La Femme
Psycho Tropical Berlin
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1- Antitaxi / 2- Amour dans le Motu / 3- La Femme / 4- Interlude / 5- Hypsoline / 6- Sur La Planche 2013 / 7- It's Time To Wake Up (2023) / 8- Nous etions deux / 9- Packshot / 10- Saisis la corde / 11- Le blues de Françoise / 12- Si un jour / 13- La Femme ressort / 14- Welcome America / 15- From tchernobyl with love (Bonus Track)
Que l'’attente fut longue ! La Femme, combo biarrot-parisien surréaliste, a su jouer avec les nerfs. Les premiers échos du groupe atterrissaient dans les oreilles du public il y a trois ans. Début 2011, la claque de l’EP Le Podium #1, porté par un titre-phare ravageur – "Sur la Planche" – excitait la curiosité. Autant que sa pochette, détournement de L’origine du monde de Courbet. Et puis plus rien, ou presque. Deux autres titres, un enchaînement de singles déjà connus, et l’obligation pour tous les convertis à cette néo-surf music baroque bien française de ronger leurs six morceaux extravagants. Signe qui ne trompe pas : aucune lassitude n’est venue troubler l’écoute régulière de ces refrains sucrés-névrosés, qui s’accompagnaient des excellentes prestations live de la formation. Mais de la matière, vite ! Les vœux ont été exaucés le 8 avril 2013. Un album, quatorze chansons, une heure de musique.
Surtout, un conte psychédélique, rétro et moderne, parfois absurde, toujours dansant. Il y a un sens de la mélodie imparable chez les huit membres de La Femme. La fusion de leurs talents a produit un groupe à la personnalité artistique terriblement prégnante. Chaque incursion de leur pop gothique dans la cold wave ("La femme ressort", "Le blues de Françoise", "La femme") ou la surf music ("Sur la planche", qui revient après un petit lifting 2013) fascine tant elles semblent évidentes, maîtrisées, entièrement assumé jusque dans un kitsch barré et bienvenu mélangeant Mad Max et les Spacemen 3 ("It’s time to wake up 2023").
De Gainsbourg ("Hypsoline") au rock hexagonale 80’s ("Antitaxi"), La Femme recoupe les influences, se les approprie et délivre un tout cohérent, hypnotique, sans temps morts. De l’intérêt d’une image forte. Loin d’être un ensemble hétérogène qui exploserait dans toutes les directions, Psycho Tropical Berlin alterne parfaitement les rythmes, se montre extrêmement consistant et empile les tubes : certains déjà connus, comme "La femme" et "Sur la planche", d’autres inédits qui se révèlent absolument addictifs, "Si un jour" ou "Nous étions deux" par exemple. Et cette ultime promesse, pour un combo qui tourne déjà chez l’oncle Sam : le "Welcome America" final. Quel plaisir d'écouter ce son d'une rare fraîcheur, tant la scène pop de notre pays semble sclérosée. Ce premier disque déploie une quantité phénoménale d'idées, de formes et d'ambiances sans jamais perdre son fil conducteur.
Passé l'effet de mode, Psycho Tropical Berlin (nom parfaitement choisi) est sans doute la première pierre d'un édifice musical ultra-prometteur. Loin d’être un délire de bobos pompant les standards 80’s, la lumière vacillante de leur musique symbolise la jeunesse de ses créateurs prêts à danser jusqu’au petit matin à défaut d’espérer. Définitivement moderne, le son La Femme cristallise les attentes d'une génération, sorte de MGMT parisien. Parfois robotique, il n’en reste pas moins authentique comme rarement. Un objet pop art qui marquera surement la musique française par sa poésie acide.