Damien : Bah l'audition à été un jeudi, j'ai eu la réponse le jeudi soir et il fallait être en résidence le lundi.
Fred : Donc voilà, 3 jours ...
Damien : 3 jours comme de nuit (rire)

AR : La tournée est à peine entamée, les nouveaux morceaux sont-ils au point ?


Fred : Bien sûr que non ! On est encore un petit peu concentrés sur nos parties. Et au fil des concerts on commence à se lâcher puis à se détendre entre nous. Là c'est le douzième ce soir.
Greg : Ça varie, y'a des concerts où on est plus détendu qu'à d'autres.
Fred : Mais par rapport au pamphlet de la vente du disque et tout ça, paradoxalement depuis le début de la tournée, tout est complet. Et ça c'est bien.

AR : Ça n'a rien de paradoxal vu que vous avez fait un "pur disque" !

Fred : Yes (Il me tape dans la main) ça c'est cool mon pote !
Manu : Sur mon compte pour le jeune homme (rire)
Greg : Aller champagne, tartiflette ! (que l'on peut sentir depuis notre arrivée, ndlr)
Damien : vu qu'on a fait couscous hier, normalement c'est tartiflette ce soir.
Manu : Tu te rappels une salade ?

AR : La mode est au DVD ! A quand celui d'Astonvilla ?

Fred : Normalement courant 2006.
Greg : Peut-être qu'on ne suivra pas la mode.
Manu : On va peut-être faire une bande dessinée (rire)
Fred : Tout bon groupe de rock se doit d'avoir son Live électrique, son DVD. C'est en préparation.

par Lilian

Un grand merci à Astonvilla, Naïve et Elo.