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Critique d'album

Half Moon Run


Salt


(02/06/2023 - BMG - - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Connor Seidel

1- You Can Let Go / 2- Alco / 3- Hotel in Memphis / 4- Everyone's Moving Out East / 5- 9beat / 6- Dodge the Rubble / 7- Heartbeat / 8- Gigafire / 9- Goodbye Cali / 10- Salt / 11- Crawl Back In
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Attention : sodium Rock & Floconneux"
Mathilde, le 07/06/2023
( mots)

C'est sûr que Half Moon Run n'a pas pris la moitié de la place du vaste paysage pop-rock depuis sa formation en 2010. Le groupe de folk canadien a débuté avec l'album Dark Eyes en 2012, a régalé les teens via le titre "Full Circle" qui parait-il a pesé dans le vidéo game (Assasin's Creed IV: Black Flag), et a depuis été plutôt discret. Jamais vraiment ultra récompensé ou mis en avant, leur parcours reste cependant équilibré, fiable, droit, imperturbable. Ils seraient prêts à faire des titres nuls (disent-ils) s'ils y étaient obligés puisque de toutes façons ils sont incapables d'être autre chose que des musiciens. Des mecs qui s'auto-dévaluent aussi, donc. Le but de Salt, leur cinquième album, a été de garder l'essentiel, filtrer l'eau pour n'en recueillir que la substantifique moelle: ici le sel. Car le sel réhausse le goût et le sodium est essentiel au corps. Alors ne craignons pas l'hypernatrémie, mettons-y une bonne poignée (et lancé au dessus de l'épaule ça porte bonheur parait-il).

"You Can Let Go" débute par une intro d'accords pressés façon "Paranoid Android". On n'a plus le time quoi, et on sent d'emblée une urgence dans le groupe qui abandonne (et abandonnera régulièrement au fil de Salt) le côté lascif de la folk pour embrasser le côté plus monolithique du rock un (em)brin indé.Puis, "Alco" aurait pu être la meilleure chanson de Taylor Swift. Pas mal cette intro galopante, cette petite gouaille de chapeau Stetson dans le phrasé rapide. La réverbération et l’éther du refrain se confondent dans la projection floconneuse des accords clairs qui sont à mi chemin entre Keane et Girls In Hawaii. Chris Martin n'a pas fait mieux depuis ses Parachutes. Le pont part sur un mode complètement différent pour un effet Nada Surf (ou en tous cas une vibe ninieties) sous infrasons de baleine. Plus loin, on tombe encore avec grand joie sur une intro toute aussi soignée (et indé) avec les rimshots de "9beat". 

Le storytelling, toujours un peu niais (celui qui fait que vous devenez le "main character" d'une série B quand vous l'écoutez) revient sur "Everyone's Moving Out East" mais s'arrête juste avant la mièvrerie, tout autant que le banjo sait s'effacer pour laisser émerger des tréfonds la puissance des nappes synthétiques ou de cordes. C’est un peu toujours folk and love, ça sent l’amour déçu/ déchu pas loin de la rivière ("Heartbeat" très Disney Channel), mais dans une retenue et une intelligence de composition telle qu'on s'arrête juste au moment où l'on aurait pu boire la tasse. Ce qui est surprenant avec HMR c'est qu'on peut autant les rapprocher des Lumineers/  Grouplove que de dEUS (l'instrumental de "Dodge the Rubble") ou du talentueux suédois Melpo Mene (qui a la bonne recette de pop song, toute aussi bien gardée que celle des boulettes d'IKEA).

Et puis HMR se montre très inspiré. Après le confinement, et après avoir adopté un mode de création aussi scolaire qu'efficace, le groupe s'est retrouvé (à trois déjà, puisque Isaac Symonds s'est fait la malle en 2021) à extirper - remise en question existentielle du confinement aidant - des vestiges du passé ("Hotel in Memphis"). Et il s'est attelé en même temps à des brand new compositions ("Gigafire", "Goodbye Cali") écrites pendant de très longues sessions, histoire de transpirer et de sortir des électrolytes et de l'eau (salée bien entendu). "Gigafire" justement est un des points forts de l'album. Emphatique, progressivement amplifié il permet au chanteur Conner Molander d'étaler le spectre de sa voix voilée écorchée à la MONEY!, et ce n'est pas un petit compliment. "Salt" aussi a une superbe reverb  et nous renvoie dans le passé, au temps des songwriters doux-conquérants de la fin des années 90/ début des années 2000.

Comme quoi, l'élégance de la photo de la pochette est bien révélatrice de son contenu. La dose de pop mélancolique commençait déjà à poindre sur l'EP Inwards & Onwards en 2021, elle s'est définitivement installée ici. Très fusionnels et introvertis, les HMR baignent dans leur (doute) sphère musicale, reprenant même leurs propres titres pour en faire un album (The Covideo Sessions) pendant le covid. Post crise, et sous forme de sudation, Salt a un goût sucré-salé à la dynamique élégante et tenue dans une rigueur mélodique maitrisée qui procure un gracieux confort d’écoute. Idoine pour l'été. L'album éclate de confettis qui s’éparpillent et distribuent largement de la pop aigre douce, sans détour. Bien plus surprenants qu'ils n'en ont l'air, les Half Moon Run prennent les latérales et se montrent aussi spontanés qu'inattendus. Une des belles surprises de 2023, carrément.  

Commentaires
MathildeAR, le 18/08/2023 à 17:30
Merci pour ton retour. Ça sera je pense toujours intéressant de les entendre sur scène, leur musique est assez fédératrice anyway, ça va être beau
FranckAR, le 17/08/2023 à 16:39
Plutôt conquis par ce nouvel album. Une pop raffinée, apaisante et intimiste, avec des mélodies qui s'installent assez rapidement. Plutôt impatient de les voir au Bataclan le 22 septembre (même s'il s'agit surement plus d'un groupe "studio" que de live)!