Eloy
The Vision, the Sword and the Pyre Part 2
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1- An Instant of Relief ... Still the War Rages On / 2- Between Hope, Doubts, Fear and Uncertainity / 3- Patay / 4- Joy / 5- Reims ... The Coronation of Charles VII / 6- Résumé / 7- Armistice or War ? / 8- Paris / 9- Abandoned / 10- Compiègne / 11- Tormenting Imprisonment / 12- Rouen / 13- Eternity
Paru en 2017, le premier volet de la saga d’Eloy sur la pucelle d’Orléans avait été plus que convainquant, se hissant sans peine dans le haut du panier discographique du groupe déjà amplement rempli. On renvoie par ailleurs à la chronique de celui-ci pour toutes les informations autour de la passion de Borneman pour Jeanne d’Arc, et du projet qui prend forme dans ces deux albums. Les galères s’étaient multipliées – perte de données – obligeant à reculer la sortie : heureusement ce dix-neuvième album est finalement dans les bacs.
Pour ceux qui prennent le train en route, nous suivons donc notre héroïne à partir d’Orléans, pour la retrouver à Rouen où elle finit dans un nuage de fumée – et non, ce n’est pas Lubrizol. Dans cette odeur de (l’abbé) Cauchon grillé, notre ménestrel allemand semble donc avoir trouvé de l’inspiration pour un récit progressif. The Vision, the Sword and the Pyre part 2 est donc, comme vous l’avez compris, un concept-album.
Il est clair que l’opus s’inscrit musicalement dans les suites de la première partie, que le style d’Eloy n’a pas changé : guitare planante, riffs efficaces, claviers datés et spatiaux. En outre, l’album démarre plutôt bien avec "An Instant of Relief" varié, marquant par ses bons traits de guitare et l’atmosphère nuancée grâce aux claviers. De même, "Patay" est une franche réussite qui retrouve le son du début des années 1980 au niveau des synthés, avec un guitariste au point entre plans boostés à la reverb et arpèges bien amenés.
Les titres sont assez courts et sont parfois de simples intermèdes, articulant le récit, mais pouvant ralentir la dynamique : ce qu’on gagne en terme de narration, on peut le perdre sur le terrain musical. Et le souci d’immersion (sons de cloches, ambiances médiévales, passages narrés, invitation de chanteuses, chœurs) ne fait pas oublier le défaut de l’album : il est relativement ennuyant et moins inspiré que son illustre prédécesseur.
En effet, Bornemann semble être en roue libre : il fait ce qu’il sait faire mais la magie disparaît, les morceaux s’enchaînent sans qu’on parvienne à s’accrocher sur une mélodie spécifique, un plan génial, à l’exception du premier quart et de quelques titres ("Joy"). C’est donc une heure qui est longue à franchir, et c’est fort dommage au regard de la réussite de la première partie.
Le bilan est mitigé : entre quelques bons moments, des compositions honorables, bien faites mais sans ambition – malgré la fierté de l’auteur – et une œuvre qui peine à satisfaire les attentes. L’amateur du groupe sera donc entre déception et plaisir de découvrir une nouvelle page de l’histoire d’Eloy.
Reste qu’il est prévu un spectacle rassemblant les deux albums, avec des acteurs et des passages musicaux supplémentaires pour laisser le jeu se développer entre les titres : une performance ambitieuse qui devrait avoir une avant-première en France – à une date incertaine.
A écouter : "An Instant of Relief", "Patay", "Joy"