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Critique d'album

Blur


Think Tank


(15/05/2003 - Delabel - Pop Rock - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Ambulance / 2- Out Of Time / 3- Crazy Beat / 4- Good Song / 5- On The Way To The Club / 6- Brothers And Sisters / 7- Caravan / 8- We've Got A File On You / 9- Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club / 10- Sweet Song / 11- Jets / 12- Gene By Gene / 13- Battery In Your Leg / 14- My White Noise (piste cachée)
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Loin des sentiers de la brit-pop, l'ultime mue du combo de Colchester. "
Maxime, le 03/06/2011
( mots)

On avait quitté Blur à la fin des nineties sur un énième changement de masque. Après avoir été successivement émule crâneur des Stone Roses, héraut de la British way of life, grand rival de la confrérie Gallagher puis disciple turbulent du lo-fi américain, le groupe donnait à son étiquette britpop de grands coups de machette le long d’un 13 dépressif, aussi tortueux que délicat. La décennie suivante sera celle de Damon Albarn, fringuant quadra baguenaudant des Gorillaz à The Good, The Bad And The Queen avec flegme, multipliant les collaborations avec une habileté narquoise, furetant entre les genres avec une curiosité vorace. En ce début de millénaire, la station Blur n’émettra qu’une fois, délaissée par ses géniteurs pour une durée indéterminée. Quid de cette septième réalisation ?

Think Tank entérine la prise de contrôle totale du groupe par son chanteur. Déjà peu enthousiasmé par le virage stylistique amorcé par le collectif sur 13 et miné par sa dépendance à l’alcool, Graham Coxon, guitariste historique, est remercié au beau milieu des sessions d’enregistrement et part donner un élan déterminant à sa carrière solo. Albarn domine alors la formation de tout son poids. Ses récentes explorations (la mise sur orbite réussie de Gorillaz, l’expérience africaine de Mali Music) se répercutent fort logiquement sur cet opus. L’enregistrement est écartelé entre Londres et le Maroc, l’afrobeat tente une incursion dans le décor en briques rouges des Anglais. Les guitares couinent moins que les claviers bleapent, les beats cadencent tandis que la batterie s’efface, Fatboy Slim produit trois morceaux. Le titre Think Tank est ainsi à prendre au pied de la lettre : il s’agit littéralement d’un réservoir d’idées, un OuPoPo (Ouvroir de Pop Potentielle) ouvert aux mutations et aux hybridations de la génération haut débit. Chaque piste est une vignette différente de la précédente, elle ouvre une fenêtre sur un paysage nouveau. Conséquence directe : le disque revêt un aspect un peu éparpillé, fourre-tout. Pas plus au fond que les autres réalisations de Blur, lesquelles ont toujours préféré les ivresses de la fulgurance à la rigueur froide de l’homogénéité.

Sous sa pochette grisâtre, Think Tank prend donc les traits d’un kaléidoscope bariolé braquant ses rayons sur tous les continents. Les percussions et la basse gironde de "Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club" dialoguent ainsi avec le dub souffreteux de "Brothers And Sisters", "Jets" clôt ses pérégrinations cadencées sur un solo jazzy. Les Gorillaz restent les maîtres de la piste, et maintiennent boucles rythmiques et samples triturés au centre des attentions sur une bonne moitié du disque ("Ambulance", "Good Song", "On The Way To The Club", "Gene By Gene"). Albarn se promène avec aisance au milieu de cette jungle électronique, son timbre d’éternel bambin en bandoulière, et trousse de superbes ballades teintées d’amertume (formidable "Out Of Time", "Caravan", "Sweet Song"), consolidant un peu plus son statut de songwriter protéiforme et d’artisan pop multi-casquettes. Une telle soif d’aventure a cependant son revers de médaille, l’album donnant parfois l’impression de n’être rien d’autre qu’une très belle rédaction rendue par le premier de la classe. On devine parfois un peu trop la langue plissée de l’écolier déterminé à épater le professeur par ses trouvailles savantes, tout en prenant soin de chiquer au naturel. Think Tank exhale par intermittences un petit parfum commerce équitable, limite, autant lâcher le mot, bobo. Lorsque le trio monte le son des amplis pour muscler un peu l’ensemble, il sonne aussi artificiel et vain que Sonic Youth se mettant à jouer du Green Day. On n’y croit plus. Les "yeah yeah yeah !" goguenards de "Crazy Beat" (médiocre single) et l’expéditif "We’ve Got A File On You" n’égalent en rien le binaire déluré d’un "Song 2". La fougueuse adolescence des Londoniens semble s’être fait la malle avec Graham Coxon, lequel, bon prince, a glissé "Battery In Your Leg" sur le paillasson avant de partir, un morceau qui ferme le disque en adoptant la même démarche que ses géniteurs : claudicante et élégante.

S’il est loin d’être parfait de bout en bout (ce que n’a jamais été un album de Blur), Think Tank attrape toutefois l’auditeur avec facilité dans ses filets. Et transforme une intuition en certitude : le grand rival de ces types-là n’était pas Oasis mais Radiohead. Les deux combos sont gouvernés par une soif identique d’inconnu, de renouveau perpétuel et une appétence pour les bricolages stylistiques. A la différence de la bande d’Oxford, Blur préfère à l’expérimentation nombriliste l’exploration espiègle, celle qui laisse encore à l’enfance son droit de cité, état créatif singulier retrouvé et décliné à l’infini, dans lequel le jeu reste ouvert à tous les possibles. Versant humble du monolithe Kid A, Think Tank martèle l’idée d’une pop comme cure de jouvence perpétuelle.

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