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Critique d'album

Caravan


For Girls Who Grow Plump in the Night


(05/10/1973 - Deram - Rock progressif / Ecole de Ca - Genre : Rock)
Produit par

1- Memory Lain, Hugh / Headloss / 2- Hoedown / 3- Surprise, Surprise / 4- C'thlu Thlu / 5- The Dog, The Dog, He's At It Again / 6- Be Alright / Chance Of A Lifetime / 7- L'Auberge Du Sanglier / A Hunting We Shall Go / Pengola / Backwards / A Hun
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le dernier grand album de Caravan"
François, le 28/10/2023
( mots)

Entre instabilité dans son personnel et instabilité esthétique, Caravan peine à trouver son chemin depuis la sortie d’In the Land of Grey and Pink en 1971, son chef-d’œuvre à jamais inégalé. Sur Waterloo Lily, l’arrivée de Steve Miller avait apporté au groupe un tournant jazzy : le retour de David Sinclair aux claviers, qui chasse au passage son cousin Richard (remplacé à la basse par John Perry), et l’intégration de Geoff Richardson au violon alto, vont donner une toute autre dimension au cinquième album du combo, For Girls Who Grow Plump in the Night.


En effet, ce cinquième album est souvent considéré comme celui étant le plus nettement inscrit dans l’esthétique progressive, notamment grâce aux nombreux musiciens invités qui apportent une touche orchestrale et symphonique. C’est également l’opus le plus rock, entendre le plus électrique, comme en témoigne l’ouverture "Memory Lain, Hugh", au riff Heavy et à la rythmique presque disco, ambiance alimentée par le chant et le violon, avant une transition digne d’un vieux film en noir et blanc qui mène vers des claviers saturés et des contrées instrumentales plus douces. Egalement saturé, "C’thlu Thlu" développe en fin de première face, une ambiance inquiétante menée par une basse pachydermique et des nappes de claviers horrifiques, afin d’évoquer l’entité cosmique lovecraftienne. Si les parties chantées s’avèrent plus légères, le final Heavy est une pure merveille.


En même temps, For Girls Who Grow Plump in the Night est un album empreint de naïveté, qui regarde parfois dans le rétroviseur, que ce soit pour investir le rock enjoué et sautillant des 1960’s sur "Headloss" et "Hoedown", où les chorus de violon évoquent plus Hot Tuna que Curved Air, ou pour renouer avec les caractéristiques de la pop enlevée des débuts de la scène de Canterbury. Il en va ainsi de la petite ballade lumineuse "Surprise Surprise" ou du plus grandiloquent "The Dog, the Dog, He’s at It Again", carrément prog’ dans son excellent développement instrumental où les claviers brillent de mille feux.


C’est réellement à la fin de l’opus que le groupe glisse franchement vers le rock progressif. Entre Atomic Rooster et Gentle Giant, "Be All Right / Chance of a Lifetime" s’avère épique et cinématographique, électrique puis, dans une seconde partie, subtilement jazzy en offrant un superbe solo de violon. Avoisinant les dix minutes, la suite en cinq mouvements "L’auberge du Sanglier / A-Hunting We Shall Go / Pengola / Backwards / A-Hunting We Shall Go (Reprise)" synthétise la volonté de puissance électrique qui enrobe l’opus lors d’une première partie dominée par la guitare et le violon, et la direction progressive avec ses variations et le contraste installé par la deuxième partie très orchestrale (et moins convaincante).


For Girls Who Grow Plump in the Night est le dernier acte remarquable au sein de la discographie de Caravan qui, par la suite, ne sera plus que l’ombre de lui-même, s’abandonnant à une décadence irrésistible alors que Soft Machine s’engouffre dans un jazz de plus en plus académique. Heureusement, la chute des deux géants n’empêche en rien la scène de Canterbury de continuer, sous d’autres noms, son chemin au sein des musiques populaires progressives.  


À écouter : "Memory Lain, Hugh", "C’thlu Thlu", "Be All Right / Chance of a Lifetime"

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