Bat For Lashes
Fur And Gold
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1- Horse And I / 2- Trophy / 3- Tahiti / 4- What's A Girl To Do / 5- Sad Eyes / 6- The Wizard / 7- Prescilla / 8- Bat's Mouth / 9- Seal Jubilee / 10- Sarah / 11- I Saw A Light
Eté 2006, la presse rock britannique est en émoi devant un nouveau groupe au nom incompréhensible tout droit débarqué de Brighton, Bat for Lashes. L’émerveillement se propageant en France notamment via des compilations de l’été à forte tendance facheune, la méfiance est donc de mise. Est-ce encore un autre groupe à la mode, porté aux nues avant d’être voué aux remarques acides et aux mandales verbales une fois le succès rencontré ? Un groupe vite oubliable, aisément balayable par une nouvelle tendance ? Car, comme la plupart des artistes à la mode, les Bat for Lashes ont le style. Elles ont un joli minois, s’habillent comme des hippies, utilisent un stick de chef indien en concert pour battre le rythme, et ont pour meilleur pote Devendra Banhart. Mais, et c’est là toute la différence, contrairement à la plupart des groupes actuels qui ont le style, Bat for Lashes a une identité totalement originale et produit une musique qui ne ressemble à aucune autre.
Souvent comparée à Cat Power, Bat for Lashes s’en écarte pourtant, notamment par le nombre et l’incroyable richesse des instruments qui jalonnent son premier album, Fur And Gold. L’auditeur est tout enrobé dans un cocon musical tissé par les cordes pincées des violons, la harpe, les cuivres, le clavecin, et ce tambour au bruit rond, au-dessus desquels se pose délicatement la voix de Natasha Kahn. Elle prend l’auditeur par la main et le transporte dans un univers où se mêlent chamanisme, contes pour enfant et histoire d’amours effilochées. Chaque chanson a sa propre ambiance, comme autant de petits courts-métrages. Dès l'ouverture, au son du clavecin, "Horse and I", né d’un rêve mettant en scène Jeanne D’Arc, pose les bases de ce qui suivra : mélodies enchanteresses, paroles empruntes de mysticisme, chant et vocalises totalement maîtrisés rappelant du grand Björk. "Trophy" suit impeccablement dans sa litanie chamaniste. De cet album semblent s’échapper des étincelles magiques propulsées par les petites notes de pianos sur "The Wizard", par les clappements de mains sur "Prescilla", et par les chœurs vaporeux de "Seal Jubilee" qui s’entrelacent aux instruments. L’aspect le plus impressionnant de Fur and Gold réside sans conteste dans la beauté des mélodies très travaillées ("Tahiti", "The Wizard") qui achèvent d’emporter l’auditeur.
Natasha Kahn, petite sorcière folk, tisse un album d’un genre totalement singulier, un album quasi parfait, si l’on oublie le soporifique "Sad Eyes" et le décevant "I Saw A Light" qui clôt l’œuvre. Grâce à cette identité si particulière, Bat for Lashes parvient à se soustraire à l’effet de mode en produisant cet univers mystérieux et difficilement imitable. On n’arrive presque pas à douter qu’elle passera le test du deuxième album aisément, sans pour autant générer des groupes-clones musicaux susceptibles de lui voler la vedette.