Le 5 décembre 2006, à l'occasion du Périscope Tour (14 dates dans toute la France avec Maczde Carpate et Rhesus), deux membres de Kaolin nous accueillent backstage quelques minutes avant le concert pour une petite interview…

Installés confortablement dans le canapé du Ninkasi Kao, June (guitare) et Ludwig (guitare) répondent aux questions d'AlbumRock.

 


AR : Pourquoi le nom Kaolin ?

June  : Il fallait trouver un nom de groupe qui plaise à quatre personnes, qui sonne plutôt bien, sans gros jeu de mots comme on peut très bien le faire en France. On a cherché très naïvement et très simplement sur un gros dictionnaire et on est tombés d'accord sur "Kaolin" qui est une petite montagne en Chine où a été trouvée pour la première fois la matière qui fait la porcelaine, et qui, en Europe, a été appelée le kaolin.

 

AR : Depuis quand vous connaissez-vous ?

June  : On se connaît depuis bien plus longtemps que le début du groupe. Il y a mon frère, forcément, que je connaîs depuis longtemps. Ludwig était en maternelle avec moi, on a toujours été plus ou moins ensemble. On a rencontré Olivier au lycée, il était en classe avec Lulu.
C'était il y a environ 10 ans.

Ludwig  : Le lycée, ça fait un petit moment quand tu y penses, 10 ans…

 

AR : Parlons de vos influences musicales les plus marquantes. Au début de Kaolin, quelles étaient vos influences ?

Ludwig  : C'était le milieu ou la fin des années 90. A cette époque c'étaient les Smashing Pumpkins, Radiohead, Muse. Aussi les vieux, Nick Cave, Neil Young, Dylan, Nick Drake.

 

AR : Pourquoi être passés de Barclay à at(h)ome, qui est un label indépendant ?

June : C'est très facile, on s'est fait virer de chez Barclay. On est arrivés chez at(h)ome parce qu'on a trouvé des choses qu'on avait pas trouvées ailleurs. Et pour éviter les erreurs qu'on avait faites avant.

Ludwig  : On a eu pas mal de contacts ; rien qu'au niveau artistique, at(h)ome voulait déjà signer Kaolin, ils avaient pas mal accroché sur le premier et le deuxième album et pour eux, c'était l'opportunité d'avoir sous leur aile un groupe qui correspondait à ce qu'ils voulaient dans leur maison de disque indépendante et aussi ouvrir leur panel musical.

 

AR : Pour « Mélanger les couleurs », pourquoi avoir choisi « Partons vite » comme premier single ?

Ludwig : Parce que naturellement, c'était le titre qui parlait le plus aux gens. On n'a pas voulu faire comme le premier ou le deuxième album, où on s'était posé 10 000 questions avant de sortir un premier single. « Partons vite » c'est le titre qu'on voulait faire écouter aux gens pour les toucher directement. C'était naturel et évident.

 

AR : De quoi êtes-vous le plus fiers concernant ce nouvel album ?

June  : On est super fiers de tout ce qu'on a fait parce qu'on s'entête à ne rien sortir qui ne nous plaise pas à tous les quatre. On est plus fiers de la liberté qu'on a su attraper là où on pouvait la prendre.

Ludwig : C'est d'avoir aussi travaillé dans une même direction. On a fait un premier album, qui est exactement comme on l'a voulu, donc on est très contents. Le deuxième album, on l'a voulu comme ça aussi, c'est-à-dire un peu plus électrique, un peu plus compressé, avec la satu à bloc, etc. On en est fiers. On voulait enchaîner ce schéma-là, on voulait visiter quelque chose d'autre, et c'est bien tombé parce que « Mélanger les couleurs » c'est vraiment au goût de chaque caractère dans le groupe. Si on partait dans quelque chose de pop/folk, comme « Partons vite » on continuait dans cette direction.

 

AR : Quelle est la pire critique qu'on vous ait faite sur cet album ?

June  : Ca fait trois albums qu'on sort, les mauvaises critiques, on est au courant. Honnêtement et sans vouloir être présomptueux, parmi les critiques que j'ai pu lire, je n'en ai pas lu de mauvaises. On a toujours été bien accueillis par les médias, ce qui ne veut absolument rien dire. Tu peux n'avoir que des mauvaises critiques et avoir fait un très bon disque.

Ludwig  : Tout le monde a suivi : les Inrocks, RockMag, Rolling Stone…

June  : Même Magic, qui nous a toujours chié sur la gueule…

Ludwig  : Ils ont un peu retourné leur veste, ça fait plaisir. On a eu un bel accueil, partout, sur les forums…

 

AR : Pourquoi cette volonté de chanter en français ?

Ludwig : C'est pas vraiment une volonté, c'est naturel.

June  : C'est juste la langue qu'on maîtrise à la perfection.

 

AR : Il y a des groupes comme Rhésus qui chantent en anglais…

Ludwig  : Eux dans leur façon de composer, ça leur va super bien. Rhésus en français je sais pas ce que ça pourrait donner, mais Rhésus en anglais c'est très bien. Kaolin chante naturellement en français. C'est notre façon de travailler et d'écrire des textes.

