
Radio Moscow
The Great Escape of Leslie Magnafuzz
Produit par
1- Little Eyes / 2- No Time / 3- Speed Freak / 4- Creepin' / 5- Turtle Back Rider / 6- Densaflorativa / 7- I Don't Need Nobody / 8- Misleading Me / 9- Summer of 1942 / 10- Insideout / 11- Deep Down Below / 12- Open Your Eyes


Il n'est nullement question de faire un procès d'intention à Parker  Griggs, du genre "se contenter de recopier  les travaux (forcés) des ancêtres du rock ne mène à rien". Cette critique facile ne fait que  raviver l'inutile querelle entre anciens et modernes. Et alors ? Si  Griggs adule les late 60's, s'il ne jure que par l'analogique mono médié  par une antique Stratocaster et deux pédales antédiluviennes (fuzz et  wah wah), et s'il y a un public prêt à le suivre, où est le problème ?  Donc ne nous trompons pas de combat. Que ceux qui pensent que les Page,  Clapton et Hendrix ont déjà amplement retourné le style en question  aillent voir ailleurs s'ils y sont, et que les autres tentent une fois  de plus de se laisser emporter par les volutes psychédéliques et la  grande évasion de Leslie Magnafuzz, de Radio Moscow bien sûr. Sauf que  cette fois...
Sauf que cette fois, la mayonnaise a un peu plus de  mal à prendre. On ne va pas forcément jeter la pierre à Parker Griggs :  ce diable de musicien s'est déjà fendu de deux productions studio  délectables qui ont de plus réussi à ne pas donner dans la redondance  stérile. Entre garage-blues et psyché hendrixien, Radio Moscow et Brain Cycles  avaient déjà largement balayé le spectre des manifestes rock de la fin  des années 60. Difficile de ne pas se répéter soi-même, et plutôt que de  livrer un clone de ses précédents albums, Griggs a essayé d'explorer  encore plus avant sa religion en versant dans la surenchère  d'effets sonores et en se livrant même avec d'avantage d'énergie que  d'habitude. Mais malheureusement, ça ne fonctionne pas aussi bien. Les riffs semblent souvent flous et noyés dans le chaos  fuzzigène. Emportée par son élan, la batterie apparaît parfois  approximative (comble du comble atteint sur "No Time") et écrase souvent  les chansons sous le poids excessif de ses cymbales. Plus gênante est  cette sensation de redondance d'un morceau à l'autre, avec des lignes  mélodiques vocales qui s'articulent souvent autour des mêmes notes. On  peine parfois à s'y retrouver entre "Little Eyes", "No Time" et "Speed  Freak'" qui exploitent jusqu'à l'overdose des variations sur le même  thème.  Ainsi, ce que l'on craignait a fini par subvenir : Parker Griggs  commence à radoter, et qui plus est au sein du même disque. Damned.  Alors bien sûr, l'animal aux commandes n'a jamais été un mélodiste hors  pair, mais il est certain que la faiblesse de ce créneau ressort ici  d'autant plus cruellement que le chaos instrumental environnant ne  laisse que peu de bouées de rattrapage à l'auditeur en perdition.
Pour  autant, on aurait tort de bouder ce troisième effort de Radio Moscow.  La paire Griggs - Anderson a encore pas mal de choses à dire, et souvent  avec la manière. On apprécie notamment quelques morceaux moins  rentre-dedans qui permettent d'aérer l'ensemble (le blues tranquille de  "Creepin'", l'instrumental country "Densaflorativa" ou le passage obligé  au bottleneck de "Deep Down Below") quand certains titres exposent  encore des atours parfaitement recommandables ("Turtle Back Rider" qui  transpire le Hendrix par tous les pores, "Summer Of 1942", "Open Your  Eyes"). Mais on aurait clairement souhaité plus d'audace, plus  d'imagination dans ces récitations véhémentes et parfois emportées par  un excès d'enthousiasme. Et puis tant qu'à faire, si un ingé son passait  dans les parages pour disperser un peu ce capaharnaüm sonique, il est  certain qu'on y gagnerait au change. Ceci étant dit, les limites de  Radio Moscow se retrouvent ici étalées au grand jour, et il n'est pas  certain que Parker Griggs ait le discernement nécessaire pour les  contourner. The Great Escape Of Leslie Magnafuzz pose plus de  problèmes qu'il ne trouve de solutions à la mise en forme sans cesse  renouvelée de ce sacro-saint revival psyché préhistorique. A partir de  là, on peut commencer à s'inquiéter.






















