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Critique d'album

Crosby, Stills, Nash & Young


Déjà Vu


(11/03/1970 - Atlantic - Folk-rock - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Crosby, Stills, Nash & Young

1- Carry On / 2- Teach Your Children / 3- Almost Cut My Hair / 4- Helpless / 5- Woodstock / 6- Déjà Vu / 7- Our House / 8- 4+20 / 9- Country Girl / 10- Everybody I Love You
Note de 4.5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Retour sur un des albums les plus attendus de l’histoire du rock "
Franck, le 08/12/2020
( mots)

Nous sommes en 1968, fin d’une décennie marquée à la fois par la "British Invasion" - initiée par les Beatles - et par le rêve hippie. Les groupes de rock sont légions et l’on entre dans l’ère des festivals. Le plus historique d’entre eux ayant lieu un an plus tard à Woodstock dans l’Etat de New York ; nous y reviendrons plus tard. Cette décennie voit également apparaître la mode des "supergroupes", groupes réunissant des artistes ayant déjà acquis une certaine notoriété par l’intermédiaire d’un autre projet musical. On notera entre autres des groupes comme Cream (1966), The Nice (1967) ou encore The Dirty Mac (1968). Des personnalités comme Eric Clapton et John Lennon ont par ailleurs été particulièrement friandes de ces formations éphémères. C’est également en 1968 qu’a lieu la réunion pour le moins surprenante de David Crosby (chanteur et guitariste du groupe The Byrds, ayant contribué à l’émergence du genre folk-rock), Stephen Stills (chanteur-compositeur au sein des Buffalo Springfield) et de Graham Nash (leader de la formation pop-rock The Hollies).


Le groupe se nomme dès lors Crosby, Stills & Nash (le choix d’un nom de groupe peut s’avérer être un exercice périlleux, une restitution vous est proposée en fin d’article) et rencontre un succès immédiat dès leur premier album éponyme en 1969. La partie instrumentale de ce premier opus est tellement riche - il faut dire que Stills s’en est donné à cœur joie - que la bande fait appel au déjà populaire Neil Young pour prêter main forte lors des concerts à venir. A noter que Neil Young a également fait partie des Buffalo Springfield et a donc côtoyé Stephen Stills. Les deux hommes s’étant quittés en mauvais terme, ils feront en sorte de se réconcilier pour l’occasion. Et quelle occasion ! Dès son deuxième concert, le groupe se produit devant un demi-million de personnes à Woodstock, le plus emblématique festival de l’histoire du rock, moment d’apothéose et ultime rassemblement pour le mouvement hippie. Un véritable quatuor est né lors de ce concert mythique : ce sera désormais Crosby, Stills, Nash & Young (CSNY). Autant dire qu’après cette prestation le deuxième album avec Neil Young est particulièrement attendu. Le fameux album Déjà Vu dont il est question aujourd’hui sortira un peu plus de six mois plus tard, soit en mars 1970. Face à l’insistance du batteur et du bassiste, le groupe ira jusqu’à se faire appeler sous le patronyme pompeux de Crosby, Stills, Nash & Young & Taylor & Reeves… Mais cela resta bref, les deux musiciens se voyant renvoyés à leurs activités juste avant le lancement de la nouvelle tournée.


Vous devez vous demander comment ces quatre leaders aux fortes personnalités ont pu coexister au sein du même groupe ? Tout simplement en composant et interprétant chacun leurs titres sur la base d’une répartition équitable : chacun a eu l’occasion de composer deux titres, ce à quoi s’est greffée la reprise du titre hommage à "Woodstock" de Joni Mitchell (petite amie de Nash à l’époque), que le quartet avait pu interpréter durant le festival - Ironiquement, la Canadienne Joni Mitchell n’a jamais pu participer à ce rassemblement… par peur de monter dans l’hélicoptère - ainsi que le morceau "Everybody I Love You" composé et interprété de manière collective. On retrouve donc la pâte de chacun des quatre acolytes à travers cet album, qui se révèle par conséquent particulièrement varié. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de tensions au sein de la formation, bien au contraire, les interminables journées d’enregistrement se sont révélées particulièrement explosives. Le groupe allait jusqu’à enchaîner des sessions de travail de 48h ininterrompues, autant dire que drogues et autres stimulants étaient de la partie… Les relations ne se sont guère améliorées durant la tournée qui a suivi et abouti à une première et longue séparation du groupe dès l’été 1970.


