↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Bent Knee


Twenty Pills Without Water


(30/08/2024 - Take This To Heart Records - Art rock - Genre : Rock)
Produit par Vince Welch

1- Enter / 2- Forest / 3- I Like It / 4- Illiterate / 5- Big Bagel Manifesto / 6- Cowboy / 7- Never Coming Home / 8- Comet / 9- Drowning / 10- Lawnmower / 11- DLWTSB / 12- Exit
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (6 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.5/5 pour cet album
"6-2 = 4,5"
Chrysostome, le 01/12/2024
( mots)

Rock progressif : De l’anglais progressive rock, une traduction plus correcte en ce sens serait rock progressiste, mais c’est le terme de progressif qui s’est imposé dans l’usage. Le terme évoque la volonté par les auteurs du genre de faire progresser le rock au-delà de ses carcans habituels, tant au niveau instrumental qu’au niveau des compositions (1). Cette erreur initiale de traduction va nous permettre de mieux définir Bent Knee pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler d’eux. Ce qui sera certainement nécessaire puisque malgré une discographie riche de 7 albums, ce groupe de Boston n’avait encore pas été chroniqué sur Albumrock. Le rock progressif a cherché à explorer des territoires jusque là inconnus dans la musique rock au début des années 70, avant que ces expérimentations ne deviennent des formules ou passages obligés par la suite (quelques exemples : l’album conceptuel, le morceau épique de 20 minutes, le long passage instrumental avec solos successifs). On attribue donc aujourd’hui l’étiquette rock progressif à des groupes qui imitent parfaitement, au choix, Yes, Genesis, King Crimson, etc. Bent Knee propose un rock qui sort des carcans sans tomber dans les clichés du rock progressif, en cela on pourrait être tenté de profiter de cette erreur de traduction et de dire d’eux qu’ils font du rock progressiste, pour bien les différencier de ceux qui reproduisent des formules à destination des nostalgiques de cet âge d’or. Pour bien faire cette distinction, certains préfèrent leur coller l’étiquette art rock, mais je la trouve réductrice.


Présentant un univers sonore recherché et abouti dès son premier album auto-produit en 2011, Bent Knee fait cohabiter merveilleusement morceaux mélodiques et passages plus ardus. Sur les quatre premiers albums, les titres se succèdent sans temps faible, on est impressionné par cette constance sans failles. Pour les deux suivants, le groupe fait évoluer son univers, vers quelque chose de très brut et bruitiste sur You know what they mean (2019), puis à l’opposé avec Frosting (2021) aux sonorités électroniques et influencé par l’hyperpop. Vous imaginerez facilement que cette dernière proposition était assez peu au goût des fans de longue date. Avec Twenty Pills without water, Bent Knee revient à un son bien plus proche des ses quatre premiers albums, tout en ayant délaissé les passages les plus ardus. En cela, ce disque représente une porte d’entrée idéale pour ceux pour qui la présence de titres metal ou expérimentaux aurait été rebutant.


Le départ de deux des membres du groupe (le guitariste Ben Levin et la bassiste Jessica Kion) et l’état actuel du monde ont amené les musiciens a développer dans cet album les thématiques de la dépression et de l’anxiété. Choisissant, à l’instar de Genesis avant eux, de poursuivre sans nouveau membre, les rôles des démissionnaires ont dû être répartis. Courtney Swain qui s’occupait déjà du chant et des claviers récupère la basse. Chris Baum (violon) et Vince Welch (synthés) s’occupent des guitares, mais aussi parfois des claviers pour le premier et de la basse pour le deuxième, Courtney ne pouvant bien évidemment pas gérer les deux instruments à la fois. Il en résulte que ce nouvel album met moins l’accent sur la guitare qu’avant, au profit d’un travail poussé sur les textures et les sonorités électroniques (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le groupe revendique Radiohead période In Rainbows comme influence).


A l’image de sa superbe pochette, c’est à un voyage que nous invite Twenty pills without water, les morceaux proposant des ambiances très variées. Cela va du martial et torturé "Forest" au catchy "I like it", en passant par le groovy "Illiterate" sur la première moitié de l’album. Les mélismes arabisants de "Big bagel manifesto", suivis d’une montée en puissance instrumentale progressive constituent un point d’orgue. On pense alors à Emel Mathlouti. La deuxième moitié se veut plus calme, avec notamment les chansons "Drowning" et "Lawnmower" sur lesquels Courtney qui a habituellement une voix puissante, interprète magnifiquement la fragilité due aux thématiques. On y trouve aussi l’énigmatique titre "DLWTSB", seul vestige restant de cette volonté de l’album précédent de coller aux modes actuelles (on est ici dans des sonorités revival synth-pop). De l’époque You know what they mean a été gardé l’idée d’ajouter des enregistrements étranges et lo-fi en introduction ("Enter") et en milieu d’album ("Cowboy"). Pour être honnête, l’intérêt de l’idée nous échappe et se sont des titres qu’on zappe systématiquement.


Si on fait abstraction de ces deux morceaux, Bent Knee a réalisé avec Twenty pills without water un album quasiment parfait, qui rejoint une longue discographie quasiment parfaite, et qui nous réconcilie totalement avec le groupe après la déception qu’a été Frosting. Et cela, face à l’adversité, puisqu’il a fallu poursuivre avec deux membres en mois. On peut en déduire l’équation suivante : on prend 6 musiciens, on en enlève 2 et on obtient un album à 4,5 étoiles !


(1) source : https://fr.wiktionary.org/wiki/rock_progressif 

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !