A la veille de leur concert au Zénith (jeudi 11 mai 2006), Didier Wampas, modeste et sincère, fait clairement primer la musique et le plaisir de jouer (devant quelque audience que ce soit) sur un succès auquel il n'accorde que peu d'importance. Rencontre marquante avec le chanteur charismatique d'un groupe qui, dixit leur site internet, a " inventé le rock'n'roll ".


C'est comment le succès depuis Manu Chao ? Les gens vous reconnaissent dans la rue ?

Didier Wampas : ... ça ne change pas grand-chose. Ca va, il ne faut pas exagérer.

A côté de votre identité de rock star, vous menez une double vie à la RATP. Que font les autres membres du groupe ?

Didier Wampas : Il n'y a que moi, les autres sont dans la musique. Ils ont d'autres projets, ou sont intermittents...

La RATP jusqu'au bout ?

Didier Wampas : Aussi longtemps que je pourrai !

Avec tout le tremblement de l'affaire Clearstream, la chanson " Chirac en Prison " prend une saveur particulière ?

Didier Wampas : Même pas (le visage et le ton s'assombrissent). En tant que citoyen ça me rend plutôt triste. Avec la révélation du compte caché de Chirac... en tant que citoyen tu te dis : " merde ".

Comment avez-vous vécu toutes les réactions, toute l'agitation qu'il y a pu avoir autour de la sortie de ce titre ?

Didier Wampas : J'ai fait ce truc parce que j'ai eu un jour l'idée de faire la chanson, et je me suis dit " Si je ne la fais pas, si je me dégonfles... c'est pour ça que tout le monde ne dit rien, donc tant pis ". Quelles que soient les réactions, j'ai eu l'idée de faire la chanson, je la fait. Après je suis content de ce qui s'est passé. Ca a vraiment été censuré, la télé nous interdit vraiment de la jouer... Ce n'était pas voulu d'être censuré ; je voulais voir ce qui allait se passer. C'était intéressant de voir la sclérose des télés, des médias français... Je m'en doutais en théorie, mais quand tu vois en pratique...

Le titre se vend ?

Didier Wampas : Non, pas tant que ça. Le fait de ne pas être passé à la radio, ça fait parler, mais pas tant vendre que ça.

Vous avez envie de vous engager davantage ? On va vous entendre en 2007 par exemple ?

Didier Wampas : A priori non. En tant qu'artiste, ce n'est pas mon métier à moi de faire de la politique.

On avait pu lire que vous trouviez bien que quelqu'un comme Bono aille au bout de son truc...

Didier Wampas : Oui, à partir du moment où tu assumes ce que tu fais, si tu le fais de manière sincère et honnête pourquoi pas, mais bon... Je n'ai pas envie de m'engager dans la politique.

Vous n'avez pas envie qu'on vous colle cette étiquette ?

Didier Wampas : Déjà ça commence un peu, mais bon, tant pis. Je n'ai pas chanté à la base pour ça. Entre autres, pourquoi pas, si j'ai envie de dire des choses, je les dirai, mais ça fait partie du reste, ce n'est pas le plus important. Mais ce n'est pas pour m'amuser, c'est important pour moi de faire ça. Ma manière de m'exprimer, de " changer le monde ", c'est de faire des chansons, de la " poésie ", de faire avancer des trucs sans forcément faire de la politique " politicienne ".

Même si on a un second tour Sarkozy-Le Pen, on ne vous entendra pas...

Didier Wampas : Non, pas forcément. Tu peux essayer de faire autrement. Se battre contre le racisme et contre tout ça, ça peut être autrement qu'en gueulant des slogans " j'encule Jean-Marie Le Pen ", ça peut être aussi en essayant de changer la mentalité des gens petit à petit. Deux ou trois personnes... chacun à la fois, essayer de leur faire comprendre que le monde n'est pas comme ça... c'est aussi ça changer la société : petit à petit.

Ca vous énerve les artistes qui affichent beaucoup leur soi-disant participation à des oeuvres caritatives ?

Didier Wampas : ... Je ne sais pas. Ca dépend : si c'est vraiment honnête et sincère... Mais je ne suis pas toujours persuadé que ce soit sincère. Je ne juge pas.

Une initiative comme les Enfoirés par exemple, vous en pensez quoi ?