Outre cette variété à l’écoute qui en fait un disque particulièrement plaisant, l’album peut se targuer d’avoir marqué toute une génération et d’être composé de titres emblématiques. Une des réussites de la réunion originale de CSN réside dans l’association de voix extraordinairement compatibles : la voix puissante et pure de Crosby opposée à celle, douce et légère, de Nash, le tout complété par le timbre rock de Stills. En résulte de magnifiques harmonies vocales ayant fait la renommée de la bande. Ces chœurs se mettent en évidence dès le morceau d’ouverture "Carry On", véritable pièce d’orfèvre composée par le virtuose Stephen Stills, qui donne le tempo avec sa guitare folk.


Le titre "Almost Cut My Hair" écrit par David Crosby résume particulièrement bien l’étincelle qui se produit lorsque les différents musiciens se retrouvent en studio. Il y a quelque chose de très instantané à l’écoute de ce morceau : une ambiance cosy à souhait, la superposition des différentes guitares, les petits hurlements de Crosby. Et pour cause, ce titre a été enregistré totalement en live au cours d’une des premières prises !


Graham Nash libéré de son ancien groupe The Hollies et des comparaisons récurrentes aux Beatles s’illustre de manière plus discrète avec les jolies balades imparables "Our House" et "Teach Your Children". Ce dernier titre voit également l’intervention d’un autre grand nom de la scène rock psychédélique de l’époque, à savoir Jerry Garcia (leader des Grateful Dead) qui nous délecte d’une partition de pedal steel guitar, instrument typique de la musique country américaine.


Neil Young reste fidèle à lui-même, et sans forcer son talent, écrit une de ses plus belles chansons avec "Helpless". Ce morceau quasi acoustique porté par la voix fragile de son interprète se démarque en apportant une touche de mélancolie à l’ensemble.


La deuxième partie de l’album mérite tout autant d’éloge, notamment le sobre et élégant morceau "Déjà Vu" qui a donné son nom à l’album et durant lequel on retrouve une nouvelle fois les harmonies vocales dont Crosby détient le secret. Stills se fait quant à lui une petite escapade en solo avec la courte balade chant-guitare intitulée "4+20", parfaite pour introduire l’excellent "Country Girl" composé par Young (autre grand moment de l’album). L’ensemble des titres qui parcourent ce disque sont relativement courts, mais avec ce dernier morceau le groupe prend le temps d’étoffer la partie instrumentale (orgue, piano, percussions, guitares, harmonica) et adopte une structure plus progressive dotée de plusieurs lignes mélodiques. "Everybody I Love You", titre le plus rock de l’album, vient quant à lui conclure de manière énergique cet album.


Le titre de supergroupe n’a rarement été aussi bien approprié à la situation, tant la personnalité de Crosby, Stills, Nash et Young déteint sur cette œuvre. En résulte, un assemblage hétéroclite de morceaux de grande classe qui confère parfois à l’album des allures de Best-of, ce qui malgré l’aspect "culte" de l’objet, laisse planner une once de frustration tant la carte personnelle semble prendre le dessus sur l’ensemble. Comme la plupart des participants du festival Woodstock 69, CSNY est rentré dans la légende du rock. Le disque particulièrement attendu a logiquement été suivi d’un énorme succès populaire dès sa sortie et est devenu une référence pour toute une génération. A partir de 1970, chacun a eu ses propres succès solos, dont le magnifique album After The Gold Rush que Young composa avec l’aide de Stills. Les quatre membres de CSNY tenteront à de multiples reprises de se reformer. Il faudra attendre 1977 pour un nouvel album (sans Young) et 1988 pour une réunion au complet, mais aucun de ces albums n’égalera ni le niveau ni l’aura de Déjà Vu


 


BONUS : 


Vous vous demandez peut-être comment le groupe en est arrivé au nom de Crosby, Stills & Nash ? Voici une restitution d’un échange entre Crosby et Stills (Nash les ayant rejoints dans un second temps), qui n’a probablement pas eu lieu : 


« Bon, il nous faut trouver un nom de groupe !
- Pourquoi pas The Jaded Hearts Club
- Oh non, trop dans le sentimental… Il nous faut un nom qui en impose !
- Crosby & Stills alors ? 
- Oui parfait, Clapton peut aller se rhabiller avec son groupe "Cream" ! Mais Stills & Crosby ça sonne mieux quand même ?
- Ah bon tu trouves ? 
- Oui c’est plus fluide, les gens pourront dire "Stills’n’Crosb", c’est génial.
- Je ne suis pas convaincu… Il vaut mieux suivre l’ordre alphabétique pour éviter toute ambiguïté avec le public, pas de guerre d’égo, tu vois ?
- Hmm…. ok pour Crosby & Stills.
- Et j’ai oublié de t’en parler, j’ai mon pote Nash qui voudrait rejoindre le groupe. 
- Pourquoi pas, mais au diable l’alphabet, ce sera Crosby, Stills & Nash ! »

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