Plein de bougies bougies : Temple of the Dog, Temple of the Dog

Album : Temple of the Dog - Artiste : Temple of the Dog - Date de sortie : 16 avril 1991 - Label : A&M - Producteur : Rick Panashar - Chronologie : unique album studio du groupe

Voilà 25 ans, le monde entamait une profonde révolution sonore venue des tréfonds de Seattle et appelée grunge. À l'époque, avant l'explosion populaire de la bande à Cobain, on compte deux formations majeures : Soundgarden et Mother Love Bone. Les deux groupes sont menés par deux chanteurs hors-pair, et accessoirement copains dans la vie, Chris Cornell et Andrew Wood. Les groupes tournent avec succès et l'avènement prochain du genre semble promettre monts et merveilles aux deux formations. Sauf que.

Sauf qu'Andrew Wood est très accro à l'héroïne et que comme d'hab, l'héroïne finit par avoir sa peau le 19 mars 1990. Cornell est inconsolable. Il lui faudra six mois pour remonter la pente et embaucher les orphelins Stone Gossard et Jeff Ament, guitariste et bassiste de Mother Love Bone. 

Les trois hommes travaillent à ajuster et fignoler les compositions entamées pendant la précédente tournée. Cornell appelle Matt Cameron, batteur de Soundgarden, en soutien pendant qu'Ament et Gossard rameutent deux jeunots encore inconnus du grand public, le guitariste Mike McCready et le chanteur Eddie Vedder.

La troupe se retrouve aux London Bridge Studios de Seattle fin novembre 1990 pour enregistrer l'album du groupe juste nommé Temple of the Dog, en référence aux paroles du titre "Man of Golden Words" de Mother Love Bone. Deux semaines suffissent à Temple pour enregistrer dix titres, tous écrits par Cornell. L'ambiance musicale est au beau fixe malgré l'évidente peine qui trouble le groupe. Absolument pas perturbés par cette première expérience en studio, McCready et Vedder étonnent Cornell, le premier par l'assurance de son jeu de guitare, le second par ce grain de voix si singulier.

Très mélancolique, l'album comprend deux titres évoquant explicitement la mort de Wood, "Say Hello 2 Heaven" et "Reach Down" et son épique solo de guitare où McCready inonde de sa classe un morceau noir et profondément rock au midtempo ensorcelant. Le reste évoque des problématiques plus variées, chères à Cornell : la politique sociale est visée dans "Hunger Strike" par exemple. L'association de la voix puissante de Cornell et du chant habité de Vedder crée une alchimie incroyable sur "Your Savior", "Pushin Forward Back" (seul morceau composé par Ament) ou encore l'épique "Hunger Strike" et son arpège langoureux. Si Vedder n'était pas prévu sur le titre initialement, il supplée Cornell sans prévenir, ce dernier étant vocalement à la peine, et restitue une partition quasi-parfaite avec un instinct rare. "Exactement ce qu'il fallaire faire", selon Cornell.

Temple of the Dog choisira de ne pas nommer son album qui devient donc automatiquement un éponyme. L'album ne fonctionne pas à sa sortie, le 16 avril 1991. Un an plus tard, les critiques se réintéressent à ce bijou du rock qui a vu une formation éphémère rendre un hommage sobre et d'une classe incroyable à l'un des meilleurs chanteurs de la mouvance dont tout le monde se revendique alors fan, le grunge. 

Ah oui, et pour la petite histoire, Temple of the Dog, soustrait à Chris Cornell, deviendra Pearl Jam.