Didier Wampas : A la base c'est bien, c'est super ce qu'a fait Coluche. Maintenant, ce que c'est devenu...

Si on vous proposait, vous accepteriez ?

Didier Wampas : Je ne sais pas. C'est vraiment devenu un gros truc. En plus, quand ça n'a aucun intérêt artistique, tu te poses des questions. Si ce n'est plus que du cirque... Bien sûr la raison est bonne à la base, mais s'il n'y a plus aucun intérêt artistique... Chanter une chanson pourrie, n'importe comment, et avec n'importe qui, je ne vois pas l'intérêt.

Vous avez des envies, des projets, à part tout casser au cours de la tournée à venir ? Vous programmez un nouvel album ?

Didier Wampas : Juste écrire des nouvelles chansons. Il n'y a rien de planifié, juste écrire de bonnes chansons, faire de bons disques.

Dans une récente interview à Rock & Folk, vous disiez que vous écoutez désormais beaucoup de musique classique. Alors, définitivement fan du " trois accords ", ou peut-on vous attendre sur des choses plus " en finesse " ?

Didier Wampas : Moi je suis assez fan du trois accords, pas théoriquement (il regarde ses mains), pour des raisons... je le vois bien quand je prends ma guitare. J'essaye, hein ! Je me dis que je pourrais faire autre chose... (l'air attendri) et puis je me dis qu'il n'y a rien de mieux de toute façon, ça n'existe pas.

Vous écoutez toujours du bon vieux punk ?

Didier Wampas : Pas souvent. Je réécoute rarement mes vieux disques. De temps en temps, mais ils sont en moi. Je n'ai plus besoin de les écouter. De temps en temps j'écoute un Ramones, mais... je n'ai pas écouté Nervermind The Bullocks depuis longtemps par exemple.

Vous avez déjà songé à vous produire sur scène avec tout un orchestre philharmonique, ou un Big Band, comme a pu le faire un Brian Setzer ?

Didier Wampas : ... pourquoi pas. Sans plus, mais pourquoi pas. Je serais prêt à tout faire, je ne me mets pas de limite. Je n'ai pas super envie, faire des chansons en trois accords ça me suffit, mais pourquoi pas.

Rétrospectivement, quel regard portez-vous sur vos premiers albums ?

Didier Wampas : (Il hésite) Je suis content, oui et non. Il n'y a aucun disque dont je sois super content, mais je les regarde avec tendresse. Avec le recul, je suis plutôt satisfait, y'a des trucs bien quand même. J'ai un peu de mal avec le premier, mais à partir du deuxième c'est vraiment les Wampas. Le premier, pas vraiment.

Qu'est-ce que vous regrettez d'avoir fait, ou de ne pas avoir fait ?

Didier Wampas : Je ne regrette rien du tout, je suis content de tout ce qu'on a fait. Je ne referais pas la même chose, mais comme de toute façon on ne peut pas refaire, je ne me pose pas la question. Je n'ai aucun regret : on a fait de notre mieux, où on était, avec les moyens qu'on avait. Je suis content de tout ce qui s'est passé.

Y a-t-il une de vos chansons qui aurait mérité plus de succès selon vous ?

Didier Wampas : Non, je ne les mets pas toutes au même niveau, mais je ne suis pas assez prétentieux. Je ne me prends pas pour un génie. Je suis déjà content que des gens viennent voir ces chansons en concert, qu'ils les écoutent. Après, je ne me dit pas : " j'aurais dû vendre des millions de disques ", je m'en fous. Je suis déjà vachement content de ce qu'on a. Même avant Manu Chao, je ne me disais pas " j'espère qu'on jour on aura plus de succès ". Quand on a sorti Kiss j'étais super heureux. Réussir à faire un disque dont on soit contents, avec de bonnes chansons, faire des concerts... je ne demandais rien de plus, franchement, j'avais déjà tout ce que je voulais. Après tout le reste c'est du bonus, tout ce qu'il peut y avoir en plus tant mieux. Je ne demande pas plus de succès que ça. S'il y en a plus un jour, ou s'il y en a moins, tant pis. Même pas " tant pis ", parce que je m'en fous vraiment.

Donc l'argent c'est secondaire... si on vous propose de jouer à un mariage pour dix millions de dollars...

