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Critique d'album

Eiffel


Stupor Machine


(26/04/2019 - - Rock poétique français - Genre : Rock)
Produit par

1- Big Data / 2- Cascade / 3- Manchurian Candidate / 4- Chasse Spleen / 5- Miragine / 6- Pécheur pécheur / 7- Hôtel borgne / 8- Oui / 9- Chocho / 10- Gravelines / 11- Escampette / 12- Terminus
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Eiffel nous livre un album lucide, énervé, magistral"
Guillaume, le 14/05/2019
( mots)

Toujours un plaisir de retrouver Eiffel, d’autant que cette fois-ci les Bordelais nous on fait patienter pas moins de sept longues années depuis Foule Monstre (2012 - PIAS). Les uns et les autres se sont mutuellement laissés de l’espace pour poursuivre chacun ses propres activités, la partie visible étant les trois albums solos de Romain Humeau qui ne doivent pas conduire à négliger les concerts de musique baroque d’Estelle Humeau, le travail de Nicolas Courret avec Laetitia Sheriff ou Invaders ou encore la participation de Nicolas Bonnière au dernier album d’Emmanuelle Monet (qui chantait dans Dolly fin des années 90 pour faire court). 


Romain Humeau et Nicolas Bonnière fonctionnant d’ailleurs souvent l’un avec l’autre, on croise le second sur les productions et sur les tournées du premier, et les deux ont également contribué à l’album 5 minutes au Paradis de Bernard Lavilliers (2017 - Barclay), y retrouvant en passant un ancien batteur d’Eiffel, Emiliano Turi et le batteur actuel de la carrière solo de Romain Humeau, Guillaume Marsault.  Dernier détail pour clôre le chapitre mondanités, Hugo Cechosz, ancien bassiste du groupe, était aux manettes sur quelques enregistrements. Quand on vous parle de grande famille, les faits parlent d’eux-mêmes : chez Eiffel tout est question d’envie, chacun est libre.


Avec ce sixième album les guitares et l’énergie rock reviennent sur le devant de la scène comme en témoigne le départ pied au plancher de "Big Data", morceau garage que n’auraient pas renié les Hives, c’est dire. Le rock comme Eiffel n’en avait plus délivré depuis Tandoori (2006 - Labels), nerveux, braillé dans une langue onirique et pleine de gouaille. Et surprise, quelques touches de complexité bien sentie comme ce riff asymétrique de "Manchurian Candidate" qui permet à Romain Humeau de dire son texte à la manière d’un funambule, comme une danse au dessus de l’abîme.


Citons enfin pour la partie rock "Pêcheur Pêcheur", un peu punk, un peu folk, résolument speedée, qui prend pour cible le catholicisme des prêcheurs en fait si peu pétris de religion.


Ce qui nous amène aux textes, car enfin on aime aussi Eiffel pour ça, quand Romain Humeau le sale gosse régale et repeint la pièce à coups de punchlines à haute débit A ce titre, "Miragine" fait figure de sulfateuse, du jeu de mot potache qui ouvre la chanson (« Purée, quelle mousseline tous ces nuages ») au headshot balancé « l’vide and the queens » et j’en passe. On n’en remarquerait presque pas la référence à Bakounine glissée dans un coin de refrain, réveillez vous, libérez vous des influences.


Cette vivacité et ce verbe haut font de Stupor Machine (2019 - PIAS) un album jouissif et entraînant malgré un sujet de départ préoccupant. Et comme on ne peut pas faire que s’amuser ou s'agiter dans ce monde, des titres comme "Chocho", "Gravelines" ou "Hotel Borgne" apportent le contrepoids, la gravité mais aussi la douceur. Des ballades basées sur le piano, laissant Romain Humeau explorer le champ de l’émotion fragile, et le sale gosse se fait adulte, ça tombe bien Eiffel fête ses 18 ans.


Deux titres méritent une attention particulière. Tout d’abord "Oui" dans lequel, tel David Bowie qui jetait des ponts entre ses chansons (par exemple Space Oddity - Ashes To Ashes), Romain Humeau crée un jeu de correspondance mais cette fois ci à deux niveaux, d’abord avec "Manchurian Candidate" en multipliant les références communes, ensuite avec "A Tout Moment La Rue" par le choix du titre, par le texte construit en réponse et enfin par une orchestration proche.


Attardons nous évidemment sur le cas Bowie, revendiqué comme influence par l’ensemble du groupe et décédé le 10 janvier 2016. Cet événement a bouleversé nombre de mélomanes au sens large. Parmi eux, Romain Humeau qui décide alors d’écrire un morceau qui est devenu "N’Aie Rien A Craindre". Le choix de se rapprocher de "Heroes" dans la perspective d’un album comme Stupor Machine est particulièrement bien vu, le chanteur s’amusant à tourner autour de la ligne de chant du maître, faisant osciller son texte entre le thème de la chanson de départ et le thème de son propre album.  


Stupor Machine s’achève après environ 50 minutes de bonheur sur "Terminus", une réussite, une chanson qui met du baume au coeur, le piano est de retour de même que la voix grave et sensible. Un peu d’emphase pour en finir, l’orchestration monte, les lignes s’empilent, le canon des voix s’élève tel une armée, la machine d’effroi à du souci à se faire.


Comme quoi la patience a du bon, Eiffel nous gratifie d’une oeuvre qui sera peut être dans quelques années considérée comme leur meilleure. Pour ce qui est du temps présent, on apprécie ce nouvel album sans modération, un disque nerveux, espiègle, révolté, rock’n’roll.

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