 

AR : Comment s'élabore une chanson chez Kaolin ? Qui s'occupe de quoi ?

June : C'est soit Ludwig soit Guillaume qui amène un titre guitare/voix et ensuite on s'enferme dans notre petit local et les idées fusent un petit peu. Puis il y a d'autres voix qui se rajoutent…

 

AR : Vous avez un Myspace : qu'est-ce que vous pensez des nouvelles formes de promotion ? Ca vous aide beaucoup ?

June  : C'est cool, on a rien à dire.

Ludwig  : J'aime beaucoup MySpace

June  : Ca nous aide comme tout le reste, à rencontrer des gens. C'est un média, ça sert à communiquer, échanger. Et ça permet peut-être aussi à des gens de communiquer avec nous alors qu'ils n'auraient pas pu le faire par ailleurs. Il y a une espèce de logique : un groupe a un MySpace dont on peut l'avoir là-dessus, c'est plutôt sympa.

 

AR : Votre position sur le téléchargement illégal ?

June  : Ça dépend… Moi, au tout début d'Internet, j'étais étudiant, ça allait doucement mais je téléchargeais quand même les titres que je n'avais pas les moyens d'acheter. Apparemment, les gens qui ont de l'argent ont un budget CD. Ils achètent des CDs et s'ils téléchargent ça ne veut pas dire qu'ils auraient acheté ce CD là en plus. Je pense que si tu as un budget CD, tu vas le dépenser. Tu vois ce qui t'intéresse, ce que tu n'aurais peut-être pas acheté...

Ludwig  : T'écoutes des chansons et hop tu vas acheter !

June  : Après il y a le piratage pur et dur. Etant donné qu'on pirate aussi nos albums, c'est un peu chiant parce que c'est à toi qu'on touche. Comme dans toutes les professions, quand c'est sur toi que ça tombe, tu trouves ça injuste.

Ludwig  : Ça évolue, il y a quelques années il y avait quelques types au lycée qui gravaient des CDs et qui les revendaient à toute l'école. Je pense que ça existe de moins en moins.

June  : Il y a toute une tranche de population qui a pas été formée à ça : ils ont 14 ans, ils ont envie d'écouter un titre, ils vont le chercher sur Internet, ils n'ont pas la culture de payer la musique. Avant Internet, il fallait forcément payer ou se faire faire des cassettes. Si tu es directement dans la situation où, si tu veux de la musique, tu n'as qu'à cliquer et tu l'as, c'est forcément moins facile de comprendre pourquoi il ne faut pas faire ça.

 

AR : Pourquoi tourner avec Maczde Carpate et Rhesus ?

Ludwig  : C'est une opportunité qu'on nous a offerte. On a fait quelques dates avec Maczde mais aussi avec Rhesus. Ça s'est bien passé, et le Périscope, qui est notre tourneur et celui de Rhesus, a voulu monter une tournée avec des dates importantes (comme aujourd'hui Lyon) mais aussi des endroits - on va dire - obligatoires. C'est super intéressant, on s'entendait bien, c'était naturel pour nous de tourner avec ces gens-là. Même si on fait pas exactement la même chose, ça permet d'offrir au public plusieurs ambiances.

 

AR : Des projets pour le futur, soit en groupe, soit perso ?

Ludwig  : Pour l‘instant on défend « Mélanger les couleurs », on pense pas au futur…

June  : A part devenir beaux, riches et célèbres…

Ludwig  : On défend notre album...

 

AR : Maintenant que vous avez un public de plus en large, est-ce que vous vous sentez obligés de devenir un peu plus engagés ?

June : Pas du tout. L'engagement, c'est bien quand tu ne fais pas suivre les autres mais quand tu les fais réfléchir. Quand tout le monde réfléchira par ses propres moyens, ça marchera beaucoup mieux que si tout le monde suit ta grande direction, même s'il y en a finalement qui ne sont pas d'accord avec l'idée que tu as. Ca ira mieux quand tout le monde aura réfléchi et quand on aura tous trouvé ensemble comment faire ça ou ça. Il faut déjà être très culotté pour montrer la voie à des gens et dire « regardez, c'est par là qu'il faut aller » parce que s'ils se pètent tous la gueule, c'est quand même un peu de ta faute. Après on ne sait pas ce qu'on va faire sur le prochain album, si ça se trouve je te dis non et il y aura deux fois plus de chansons engagées...

Ludwig : On sait pas…

AR : Vos meilleurs albums 2006 ?

Ludwig  : Albert Hammond Jr.

June  : L'album de Sean Lennon.

 

AR : L'album le plus honteux que vous ayez acheté?

June  : Acheté ?

AR  : Ou téléchargé, écouté…

Luwig  : Je sais pas si c'est très honteux mais c'est Queen…

June  : C'est pas honteux du tout Queen… Moi j'ai téléchargé le single « Toxic » de Britney Spears parce que je l'aimais bien…

AR  : Ça, c'est la honte !

 

Merci à June et Ludwig pour avoir répondu à nos questions. Et merci à Flo de chez at(h)ome !