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Critique d'album

Kasabian


Empire


(04/09/2006 - Sony BMG - Pop-électro-rock - Genre : Rock)
Produit par

1- Empire / 2- Shoot The Runner / 3- Last Trip (In Flight) / 4- Me Plus One / 5- Sun Rise Light Flies / 6- Apnoea / 7- By My Side / 8- Stuntman / 9- Seek & Destroy / 10- British Legion / 11- The Doberman
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Plus ambitieux, plus narcotique que jamais, Kasabian vient étendre son Empire"
Maxime, le 14/09/2006
( mots)

Il faudrait inventer une expression pour qualifier ce genre de critiques, celles où, à l’heure du second disque, on va décider de mettre à mort ou de glorifier un jeune groupe anglais ayant sorti un premier album à succès. Faute de terminologie satisfaisante, appelons cela pour le moment "l’instant NME", l’hebdomadaire britannique s’adonnant à cette discipline à chaque numéro. Ainsi donc, notre instant NME de la rentrée se consacrera à Kasabian, groupe de Leicester versant dans le mélange électro-rock/baggy, lequel rempli tout les critères du parfait candidat au jeu du lever/baisser de pouce : formule addictive, tubes roublards, arrogance sans limite, fringues et coupes de cheveux règlementaires, soirées narcotiques de circonstance… Nous sommes bel et bien en terrain connu. Or, dans ce cas précis, Kasabian a donné le manche pour se faire battre, affirmant à qui veut l’entendre que leur second opus surclassait sans problème le Definitely Maybe d’Oasis. À peine les gladiateurs rentrés dans l’arène, on affûte déjà sa hallebarde, histoire de faire ravaler leur morgue à ces quatre orgueilleux.

Pourtant, Empire n’est pas un album qui se laisse démonter si facilement. Plutôt que de reproduire leur premier effort (option Strokes), les musiciens ont choisi la seconde alternative, celle d’offrir un album plus aventureux, moins évident, plus long en bouche. On imagine mal les compos de ce disque ouvrir les rencontres Leeds/Manchester comme avait pu le faire en son temps "Club Foot". Le saut esthétique n’est pas aussi spectaculaire que celui réalisé entre The Bends et Ok Computer, mais à l’échelle de ce groupe (dont il ne faut pas non plus surestimer l‘importance), il demeure assez considérable. Empire puise dans le même terreau musical que son prédécesseur, à savoir la fusion entre la brit-pop d’Oasis, The Verve et Happy Mondays, le psychédélisme de Primal Scream et les réminiscences électro-acides des Chemical Brothers. Mais en tamisant les mélodies, en s’adonnant moins souvent à la facilité, en obscurcissant les atmosphères, Kasabian parvient à grandir en dehors de l’ombre toute puissante du Scorpio Rising des Death In Vegas, référence ultime en terme de mix électro-glam-pop.

Lors des premières écoutes, aucun "LSF" ou "Processed Beat" n’émerge avec évidence. Ce que le disque perd en immédiateté, il le gagne en homogénéité. La qualité des compos est moins inégale que sur Kasabian et révèle un tout plus harmonieux, plus dense. La bonne idée du groupe est de moins se reposer sur des nappes technoïdes convenues et de davantage creuser les harmonies, laissant avec justesse plus de place aux chœurs, qui sont ici véritablement lancinants, tour à tour lugubres et euphoriques, flottant comme une traînée de poudre avec un arrière-goût de reviens-y. Serge Pizzorno s’est résolu à cesser de singer Liam Gallagher pour offrir des parties vocales hantées venant soutenir à merveille des rythmiques tripantes. Les mesures martiales d’"Empire" claquent comme les bottes des quatre Droggies d’Orange Mécanique sur le pavé londonien. D’ailleurs on sent l’ambiance rétro-futuriste du film de Kubrick planer sur les 11 pistes du LP, tapie dans l‘ombre. On voit bien les poster écornés de Marc Bolan et les chaises en plastique couleur crème côtoyer les baladeurs ipod 5 gigas.

Avec insolence, le groupe vient secouer le cocotier glam pour venir éclater les fruits tombés à coup de bottes synthétiques, à l’image du parfait "Shoot The Runner", avec ses chœurs fantomatiques, ses riffs de guitares secs claquant comme un coup de règle sur les phalanges, et sa rythmique rigide. Dérivant entre rock sous LSD ("Last Trip In Flight"), T-Rex et ses cordes revues à la sauce acid-rock ("Me Plus One"), Goldfrapp revisité ("Seek And Destroy"), le vaisseau ne quitte jamais son cap des yeux, celui de la mélodie altière et impériale. Le groupe parvient même à se sortir sans trop de dommage d’un exercice trop convenu : un "Sun Ries Light Flies" en forme de plagiat du "Tomorrow Never Knows" des Beatles (riff de batterie, violons inversés et tout le toutim), titre séminal et semble-t-il indépassable en matière de psychédélisme pop. À moins que la référence visée soit plutôt les Chemical Brothers ("Let Forever Be"). Au jeu des chaises musicales contemporaines, on ne sait plus bien qui cite quoi.

Si ce n’est pas avec cet album que Kasabian va enterrer Oasis, le groupe montre néanmoins avec ce disque envoûtant et venimeux qu’il a la carrure de ses ambitions. Les gladiateurs modernes peuvent donc regagner leurs quartiers avec honneur : le public a eu sa dose de barbaque, qu‘on assortira volontiers avec quelques champignons multicolores.

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