↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Paul McCartney and The Wings


Band On The Run


(07/12/1973 - Apple - - Genre : Pop Rock)
Produit par Paul McCartney

1- Band On The Run / 2- Jet / 3- Bluebird / 4- Mrs Vandebilt / 5- Let Me Roll It / 6- Mamunia / 7- No Words / 8- Picasso's Last Words (Drink to Me) / 9- Nineteen Hundred and Eighty-Five
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (7 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Non, McCartney n'était pas fini"
Guillaume , le 08/10/2023
( mots)

McCartney devait se refaire une crédibilité auprès du grand public et des critiques. Depuis la cessation d’activités des Beatles, ces derniers tirent à vue à chaque nouvelle livraison de Macca. Il lui est reproché son penchant vers la mièvrerie et les mélodies ingénues à une époque qui ne s’encombre guère de subtilités. En guerre ouverte avec son ex-comparse, Lennon n’hésite pas à se joindre à la meute, lui qui se sent personnellement visé par l’infamant bélier que McCartney retient par les cornes sur la pochette de Ram (Lennon répliquera avec une photo de cochon s’empiffrant de flageolets dans le livret d’Imagine !). Macca se foutait comme de sa première basse des qu’en dira-t-on. Il est parti s’exiler dans sa ferme écossaise pour y concocter son premier album solo, dans lequel il joue de tous les instruments (une première dans le Rock !), il embauche sa propre femme dans son groupe et comble de l’outrecuidance, il monte même un nouveau groupe : les Wings. Mais cette fois-ci, il souhaite retrouver les faveurs du grand public. Et pour changer de ses petites habitudes des confortables studios londoniens, Macca demande donc à EMI, son éditeur, de lui fournir la liste de tous leurs studios internationaux. Il décide de jeter son dévolu sur celui de Lagos. Ce sont donc des Wings en formation réduite (comme ne le laisse pas supposer la pochette de l’album) qui décollent pour la capitale nigériane - soit Paul McCartney, sa femme Linda, Denny Laine, homme à faire du groupe et accessoirement ex-leader des Moody Blues ainsi que Geoff Emerick, le légendaire ingé son des derniers Beatles - en août 1973.


En arrivant au Nigéria, McCartney s’imaginait profiter des joies de Lagos : lézarder sous le soleil brûlant des plages du Golfe de Guinée et enregistrer la nuit pour s’imprégner de la fureur de la ville. Sauf que Macca et ses séides débarquent dans un Nigéria gouverné par une junte militaire, faisant suite à une guerre civile. Quant au studio EMI, celui-ci n’offre qu’une rudimentaire console à huit pistes. A des années lumière de ses conditions de studio habituelles. Ce cadre pour le moins spartiate donnera néanmoins naissance au meilleur album solo de la longue carrière de l’ex-Beatles - avec un rythme stakhanoviste de production, fait assez rare pour les musiciens de cette génération.


Macca sort de sa besace rien de moins que le meilleur titre de sa carrière post-Beatles avec "Band On The Run". Comme une réminiscence des glorieuses séances d’Abbey Road. Cette structure progressive à tiroirs (création dont il est le dépositaire) aux ambiances contrastées pour mieux laisser exploser le long final Folk-Soft-Rock ravive la flamme de tous les orphelins du génie bâtisseur de cathédrale sonore qu’est McCartney. Le vrombissant "Jet" se rappelle au bon souvenir de Lennon avec cette énergie Rock’n’Roll si chère à son meilleur ennemi (qui lui fera dire que "Jet" est la première bonne chanson solo de McCartney). Un des rares titres du lot à être enregistré à Londres sous la férule du sorcier du Glam, Tony Visconti. 


Depuis l’acquisition d’un domaine dans les highlands écossais en 1966 afin de fuir le Beatlemania, McCartney nourrit une véritable passion à l’encontre des animaux - il est plus que jamais ambassadeur de PETA - : sa chienne qu’il adore ("Martha My Dear"), le merle comme métaphore de la lutte des droits civiques aux Etats-Unis ("Blackbird"), le poney de sa ferme ("Jet")... et donc "Bluebird". Ce mystique merle bleu se veut une parabole de la transcendance de l’amour et de l’esprit humain au dépens de l’enveloppe charnelle. Le séjour de Macca en Jamaïque, où le titre a été composé, confère au titre un groove d’une grande sensualité, aux caressants relents caribéens, bien que tempéré par un refrain en mode mineur. C’est d’ailleurs dans l'île berceau du Reggae que Macca rencontre Dustin Hoffman lors du tournage du film Papillon. Les deux hommes sympathisent, dînent ensemble…  Jusqu’au moment où l’ancien Fab Four se met à la guitare. Le bruit court que Macca serait capable d’écrire une chanson avec n’importe quoi. Souhaitant voir ce miracle de ses propres yeux, Hoffman lui plaque un journal sous le nez (Picasso venait de passer l’arme à gauche) et lui somme de pondre quelque chose sur le champ ! Macca ne se démonte pas et interprète au débotté "Picasso’s last words (drink to me)", incursion émouvante en terre country. 


Le jeu de basse mixée aux avant postes et ouvertement obèse de Sir Paul sauve quelque peu "Mrs Vandebilt" d’un ennui poli. Le faux-slow de fin de bal "Let Me Roll It" tangue vers les eaux marécageuses du premier album solo de Lennon (John Lennon/Plastic Ono Band) avec ces riffs dissonants et cette rythmique de plomb. Macca se défendra pourtant de s’en être inspiré.


A son arrivée au Nigéria, Macca se voit accuser par Fela Kuti, le pape de l’Afrobeat résidant à Lagos, de voler la musique des hommes noirs. Après une entrevue ponctuée d’un énorme pétard ("La weed la plus forte que j’ai jamais fumée", dixit McCartney qui n’était pas un novice en la matière), le malentendu est dissipé. Pour autant, Macca ne se prive pas d’empoigner sa guitare acoustique et de composer une balade à la mélodie intemporelle dont il a le secret, que le critique Rock Robert Christgau qualifiera d’"Afro Soul" ("Mamunia"). Les pourfendeurs du Grand homme seraient bien avisés d'écouter l’album jusqu’au bout, histoire de toucher du doigt le génie protéiforme de McCartney, sa trop sous estimée puissance vocale et son groove Funk tout-terrain ("Nineteen Hundred and Eighty Five").


Brocardé à l’envie pour sa carrière solo sans relief, McCartney n’a jamais hésité à se mettre en danger, publiant des nouvelles livraisons à un rythme effréné, redonnant à ses faits d’armes un lustre nouveau en concert. Certes, sa carrière n’est pas exempte de faux pas mais certains de ses albums méritent plus qu’une écoute attentive. De quoi mieux cerner les immenses capacités du bonhomme. 

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !