Keren Ann

Il y a des artistes qui, lorsqu'ils sortent un nouvel album, peuvent susciter une certaine appréhension. Pour un artiste dont on a énormément aimé le précédent album (Nolita en 2004), une peur nous prend quand il faut mettre le nouvel album sur la platine. La peur panique d'être déçu. Et on se dit que le précédent avait déjà mis la barre assez haut et que le nouvel opus ne pourra pas l'égaler. Keren Ann est de ces artistes là. Trois ans que l'on attendait ce nouvel album et pourtant, force est de constater que la chanteuse arrive bel et bien à nous surprendre encore une fois, avec un album rock qui baigne dans une douce ambiance velvet.
L'album est à l'image du livret : très épuré, léger, vaporeux, on est très vite enveloppé dans des mélodies douces et mélancoliques. Si pour ces précédents albums, Keren Ann chantait aussi bien en français qu'en anglais (on se rappelle entre autres le superbe "Que n'ai-je" sur Nolita), cette fois-ci, l'album est uniquement en anglais. On retiendra surtout les deux excellents morceaux "Lay your head down", premier single extrait de l'album, mais également "Where no endings end" où la chanteuse nous susurre comme dans un dernier souffle" Send me off shore/It's a cold blooded war/I can't win/I give in/I give in". Et là on touche littéralement à la perfection.
Keren ann a énormément travaillé les arrangements en introduisant flûte, violoncelle, harmonica, violon sur la plupart des morceaux : toutes les parties instrumentales sont en effet très soignées, comme le témoigne le très beau morceau "Liberty". "It ain't no crime" est le seul morceau véritablement rock, tandis que "In your back" ou encore "The harder ships of the world" sont dans la même veine poétique que les autres titres. Enfin, pour le dernier morceau instrumental "Caspia", Keren Ann a de nouveau collaboré avec Bardi Johannsson, avec qui elle avait déjà travaillé pour l'album Lady & Bird. L'album entier a le don d'être bourré d'émotions, chaque morceau peut réveiller quelque chose de particulier et toucher chacun d'entre nous.
On regrette juste que l'album soit si court, quarante minutes pour neuf titres. Cependant, il fait partie des rares albums que l'on peut écouter en boucle sans s'en lasser. Mais une chose est sûre, c'est qu'il ne faut pas passer à côté.