Didier Wampas : (Rires) Dix millions de dollars, remarque, ça fait réfléchir. Un mariage privé pour dix millions de dollars, là ça devient rock'n'roll, donc je veux bien !

Vous faîtes le Zénith trois jours après Iggy Pop and The Stooges. Franchement, tout ce qu'on entend sur le punk comme expression d'une frustration, d'une rage adolescente, c'est des conneries, non ?

Didier Wampas : Oui. Complètement.

Avec l'âge, le punk prend tout son sens ?

Didier Wampas : Oui. C'est une question de sincérité, d'avoir quelque chose à dire. Il y en a qui n'ont rien à dire à 20 ans, d'autres qui ont quelque chose à dire à 60 ans. Il y a plein de groupes qui à 20 ans n'ont rien à dire, donc ils n'auront peut être rien à dire plus tard. Il n'y pas de raison qu'il n'y ait que dans le rock'n'roll que les disques soient de moins en moins bien. Dans l'art en général, dans la musique, dans la peinture, dans le cinéma, les gens font des choses de mieux en mieux, il n'y a pas de raison que dans le rock'n'roll ce ne soit pas la cas. Je refuse cette fatalité.

L'essentiel c'est de rester " punk " dans sa tête, de garder cette étincelle ?

Didier Wampas : Oui, enfin punk ça ne veut rien dire, mais c'est de garder cette fraîcheur. Faire ce qu'on a envie de faire, comme on en a envie. Rester innocent, essayer de garder des qualités d'enfance, ou d'adolescence... Ce n'est pas refuser de grandir non plus !

Sur votre site internet, on peut voir qu'un membre du groupe Kyo a dit de vous : " Si c'est ça le punk c'est pas glorieux. J'ai mal aux couilles ". Ca vous fait plaisir ?

Didier Wampas : (Tout sourire) Ca me fait rire. C'est nous, le groupe, qui l'avons rajouté au dossier de presse, c'était tellement drôle. Il y a eu des histoires après les Victoires de la Musique, avec Kyo... je ne veux pas rentrer dans les détails. Donc voilà, ils nous détestent et je suis bien content. Etre détesté par Kyo, c'est bien, non ?

Si demain une major vous propose un pont d'or, vous signez ?

Didier Wampas : Non, ça ne veut rien dire un pont d'or. On est bien, on a de la chance de ne pas être sur une major. Là il y a Universal au-dessus, mais ce n'est pas une major, c'est une petite boîte. Il y a dix personnes qui y travaillent et ça fait du bien. Quand tu vas chez Sony, il y a dix étages... je travaille à la RATP, c'est pas pour être chez Sony ! C'est mieux d'être dans une petite structure, tu peux parler au patron.

Si la maison de disque vous appelle et vous dit que Johnny, dans un moment de folie, vous demande d'écrire un chanson pour lui, vous le faîtes ?

Didier Wampas : C'est fait, c'est une histoire vraie cette chanson. Je ne mens pas dans mes chansons. J'ai écrit la chanson, c'est Christine. Je suis rentré chez moi, et je me suis dit : " tiens je vais écrire une chanson pour Johnny ". Mais on ne lui a pas envoyé, on l'a gardée pour nous.

Il y a un artiste pour lequel vous auriez envie d'écrire une chanson, ou vous préférez chanter vous-même ce que vous écrivez ?

Didier Wampas : Oui, mais dans l'absolu pourquoi pas. J'ai commencé ; avant je n'arrivais pas à écrire pour les autres, là je l'ai fait pour Indochine. Je ne mets pas de limite, on verra bien, au cas par cas. Je ne projette pas.

Il y a quelque chose qui perturbe dans votre dernier album. (Air étonné, puis intéressé) L'histoire des punks qui vendent des crêpes contre l'avortement, elle vient d'où ?

Didier Wampas : C'est une histoire vraie, faut pas croire que je mens dans mes chansons ! J'ai vraiment vu des punks, ce n'était pas en France, c'était aux Etats-Unis. Je me suis retrouvé à Boston le jour de la convention démocrate, par hasard, et il y avait des conservateurs qui défilaient contre l'avortement. Et il y avait vraiment des punks, qui avaient un stand et vendaient des crêpes.

