Motörhead
Bomber
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1- Dead Men Tell No Tales / 2- Lawman / 3- Sweet Revenge / 4- Sharpshooter / 5- Poison / 6- Stone Dead Forever / 7- All the Aces / 8- Step Down / 9- Talking Head / 10- Bomber
Placé entre les deux chefs-d’œuvre que sont Overkill et Ace of Spades, Bomber souffre indéniablement de cette position intermédiaire au sein de la discographie du groupe. Dans la postérité, cela a néanmoins pu servir à sa réhabilitation : aveuglés par les deux albums qui l’encadrent, nous aurions négligé les qualités en réalité époustouflantes de ce troisième opus. Il me semble que cette revalorisation pèche parfois par excès d’enthousiasme : ce n’est pas sans raison que Bomber demeure au second plan et s’il est bel et bien un bon album, il reste en deçà de ses deux illustres compagnons de discographie.
Entre 1979 et 1980, Motörhead connait à la fois son âge d’or créatif et une productivité stakhanoviste : en début d’année, Overkill avait donné au groupe la stature d’incontournable de la scène Heavy et le trio était une formation avec laquelle il fallait désormais compter. Prêts à bombarder Londres à coups de décibels, Lemmy, Fast Eddie Clarke et Philthy Animal montent dans leur avion militaire décoré en l’honneur du snaggletooth, armés de leurs nouvelles munitions.
Alors certes, Motörhead propose ici certains de ses meilleurs titres, comme "Poison", une tuerie à mi-chemin entre le punk-rock et la hard-rock avancé, et le morceau-titre, "Bomber", a tout du tube immédiatement enthousiasmant. "Sharpshooter" se défend bien en tant qu’incarnation de la touche motörhead-ienne et "Dead Men Tell No Tales" permet de comprendre pourquoi le combo est devenu une source d’inspiration pour la NWOBHM en gestation (à la Saxon, Girlschool ou Raven). Le rock’n’roll "Stone Dead Forever" est également plus séduisant qu’il n’y paraît, grâce à son riff principal moins caricatural qu’on ne pourrait le pense mais également pour sa ligne de basse agressive et son solo aussi simple qu’accrocheur (avec un son assez aigu qui contraste bien avec la lourdeur de la basse).
Seulement, pris dans sa globalité, le répertoire proposé s’avère moins énergique et surtout moins pertinent et accrocheur que celui d'Overkill. Résumons le propos en parlant de bons titres de hard-rock finalement assez convenus. L’efficacité d’"All the Aces" n’en fait pas moins un titre secondaire au sein de leur catalogue, le blues acide "Step Down" ne brille pas par son originalité dans le style. On pourrait poursuivre de la sorte en évoquant le sympathique "Lawman" qui reprend quelques traits stylistiques de ZZ Top sur le refrain (c’est devenu une habitude), le pachydermique "Sweet Revenge" ou le dansant "Talking Head".
Nous n’aimerions pas être mal interprétés : Bomber est un bon album. Néanmoins, si entre 1979 et 1980, âge d’or il y a, cet opus est en effet le moins remarquable de la trilogie impériale de Motörhead.
À écouter : "Bomber", "Poison", "Sharpshooter", "Stone Dead Forever"