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Critique d'album

Creeper


Sanguivore


(13/10/2023 - Spinefarm Records - Horror Punk - Genre : Pop Rock)
Produit par Tom Dalgety

1- Further Than Forever / 2- Cry to Heaven / 3- Sacred Blasphemy / 4- The Ballad Of Spook & Mercy / 5- Lovers Led Astray / 6- Teenage Sacrifice / 7- Chapel Gates / 8- The Abyss / 9- Black Heaven / 10- More Than Death
Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Vampire Out of Hell"
François, le 25/04/2024
( mots)

Trop passionné de rock et de Metal pour écouter autre chose que ces genres et leurs dérivés, j’aurai du mal à avouer d’honteux plaisirs coupables qui seraient issus de musiques mainstreams actuelles et (soi-disant) moins nobles. Pas de rap, de rnb contemporain ou de pop, ni même d’eurodance, et comme de nombreux amateurs de musiques saturées, j’ai un temps été en colère devant cet étalage de mauvais goût. Rassurez-vous, je suis désormais apaisé, un modèle de flegme même, qui ne cherche plus aucune vérité esthétique et se complaît dans sa niche musicale. Je trouve même légitime qu’Aya Nakamura chante aux Jeux Olympiques de Paris – et je préfère cela à Eddith Piaf qui chante à Berlin en 1943 (note aux responsables, il n’est peut-être pas trop tard pour changer de répertoire).


Mais fort heureusement, le rock (au sens large) a fourni suffisamment de joyeusetés dans son histoire pour qu’on puisse se vautrer dans les plaisirs les plus honteux et saturés. Et de nos jours, il arrive que la vague retro-revival, qui nous submerge depuis plusieurs années, charrie dans son écume des sonorités qu’on pensait disparues au fin fond des 80’s. Cependant, les formations actuelles qui s’adonnent à ces sacrilèges bénéficient du recul des années et ont l’intelligence (et le savoir-faire) de les revisiter avec talent et justesse pour en gommer les aspérités trop répulsives. J’avoue que quand cela est bien fait, je cède facilement, comme je l’ai fait devant les deux derniers albums de Ghost ou plus récemment, devant le troisième album de Creeper, Sanguivore – guidé, à chaque fois, par de très belles pochettes.


Théorie du troisième album oblige, Creeper profite de cette nouvelle production pour s’éloigner de son punk-pop-horrifique et proposer une œuvre plus dense, variée et grandiloquente. Cette évolution stylistique ne sera jamais aussi bien mise en œuvre que sur "Further than Forever", opéra-rock de près de dix minutes qui opère une mise à jour de Bat Out of Hell. Chant emphatique, guitares bombastiques, narration épique, claviers ampoulés, découpage en mouvements, mélodies imparables et adolescentes : Meat Loaf peut ranger ses chauves-souris et laisser place aux vampires, thème principal de Sanguivore. Dans un registre Heavy ou dans celui de la ballade au piano, "Sacred Blasphemy" et "More Than Death" poursuivent cet hommage à leur façon respective.


Soucieux de proposer un album à l’atmosphère homogène, Creeper parvient tout de même à - littéralement - partir dans tous les sens : "Cry to Heaven" évoque Bonnie Tyler avec un décalage obtenu par le chant qui use de plusieurs mimiques avec humour, "The Ballad of Spook & Mercy" est théâtral comme Alice Cooper mais interprété comme Lou Reed ou Bowie (le solo est stupéfiant de simplicité) et "Black Heaven" s’engage dans la new-wave (introduit par le court "The Abyss", une variation sur un OST de film d’horreur des 80’s). En guise de célébration de leur substrat punk, il reste encore "Chaptel Gates" dont les refrains regardent plutôt vers la britpop.


Au sommet de son talent, Creeper libère des déluges d’enthousiasme avec ses pièces les plus rock : le gothique "Lovers Led Astray", provocation BDSM nourrie de coups de fouets et de synthés catchy, et "Teenage Sacrifice" au riff magistral et au rendu soigneusement kitsch. Deux pépites. 


De bout en bout, Creeper propose une œuvre inclassable, audacieuse, improbable, parfois viscéralement kitsch mais toujours pertinente et ô combien composée et interprétée avec talent. Je plaide coupable.


A écouter : "Lovers Led Astray", "Teenage Sacrifice", "Further than Forever"

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