Vous avez fait produire votre dernier album par l'excellent Ken Allardyce, venu directement des Etats-Unis. Vous n'avez pas été tentés de le produire vous-mêmes, à la " do it yourself " ?

Didier Wampas : Moi j'aimerais bien mais... Il n'y a que Kiss qui ait été fait comme ça. C'est peut être celui que je préfère. (Soupir) Je ne sais pas, j'aimerais bien.

Qu'est-ce qui vous bloque ?

Didier Wampas : Je n'ai aucune technique, je n'y connais rien, ça ne m'intéresse pas, je m'en fous, j'ai juste envie de faire un disque. Ceci dit je pense que ce serait bien de faire un disque comme tu veux, en s'en foutant pas mal de la règle qui existe. Kiss a un peu été fait comme ça et je suis assez content de celui-là mais bon, c'est bien aussi de travailler avec d'autres gens, c'est intéressant. Mais des fois je me dis que j'aimerais bien le faire. Faire quelque chose de totalement expérimental. Je crois que le prochain... j'en ai un peu marre des disques bien produits. Je m'en fous du son, donc plus crade obligatoirement. Le prochain j'aimerais bien le faire plus personnel, plus expérimental.

Vous disiez que John Cale est un escroc. Y a-t-il à l'inverse un producteur avec lequel vous aimeriez particulièrement travailler ?

Didier Wampas : Non, je ne crois pas. La production, ça ne me fait pas rêver. Mais un producteur c'est vachement utile : sur notre dernier disque, il était plus qu'utile. C'est super important un producteur. Mais... Phil Spector, enfin là il est en prison, je ne sais pas s'il a payé sa caution ou pas... c'est trop vieux. Aujourd'hui, je ne sais pas si ça vaudrait le coup. Eno... Se faire produire par Moby, est-ce que ça veut dire quelque chose pour nous ? Je n'en sais rien, ce sont des rencontres de toute façon. J'ai rêvé de producteurs il y a longtemps, mais aujourd'hui... J'aurais rêvé de me faire produire par Spector, mais aujourd'hui, je m'en fous un peu. Ce sont des rencontres, tu ne sais jamais ce que ça va donner.

Vous faites la tournée avec Tony Truant, qui a un beau parcours derrière lui. Y a-t-il des musiciens avec lesquels vous voudriez jouer ?

Didier Wampas : Non, je m'en fous un peu. Pour l'instant c'est bien comme ça, je suis content de faire un groupe comme ça. Je n'ai pas d'envies spéciales, on verra bien. (Il touche du bois) Je ne me projette tellement pas dans l'avenir, à aucun niveau que... Le concert de demain, je n'y pense même pas. On verra demain matin. C'est vraiment au jour le jour qu'il faut vivre ça.

A ce propos, vous avez un show bien à vous sur scène. Est-ce que vous le planifiez, ou bien est-ce de l'improvisation ?

Didier Wampas : C'est pareil, on essaye de planifier le moins possible, mais tu dois obligatoirement. Au début des tournées je refuse ça, puis petit à petit ça se fait, tu fais ce dont les gens ont envie. Ils ont envie de voir les Bottes Rouges, ils sont contents. Tu te dis " merde, je ne vais pas remettre ma chaise dans le public ", mais les gens sont contents, moi aussi, et donc des fois je me dis : " allez ", il y a deux dates j'ai remis la chaise, j'ai refait les Bottes Rouges ; ce n'est pas planifié. Le mieux, c'est quand ce n'est pas planifié, quand c'est le hasard. C'est quand ça déraille, que ça commence à déraper que c'est bien.

Quand vous faites cent cinquante dates, il n'y a pas une lassitude qui s'installe ?

Didier Wampas : Non, jusqu'à présent chaque concert est différent, je touche du bois. Je ne planifie pas, je ne pense pas au futur.

Vous êtes annoncés le 15 mai à un gala d'HEC. Vous n'avez pas peur de tomber sur un public... peu réceptif ?

Didier Wampas : On l'a déjà fait, c'est intéressant de faire ce genre de trucs, ce genre de public différent. On a déjà fait les grandes écoles, c'est un peu " space " mais c'est marrant. Ils sont assez à fond (il mime l'ivresse), généralement ils sont dans un état...

