
Metric
Synthetica
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1- Artificial Nocturne / 2- Youth Without Youth / 3- Speed The Collapse / 4- Breathing Underwater / 5- Dreams So Real / 6- Lost Kitten / 7- The Void / 8- Synthetica / 9- Clone / 10- The Wanderlust / 11- Nothing But Time


On  devrait toujours croire a minima ces satanés artistes lorsqu’ils  affirment sereinement que leur nouvel album est leur meilleur à ce jour,  surtout quand ils se mettent à argumenter derrière. On se rappelle de  Sel Balamir qui, l’an dernier, avançait en toute modestie que The  Octopus était le meilleur disque d’Amplifier, que le groupe ne ferait  jamais mieux et qu’il s’agissait d’un disque majeur, et on n’oserait  toujours pas lui donner tort aujourd’hui. Cette fois-ci, on se trouvait  émoustillé par les déclarations d’Emily Haines, la sirène de Metric, à  propos de Synthetica : "Ça  sonne comme la culmination de tout ce que nous avons fait. Nous avons  toujours entendu un son dans nos têtes que nous espérions réaliser et  nous l’avons finalement entendu revenir par les haut-parleurs cette  fois-ci". Et le pire, c’est qu’elle a raison.
On  sentait lentement monter les canadiens en force, après deux albums  frais et relativement innocents mais surtout après un Fantasies qui  montrait une nette évolution vers une musique plus mûre et profonde.  Même si ce disque pêchait par des défauts gênants (morceaux trop longs,  rythme parfois flottant, sans compter quelques ratés sur des balades très  moyennes comme "Twilight Galaxy" et "Blindness"), on ne se serait pas  permis de balayer d’un revers de la main les espoirs fondés en la bande  d’Emily Haines, l’une des chanteuses les plus sensuelles et douées de sa  génération. De fait, Synthetica a pris le parti judicieux de gommer les  manques de son prédécesseurs : les morceaux sont plus ramassés, la  constance est au rendez-vous et les titres lents et flottants ont été  écartés du programme. Plus encore, ce quatrième album réalise une  progression fluide, homogène et d’une cohérence assez inédite tout en  gommant certaines sonorités 80’s un peu cheap. Résultat : on attendait  un vrai grand disque pop-rock dans les années 2010 ? Il vient tout juste  d’arriver.
Ne  pas forcément se fier à la lancinance et à l’absence quasi-totale de  mélodie de "Youth By Youth", anti-single balancé sur les ondes pour préparer le terrain. Difficile, en effet, de comprendre ce qui a  poussé Metric à proposer ce titre redondant et monolithique comme  ambassadeur de sa nouvelle oeuvre, du moins dans un premier temps. Car voilà un morceau qui,  s’il ne paye pas de mine de prime abord, dévoile des trésors  d’entêtement au son d’une batterie implacable, d’une basse profonde et  de la diction encore une fois fantastique de mademoiselle Haines,  sublimant son chant monotonal en de troublantes inflexions  redoutablement mises en rythme. Ce parti pris de titres sans refrain, régulièrement mis en application sur Synthetica, fait  immanquablement mouche à tous les coups, comme sur l’introductif "Artificial  Nocturne", évanescent et radieux tout à la fois et offrant un  contrepoint idéal à la rythmique trépidante du single à suivre. Autres  réussites dans le même moule, "Dreams So Real", crissant et prégnant à  souhait dans son atonalité, ou encore "The Void" qui, à l’inverse, met  en valeur une mélodie évidente au rythme d’une basse enivrante et de  touches synthétiques justement dosées. C’est d’ailleurs là tout l’attrait  de Synthetica : celui de sonner rétro sans être le moins du monde  ringard, empruntant aux années 80 le meilleur (les couplets U2isants sereins de "Breathing Underwater", les synthés miroitants de "Clone")  tout en délaissant les empreintes vocales datées ou les instruments  kitchs et clinquants. 
Tout  est ici impeccablement mis en forme, que les titres se fassent pudiques  et rêveurs ("Speed The Collapse") ou au contraire teigneux et plein de  morgues ("Synthetica"). Il n’y a rien à jeter, l’album sait se faire  varié, avec quelques truculences comme les beats futiles et  enfantins de "Lost Kitten" ou les décalages rythmiques troublants de "Nothing But Time", épatante conclusion ; mais paradoxalement, on l'a dit un peu plus haut, le disque  se révèle pour autant parfaitement homogène et cohérent. Une réussite  absolument magistrale que ne ternit même pas la (moins) bonne  collaboration avec Lou Reed sur "The Wanderlust" : pas que le vieux  ténor du Velvet plombe l’affaire, au contraire, mais le titre en  lui-même est probablement le moins intéressant du lot. En tout cas, que  cela ne vous empêche pas de foncer sur cet album... et  pour une fois, ne vous fiez pas aux avis spécialisés qui traînent un peu  partout sur la toile, plutôt favorables mais sans plus : Synthetica se  pose d’ores et déjà comme l’album pop-rock de l’année, sans aucune  contestation possible, et permet de confirmer tous les espoirs que nous  placions en Metric. Un groupe sur lequel il faudra désormais compter,  et pas qu’un peu.
























