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Critique d'album

Evidence 42


Evidence 42


(13/10/2023 - - - Genre : Rock)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Le sens de la Vie, de l’Univers et du Reste… Ordinateur Pensées Profondes"
Daniel, le 27/11/2023
( mots)

Où il faut constater que la réponse est connue – 42, de toute évidence – mais pas la question

Et – très subtilement – Evidence 42 (l’album) dure exactement 42 minutes. Pas une seconde de plus. Pas une seconde de moins.
 
Pour comprendre la démarche d’Evidence 42 (le groupe, cette fois), il faut connaître un peu l’extraordinaire écrivain anglais Douglas Adams (1952 – 2001) dont l’astéroïde 25924 porte symboliquement le nom depuis 2005.

Il est impossible de résumer la pensée d’Adams (1) si ce n’est qu’il est plus que probable que des événements improbables se déroulent probablement alors que des événements les plus probables restent la plupart du temps probablement très improbables (2).

Par un étrange processus réversif, Evidence 42 s’inscrit à l’encontre d’Adams (tout en se revendiquant de l’Anglais) ; le groupe de Montréal adopte en effet une attitude très "probable" par rapport aux origines temporelles de ses quatre membres. Phil (basse), Stass (batterie), Martin (guitare) et Simon (chant) appartiennent en effet à la Génération X (ou génération sacrifiée) et l’on retrouve dans leur musique et dans leur démarche les principaux marqueurs caractéristiques d’une désillusion sincère qui ne prête pas forcément à une franche rigolade.

Où (parenthèse obligée) il faut ici dénoncer une Belgian Connection

Evidence 1 : le groupe utilise un instrument conçu par l’artisan-luthier Jaminon, installé à Verviers, en province de Liège (récemment adoubé par Louis Bertignac).

Evidence 2 : Stass, le batteur, est Belge.

Evidence 3 : l’ombre bienveillante de Rudy Lenners (crédité sur la pochette), le légendaire et inoxydable batteur liégeois des Scorpions, plane sur l’album des Canadiens.

Où le chroniqueur risque de perdre sa serviette

Appartenant à une (très) vieille école, je ne chronique pas un album sans l’avoir écouté (4) souventes fois. Très sincèrement et très subjectivement (5), je me demande si la perpétuation du grunge en 2023 est un grand service à rendre aux Nations. Il faudrait poser la question à Pensées Profondes puis attendre 7.500.000 ans pour avoir une réponse (qui ne serait de toute façon pas définitive).

C’est que s’inscrire dans un contexte "rétroactif" aussi marqué isole Evidence 42 de la compagnie de ceux et celles qui ont toujours été (ou sont devenus) hermétiques au style. A l’inverse, ceux et celles qui ont aimé cet épisode rock particulier y retrouveront tout ce qui fait d’ordinaire leur bonheur, voire encore mieux et plus.



Parce que, toute réserve stylistique mise à part, Evidence 42 évolue dans un contexte d’excellence avec ses guitares graves et distordues aux accordages inhabituels, ses rythmiques parfois pachydermiques (l’ombre malsaine de Tony Iommi plane quelquefois), son chant punkoïde, grogné ou hurlé, ses ruptures alambiquées et son climat torturé / oppressant.



Les Canadiens se distinguent clairement du grunge originel par des textes complexes et intéressants (parfois hermétiques et toujours très loin du sempiternel cliché "couplet / refrain"), de même que par un jeu de guitare lead qui explose fréquemment les codes en proposant des enluminures "naturelles", très lyriques et fort inspirées.



Il n’est pas ordinaire de trouver sur un premier album (à l’artwork très classieux) des gemmes comme le prophétique "Bad Move" (qui introduit l’opus), le subtil "The Wish", le très excellent "Bug Report", l’angoissant "Prosper" (aux références culturelles assez évidentes) et le désespérant "Wrong Direction" (qui conclut l’album et qui– je me répète – en dit long sur les aspirations / inspirations de la Génération X).



On ne sort pas indemne d’un opus de cette densité, surtout quand les dernières guitares résonnent comme des sirènes d’alarme. L’univers qui est révélé n’est d’évidence pas joyeux. Mais il est malheureusement plus proche de la réalité de notre monde que le sont nos petits rêves de bonheur imbéciles, peuplés de licornes violettes galopant dans des vergers roses.



Chacun et chacune se construira sa propre évidence à l’écoute (chaudement recommandée) de l’album, en sachant que, si la vie est un cercle (vertueux ou vicieux, peu importe), l’espoir et le désespoir sont probablement plus proches l’un de l’autre que tous les états d’âme intermédiaires qui les séparent.
Si Evidence 42 le veut (et la gestation en cours d’un Extended Play l’atteste), son avenir est tracé. Jusqu’à ce que l’on retrouve la Question et à condition peut-être que le groupe sache s’affranchir pour partie de ses influences primales.



Quand les âmes se perdent et s’abandonnent au désespoir / Elles ont plus à partager / Mais cette complicité de façade n’est qu’une trahison de plus / C’est toujours la même vieille astuce / Qui sert avant tout à te briser…



Et – hop ! – on se quitte (momentanément) en plein fou rire !




(1) Interrogé par les scientifiques, l’ordinateur Pensées Profondes va mettre des millions d’années à publier une réponse, à savoir "42". Le seul problème est que personne (à l’exception de Robert Zimmerman) ne se souvient de la question…

(2) Des aspirines (enrobées pour épargner les estomacs fragiles) sont disponibles à la rédaction sur simple demande.

(3) Beaucoup de gravité, servie avec une once de cynisme pétri de matérialisme et quelques brins de désespérance, assaisonnés de méfiance envers les institutions.

(4) Récemment, la presse généraliste nous a régalés avec des articles fort savants sur les Rolling Stones qui ont démontré (avec des bonheurs divers) que l’on peut tout critiquer sans écouter et, surtout, sans entendre. Un vrai bonheur.

(5) En novembre 2023, Gene The Demon Simmons a déclaré que, contrairement aux policiers, aux pompiers ou aux professeurs les chroniqueurs rock pourraient disparaître sans que la vie sur Terre n’en soit affectée. Me concernant, je suis assez d’accord avec cette sentence. J’invite par conséquent les lecteurs et lectrices à se forger leur propre opinion (sinon, je le dirai aux Vogons et ça rigolera moins).

Je serais ingrat de ne pas remercier Simon d’Evidence 42 qui a très patiemment répondu à mes questions. Et Dieu sait si je peux être casse-pied…   


 

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