Donc autant de plaisir dans la petite salle de province, à un gala HEC ou au Zénith ?

Didier Wampas : Oui, c'est bien de jouer dans pleins de trucs différents.

Demain, dans l'arène du Zénith, vous avez choisi d'accueillir Naast et Second Sex en première partie, après vous être vous-même produits au Gibus. Une impression sur cette nouvelle scène parisienne ?

Didier Wampas : C'est bien que ça existe. Je ne sais pas ce que ça va donner musicalement, je n'ai pas encore entendu leurs disques. J'ai entendu des démos vaguement. On verra bien. Nous on a commencé comme ça, en faisant les premières parties, donc si on peut renvoyer l'ascenseur, tant mieux. Ca nous a semblé évident. Quand on a joué au Gibus on s'est dit : " allez, on les prend au Zénith, c'est bien de le faire ".

Vous n'avez pas peur qu'ils essayent de vous bouffer tout cru ?

Didier Wampas : Si, tant mieux. Ce n'est pas évident. La première partie de la Mano (Negra), c'était pas toujours facile : faire des grandes, grandes scènes, quand tu n'as pas l'habitude... Un public qui n'est pas venu pour toi...

En ce moment on constate une véritable effervescence en Grande-Bretagne, avec de nouveaux groupes qui apparaissent toutes les semaines. Un avis sur tous ces jeunes nourris au punk, à la new wave... ?

Didier Wampas : Il y a plein de trucs bien qui sortent, et je ne me pose pas de question métaphysique par rapport à ces groupes là, si ça me plait, si je suis content d'écouter. Radio 4 j'aime bien, mais plein d'autres groupes aussi. Si ça sonne Clash ou Specials, tant pis, si les chansons sont bien et que ça me fait plaisir d'écouter...

Ca vous fait de la peine qu'un groupe comme Arctic Monkeys ait vendu plus de disques que les Beatles ?

Didier Wampas : Non, rien ne me dérange. Ce n'est pas le meilleur groupe que j'aie entendu... je trouve pas ça grandiose. Ce ne sont pas les meilleurs, mais ce sont ceux qui ont vendu le plus...

En ce moment, quelles sont vos idoles ? Pour qui est-ce que vous payeriez pour assister à un concert ?

Didier Wampas : A part Morrissey je n'ai plus vraiment d'idole. Pour Morrissey je ferais l'effort. C'est le seul... comme il le disait dans une de ses vieilles chansons : " The last of the famous international playboys ". C'est vrai, c'est le dernier des grands, c'est le dernier monstre.

Vous allez souvent à des concerts à Paris, en tant que " spectateur lambda " ?

Didier Wampas : Non, on fait tellement de dates en ce moment. Quant tu tournes tout le temps, quand tu rentres à Paris, tu es... Là on est rentrés lundi matin - lundi midi, je ne suis pas allé voir les Stooges lundi soir. Quand tu rentres de dix jours de tournée... même si c'était à côté de chez moi je n'avais pas envie de ressortir pour les Stooges !

A part les Stooges, qu'est-ce que vous pensez de toutes ces reformations en chaîne ?

Didier Wampas : Tout le monde s'est reformé, tous. Les Stones, eux, n'ont pas arrêté. Les reformations, c'est toujours bizarre. C'est pour ça que je n'arrête pas, parce que tout le monde se reforme. Alors si c'est pour se reformer un jour ce n'est pas la peine qu'on s'arrête. Je suis toujours circonspect, c'est toujours bizarre les reformations. Il n'y a pas beaucoup d'intérêt musical ; si c'est juste pour rejouer les vieilles chansons, ce n'est pas très intéressant. Si c'est pour faire des disques pas terribles, ce n'est pas très intéressant non plus... Mais bon, pourquoi pas ; il y a des groupes, ça m'a fait plaisir de les revoir.

Vous iriez revoir les Rolling Stones ?

Didier Wampas : Je ne sais pas, pourquoi pas, mis ça ne m'excite pas plus que ça.

Osons une transition hasardeuse : en parlant de Rolling Stone, est-ce que vous lisez la presse musicale ?

