
Christopher Owens
Lysandre
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1- Lysandre's Theme / 2- Here We Go / 3- New York City / 4- A Broken Heart / 5- Here We Go Again / 6- Riviera Rock / 7- Love is in the Ear of the Listener / 8- Lysandre / 9- Everywhere You Knew / 10- Closing Theme / 11- Part of Me (Lysandre's Epilogue)


On  ne vous a pas encore parlé de Girls sur Albumrock, et croyez-le ou pas,  c’est un tort, un tort qui devra très bientôt être réparé. Car de tous  les groupes étiquetés indie à avoir vaguement émergé des méandres de  l’alternatif américain lors de la dernière décennie, Girls a été un brillant  OVNI, l’un des traits d’union essentiel entre le rock underground 90’s, le folk et la  surf pop, l’une des rares formations à avoir emboîté le pas des Beach  Boys et des Pixies en terme de songwriting et d’intention mélodique.  Hélas, mille fois hélas, l’espoir placé dans le couple Christopher Owens  - Ched White s’est vu anéanti en même temps qu’Owens sabordait tout  seul le tandem en partant vaquer exclusivement à ses activités solo. Le  résultat, c’est Lysandre, et dans un premier temps, on aurait bien envie  de lui dire "Tout ça pour ça ?".
Mais  arrêtons-nous tout d’abord sur le personnage d’Owens. Sacré mec, sans mauvais jeu de mot avec son ancien groupe. La dernière rock n’ roll star de notre époque ? Même  si ça peut vous faire sourire, on serait quand même bien tenté de  répondre par l’affirmative. En effet, peu d’artistes actuels peuvent se  targuer d’un tel passé (jeunesse embrigadée dans la secte des Children Of  God jusqu’à l’âge de 16 ans, appartenance au mouvement punk Amarillo,  drogue, dépravations en tous genres), d’une telle sensibilité à fleur de  peau et surtout, surtout, d’un tel don de composition. Un type écorché  vif, gueule d’ange indéniable (il a été choisi pour être mannequin chez  Yves Saint Laurent) qui cache sa tronche timide derrière une improbable mèche  sur la pochette de Lysandre. Mais c’est qui, d’abord, cette Lysandre ?  Il s’agit d’une jeune groupie rencontrée lors d’un concert de Girls en  France, source d'une relation intense et suffocante qui prit fin brutalement et  dont il ne lui reste rien, rien à part quelques notes de musiques. Un  thème musical qui se retrouve ainsi au centre de ce concept album, sorte  de road movie sentimental qui égrène régulièrement la fameuse petite  ritournelle douce-amère en guise de fil rouge émotionnel. 
Et  dans un premier temps, donc, on aurait bien envie de lui dire "Tout ça  pour ça ?", à Christopher Owens. Non mais sans blague. Finies les  guitares ondoyantes de Girls : en lieu et place se retrouvent invités  gratte acoustique (bon d'accord, là, on n'est pas trop surpris), ukulele, piano, flûte traversière, saxo et autres  orgues très vintages, instruments sur lesquels l’ange blond dépose sa  voix fragile avec une apparente gaucherie exacerbée tout au long d’un  disque très court (30 minutes, pas plus). Heureusement, cette impression  initiale de je-m’en-foutisme se laisse bien vite étouffer par le  talent, lui bien réel, d’Owens. Lysandre, s’il ne parvient pas  complètement à égaler le songwriting brillant des deux albums de Girls,  place encore une fois la barre très haut, parvenant à recréer une  ambiance délicieusement 60’s. Lysandre, c’est un peu le petit frère  illégitime du Smile de Brian Wilson, l'auto-flagellation en plus et l’ambition démesurée en moins. Un  disque qui se transforme quasi-immédiatement en classique, bondé de  mélodies qu’on jurerait connaître depuis toujours après à peine trois  tours de platine, qui se ressemblent toutes de prime abord mais qui font  preuve d’une imposante personnalité. Un disque qui marie les  atmosphères de façon étonnamment naturelle, entre balades acoustiques  complexées ("Here We Go", "A Broken Heart", "Everywhere You Knew"),  alternatif californien morveux (le duo "New York City" - "Here We Go  Again", quel saxo sur le premier !), reggae attitude irradiant de chaleur ("Riviera Rock") ou  country-folk de plage  ("Love Is In The Ear Of The Listener",  "Lysandre", "Part Of Me"). 
Alors  c’est vrai, le fameux thème de Lysandre se fait un peu envahissant, et  c’est vrai aussi, à ce niveau de qualité, on aurait pu espérer un petit  peu plus de contenu. Mais que cela ne vous empêche pas d’aller écouter  ce premier album solo de Christopher Owens , promesse d’une discographie  que l’on espère longue et captivante... du moins si le garçon ne se fait  pas sauter le caisson trop tôt, avec ses faux airs de Cobain de San Francisco. Ah oui, et écoutez Girls, aussi. On en  reparlera bientôt.






















