Big Business
Head for the Shallow
Produit par
1- O.G. / 2- Focus Pocus / 3- White Pizazz / 4- Stereadactyl / 5- Easter Romantic / 6- Technically Electrified / 7- Eis Hexe / 8- Off Off Broadway
Au premier coup d'oeil, Big Business étonne. La pochette, tout d'abord, à 100 000 lieues des lieux communs metal. Point de croix retournée, d'ambiance morbide ou de noir étouffant, mais des dessins presque enfantins qui font plutôt songer à un album de Cure ou n'importe lequel de ses disciples. Deuxième surprise, le groupe est un duo (rare en metal, où on a davantage tendance à augmenter le line-up que le restreindre), formé par un bassiste et un batteur. Du metal sans gratte ? C'est ce qu'on nous promet. On met donc le disque dans le lecteur. Un sifflement lointain, qui ressemble étrangement à celui de "Wings of Change" de Scorpions (?) ouvre l'affaire. On se demande vraiment ce qu'on va se prendre sur le coin de l'oreille. Puis, ça démarre, et alors...
Et alors on se rend compte que Big Business n'a pas l'intention (ou simplement la capacité ?) de réinvestir ou d'ajouter de nouvelles propositions au dogme metal. La première cause en est très certainement le son. S'ils évoluent en duo, ils invitent tout de même un guitariste sur la moitié de l'album. Cette première preuve d'impuissance illustre déjà la difficulté de jouer du rock (et à fortiori du metal) sans gratte. Le groupe commet l'erreur de vouloir compenser ce manque, qui aurait pu au contraire leur conférer une originalité (le manque devenant un plus), en bourrinant trois fois plus. Résultat : un son d'une grande laideur, très brouillon, sans ampleur ni richesse. La basse ne groove pas du tout, la batterie se lance dans d'infinis breaks au mépris de toute efficacité. Big Business veut faire autant de bruit à deux qu'à quatre, alors pourquoi ne sont ils pas quatre ? Pourquoi adopter la forme inédite du duo si c'est pour vouloir proposer la même chose que les autres ?
On pouvait se demander si les compos rattraperaient un peu le truc. Ce n'est hélas pas le cas, car là encore, le groupe ne fait preuve d'aucune originalité et se meut dans un conformisme désolant. Je serais bien incapable de recommander un titre plus qu'un autre. "O.G." et "White Pizazz" sont leurs plus acceptables. "Off off Broadway" clôt correctement l'album, au vu de tout ce qu'on a pu entendre. Pour le reste, Big Business reste dans l'anecdotique et flirte parfois dangereusement avec le daubesque, dans cette intro absolument calamiteuse de "Stereadactyl" (le morceau se rattrape ensuite). La voix, loin d'être inoubliable de Jared Warren, fait parfois songer à du Killing Joke fatigué ("Eis Hexe").
Bref, Head for the Shallow relève davantage de la grosse déception que de la bonne surprise. Le groupe ne livre pas l'album que sa configuration inédite laissait attendre. Pas sûr que l'amateur lambda de metal, pas forcément adepte de changements et de grandes remises en question, adopte le groupe, en raison de la pauvreté de la production et du manque d'ambition des chansons. Rien de particulièrement mauvais chez ces musiciens, mais strictement rien de transcendant non plus. Pour l'heure, le destin des Big Business les cantonne à d'efficaces et bourrines premières parties de concert.