Didier Wampas : Je ne lisais plus depuis longtemps la presse musicale française, maintenant je me suis abonné à Q et à Mojo. Je préfère lire les trucs anglais : ce n'est pas plus intelligent, mais il y le décalage... Dès que je lis les trucs français, ça m'énerve trop.

On a pu lire que vous n'étiez pas en parfait accord avec Bernard Lenoir par exemple... Il ne vous a jamais proposé une Black Session ?

Didier Wampas : (Amusé) Je n'ai pas de relations houleuses avec lui, j'ai simplement dit du mal de lui dans Rock & Folk ! Non, il ne nous a jamais proposé une Black Session, mais ce n'est pas pour ça que j'ai dit ça. C'était pour dire que ça ne m'étonnait pas. J'écoutais son émission, il n'a jamais passé de punk. Les premiers trucs qu'il a passé c'était Police et Joe Jackson. Il n'a jamais passé un Clash, un Damned, un Sex Pistols, jamais. Donc ça ne m'étonne pas qu'il ne nous demande pas de passer dans son émission, et je suis content, puisqu'il n'aime pas le vrai punk. Ca ne m'étonne pas, c'est ça que je voulais dire. (En riant) Il a dû mal le prendre, je pense !

Quelles relations vous avez avec la presse française ? On ne vous voit pas énormément...

Didier Wampas : On n'est pas très demandeurs non plus...

Est-ce que tout le côté hype de la presse musicale, le côté " vie autour de la musique " des rocks stars, comme on peut le voir autour d'un Pete Doherty en ce moment, vous énerve, ou bien est-ce la face du rock'n'roll que vous appréciez ?

Didier Wampas : (Il hésite) Je ne sais pas... Ca m'énerve un peu, mais bon, en même temps, il le veut bien. C'est un peu énervant. Quand tu sais en plus... Moi j'étais fan, je lisais Rock & Folk tous les mois, et j'étais super fan : je lisais tout, je prenais tout comme si c'était l'Evangile. Quand tu commences à savoir ce que c'est en vrai, à connaître les groupes, les rock critiques, comment les gens écrivent, comment est-ce que ça se passe... tu ne peux plus lire ça. Je me mets en colère à chaque page. Ce n'est pas du tout le monde réel ce qu'il y a là-dedans. Ca n'a rien à voir avec la vérité ce qu'il y a dans la presse, mais rien. Ca ne se passe pas comme ça du tout. On fait croire des choses au gens. Moi j'ai cru plein de choses pendant dix ans. Je les aime bien Rock & Folk, ils sont gentils, mais quand je lis Rock & Folk, c'est tellement loin de la vérité. En plus ils sont sincères à Rock & Folk, Manoeuvre je crois que c'est un mec sincère. Quand il met quelque chose en avant, c'est parce qu'il est fan, qu'il est content, qu'il a envie de le faire. Lui il est super fan, mais ce n'est pas ça le problème. Y'en a d'autres... et puis c'est toute cette ambiance... Quand tous les mois il faut que tu remplisses ton magazine, il faut obligatoirement aller chercher des trucs, des histoires, alors qu'il n'y a pas grand-chose à dire en vrai. Les groupes font leurs disques, ils jouent...

On dit que derrière chaque rock star sommeille un rock critique ; vous vous laisseriez tenter ?

Didier Wampas : Je l'ai fait une fois ! J'ai chroniqué l'album d'Indochine pour Rock Sound ou Rock One, je ne sais plus. C'était drôle ! Je ne sais pas si je le referai.

Y a-t-il des groupes avec lesquels vous soyez proches ?

Didier Wampas : Oui, avec les Têtes Raides, avec Louise Attaque, même Indochine maintenant un peu.

On vous a vu à la surprise générale en plein Paris, à un concert en plein air de Louise Attaque (ndlr : pour France 4)... c'était prévu ? Ca vous tenterait de faire des concerts improvisés en pleine ville ?

Didier Wampas : Oui oui, c'était prévu. Le public a bien réagi, ça s'est bien passé. Oui, ça me plairait de faire ça, mais ce n'est pas possible. Là c'était prévu, c'était autorisé par la Préfecture. On va faire la parade Solidays le 21 mai, on va jouer sur un char ! Ca va être bizarre...

Remerciements chaleureux à Didier Wampas et à Laurent Mechin d'Ephélide.


Par Bylli