Blackfoot
Marauder
Produit par
1- Good Morning / 2- Payin' for It / 3- Diary of a Workingman / 4- Too Hard to Handle / 5- Fly Away / 6- Dry County / 7- Fire of the Dragon / 8- Rattlesnake Rock 'n' Roller / 9- Searchin'
Cinquième album mais surtout troisième et dernier volet de la trilogie totémique de Blackfoot, Marauder (1981) constitue pour bien des fans l’ultime grand opus du groupe. Il est vrai que les Pieds noirs (le groupe est majoritairement composé de natives) menés par Rickey Medlocke auront marqué d’une pierre blanche l’histoire du rock sudiste dans une version saturée, alors même que Lynyrd Skynyrd avait vu sa carrière tragiquement stoppée par un accident d’avion.
De même qu’il est qualitativement dans la lignée de ses prédécesseurs, il est esthétiquement nourri aux mêmes dénrées musicales récoltées au soleil agressif qui illumine et assèche le Sud profond.
"Good Morning", heavy et véloce comme un train parcourant l’Ouest américain, associe parfaitement le hard-rock et les sonorités Dixie (les petites notes de guitare sur le refrain), de même que "Fire of the Dragon", une vraie réussite. Sur "Good Morning ", on décèle des touches d’Aerosmith, preuve d’un groupe qui peut se déployer au-delà de ses seules racines sudistes pour produire un hard-rock plus typiquement US – fédéral dirons-nous ("Payin’ For It", "Dry County", ou l’étonnant "Fly Away" qui joue sur le contraste entre un refrain beaucoup plus hard que le reste du morceau très doux). "Too Hard to Handle", avec son pont mexicain et son solo, atteint même une robustesse presque metallique, et s’avère être des plus saisissant – il est d’ailleurs amusant de noter que les Black Crowes, nouvelle génération du rock sudiste, choisiront de reprendre magistralement un titre d’Otis Redding qui possède quasiment le même intitulé.
Attention, évitons toute conclusion hâtive : Blackfoot demeure avant tout un groupe de rock sudiste. Les ballades qui composent Marauder en sont peut-être les meilleures preuves, de la langoureuse "Diary of a Working Man" bourrée d’arpèges avant une transition finale plus heavy, jusqu’ à "Searchin’" qui compte bien concurrencer "Highway Song" dans le cœur des fans (mais demeure trop FM pour le faire à mon goût). Sinon, on a de nouveau le droit à ce cher Shorty Medlocke au banjo en introduction de "Rattlesnake Rock’n’roller", une touche Dixie qu’on retrouve sur le titre quand il commence à décoller : son de serpent à sonnette, bottleneck, et boogie rock sont ici au programme.
Pour les amateurs, il est difficile de trancher entre les trois albums qui composent cet âge d’or, et la plupart préféreront prendre la série dans son ensemble sans effectuer un choix cornélien. Néanmoins, il semble que Strikes soit celui qui domine l’ensemble par son côté fondateur et son orientation un peu plus sudiste (l’épique "Highway Song" joue pour beaucoup dans cette appréciation). Dans tous les cas, le totem est désormais érigé, dressé pour de bon dans l'histoire du rock, contrairement à l’inspiration de Blackfoot qui connaitra un déclin parfois désolant.
A écouter : "Fire of the Dragon", "Too Hard to Handle"