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Critique d'album

Einar Solberg


16


(02/06/2023 - InsideOutMusic - - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- 16 / 2- Remember Me / 3- A Beautiful Life / 4- Where All the Twigs Broke / 5- Metacognitive / 6- Home / 7- Blue Light / 8- Grotto / 9- Splitting the Soul / 10- Over The Top / 11- The Glass Is Empty
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le premier album solo du Norvégien. Éclectique mais prenant"
Quentin, le 18/09/2023
( mots)

Alors que Steven Wilson et Bruce Soord s’apprêtent chacun à sortir un nouvel album solo, rappelons à quel point il est fréquent pour le frontman d'un groupe ayant enfin atteint le succès tant espéré de se lancer dans des pérégrinations solitaires. Volonté de briller sous son propre nom, d'explorer des chemins artistiques en décalage avec le créneau musical du groupe, de pouvoir laisser libre cours à ses propres aspirations musicales du moment ou d'échapper aux habituelles compromissions qu'impose la composition collective, les raisons qui poussent un artiste à se séparer le temps d'un ou plusieurs albums de son groupe originel sont nombreuses.


Cette fois c'est au tour d'Einar Solberg, le Norvégien à la voix d'ange de se mouiller (littéralement, comme le montre la pochette). Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Solberg est, par ses performances vocales uniques et excessives, le principal artisan de la signature musicale de Leprous, groupe de métal progressif qui s'est peu à peu éloignée du black metal des origines pour puiser progressivement ses inspirations dans la pop et le rock alternatif. Une évolution musicale et une place prépondérante occupée par la voix surnaturelle du Norvégien qui n'attire pas que les superlatifs élogieux, certains observateurs accusant Solberg d'être l'instigateur de ce virage plus aseptisé depuis quelques albums et de vampiriser considérablement les créations du groupe. L'album Pitfalls avait de ce point de vue déjà marqué une rupture, parfois considéré par les adeptes de la première période des lépreux comme un véritable faux-pas car édulcorant trop fortement la fibre métallique du groupe. Leur dernière production, Aphelion, avait néanmoins su réaliser la synthèse parfaite pour réconcilier les aficionados des riffs métal syncopés et des atours plus pop, tout en offrant une place de choix au génial batteur Baard Kolstad dont la puissance de frappe n'est pas sans rappeler celle d'un certain Gavin Harrisson.


Bref, Leprous ayant su trouver la formule idéale en étant les instigateurs du meilleur album de l'année 2021, rien de moins, qu'en est-il alors de son frontman et principal compositeur ?


Pour son premier album solo, Einar Solberg a souhaité se livrer à une profonde introspection, retraçant son parcours adolescent (d'où le titre 16) ainsi que la collection de joies et de peines qui l'ont accompagné durant ces années. Pour ce faire, le Norvégien a souhaité s'entourer richement. D'abord de sa famille avec sa sœur sur "Where All The Twigs Broke" et son beau-frère Ihsahn, leader du groupe Black Emperor sur "Splitting The Soul" mais également du violoncelliste attitré de Leprous, Raphael Weinroth-Browne, sur le titre d'ouverture "16" et de toute une ribambelle d'invités. On évoquera en particulier Ben Levin du groupe Bent Knee et Magnus Børmark du groupe GÅTE qui officient à la guitare sur de multiples morceaux ou encore Asger Mygind de Vola sur le titre « Blue Light ». Bien loin de faire de la simple figuration, tous ces musiciens ont pleinement contribué à la composition des morceaux, conférant de fait un certain éclectisme à l'ensemble de l'album, qui reste malgré tout cohérent grâce à la performance vocale globale de Solberg, inimitable et franchement prodigieuse pour peu que l'on adhère à cette tessiture capable de monter en haute altitude dans les aigus.


Que les amateurs de métal violent et des signatures polyrythmiques en tout genre soient prévenus, 16 est globalement un disque apaisé et délicat qui se rapproche assez fortement de Pitfalls avec une forte présence orchestrale, des tempos assez lents qui évoluent progressivement via des crescendos symphoniques, l'incorporation de quelques sonorités électroniques et assez peu de titres marqués par des passages violents et encore moins par des riffs de guitares. Les habitués des albums de Leprous ne seront pas complémentent dépaysés par certains titres à l'instar du très réussi "Remember Me" dont le refrain aérien et le final en apothéose rappelle les non moins excellents "Distant Bells" ou "At The Bottom".


Libéré du cahier des charges métallique de Leprous, Solberg a désormais les mains libres pour s'autoriser toutes les expérimentations et explore plus que jamais la part céleste de son chant avec des morceaux où l'instrumentation se fait parfois très discrète pour mieux mettre en valeur son interprétation toujours très habitée. Ainsi en est-il du superbe morceau d'ouverture "16" et son lit de cordes élégiaques où Solberg débute son introspection avec en arrière-fond le doux crépitement d'un feu de bois. La montée en puissance du titre est superbement bien amenée avec une superposition des lignes des chants du plus bel effet et des arrangements particulièrement raffinés qui traduisent le travail d'orfèvre mené par Raphael Weinroth-Browne.


Einar Solberg n’hésite ainsi pas à dérouter son public habituel sur des terrains plus expérimentaux, notamment avec le très cinématographique "Where All the Twigs Broke" d'inspiration néoclassique, lorsque les arpèges de piano laissent place à une section des plus angoissantes en milieu de morceau avec l'envolée des cordes et ce grain de folie qui s'empare de la voix du Norvégien. Même ambiance sombre sur "Metacognitive" et sa boucle de chants claustrophobiques ("Get Me Out of Here" répété tout le long du titre) tandis que la fin du morceau nous emporte avec ses chœurs déchaînés. "Over the Top" met également en valeur Solberg dans un registre inhabituel puisqu'il délaisse sa voix de tête pour mieux envouter encore cette ballade au piano. Un peu lent au démarrage, "Blue Light", en duo avec le chanteur et guitariste de Vola, finit par emporter l'adhésion avec son magnifique refrain en forme de berceuse et ses éclairs de guitares qui portent un final très réussi.


On saluera également les passages plus énervés et frontaux du disque: "A Beautiful Life", efficace avec sa boucle électro même si Solberg joue un peu trop de son falsetto ou encore le puissant "Splitting the Soul" qui convie le grawl d'Ihsahn sur les refrains et nous envoie une sacrée décharge de violence. On passera en revanche rapidement sur le surprenant "Home", pas franchement convaincant avec son accompagnement de cuivres jazz-funk et sa section rappée par Ben Levin. De la même manière, le duo entre Solberg et Magnus Børmark sur "Grotto" ne restera pas dans les annales.


La conclusion de l’album est en revanche exceptionnelle. Une composition épique écrite conjointement avec Tóti Guðnason de plus de 11 minutes avec des motifs instrumentaux et mélodiques très riches, tantôt grandiloquents et électriques, tantôt intimistes et atmosphériques, qui permettent à Solberg de solliciter toute la palette d'émotions qu'il est capable de transmettre par sa voix. Bluffant.


Une fois de plus, 16 aura ses détracteurs qui estimeront que le Norvégien s'écoute un peu trop avec son chant lyrique haut perché, ses compositions empreintes de trop de préciosité et sa violence presque entièrement mise en retrait. Reste que ce virage artistique n'est pas nouveau et que ce premier album solo tient finalement bien ses promesses. Brillant par endroits bien que certainement trop éclaté, il ne reste plus à Solberg qu'à convertir l'essai avec une deuxième album plus cohérent pour toucher le Graal. En attendant le prochain album de Leprous

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