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Critique d'album

New Order


Lost Sirens


(14/01/2013 - Warner Music - Post punk - Genre : Rock)
Produit par

1- I'll Stay With You / 2- Recoil / 3- I Told You So / 4- Shake It Up / 5- Sugarcane / 6- Californian Grass / 7- Hellbent / 8- I've Got A Feeling
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Du neuf avec des vieux. "
Kevin, le 28/01/2013
( mots)

New Order est un grand groupe. Pas uniquement à cause de la tragédie de sa création, pas uniquement grâce à leur longévité de marathoniens, pas uniquement du fait de leur légende un brin sulfureuse ou des chiffres hallucinants de leurs ventes. Non, New Order est un grand groupe parce que New Order s'est employé à créer de la grande musique. Tout du long de leur carrière, ils ont fait pleurer des millions de gens tout en les faisant danser frénétiquement et laissent derrière eux une multitude d'authentiques standards pop, de "Ceremony" à "Crystal" ou de "Bizarre Love Triangle" à "Blue Monday". Tout ce que la bande de Bernie Sumner a façonné mérite deux oreilles attentives et un pied qui bat la mesure, tout sauf peut-être, éventuellement, leur dernier véritable album, sorti en 2005 : Waiting For The Sirens' Call. Trop easy-listening, trop premier degré, trop électronique, les critiques tombèrent sèchement à sa sortie malgré des qualités évidentes. Mais qu'importe sa vraie valeur, l'album finira de déterrer les querelles intestines et revêt pour certains fans le lourd costume de l'album de trop. Alors quand les rescapés de New Order (purgé de Hooky, LE meilleur bassiste de l'histoire de la pop, parti depuis faire revivre les cendres de Joy Division ailleurs) annoncent une collection de chutes de studio de WFTSC, la foule est sceptique. Surtout que la date de sortie est maintes et maintes fois repoussée, tant les gars ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le bien fondé de l'initiative.

Pas vraiment un album, bien que plus long que Brotherhood (1986, brillant), pas tout-à-fait un EP, Lost Sirens est un produit bâtard, moitié enfant tombé du ciel, moitié catalogue de raretés dont tout le monde se fout. Reste à faire sonner six morceaux inédits + une version alternative + un titre déjà croisé dans Total ("Hellbent") comme un ensemble cohérent plutôt que comme une manœuvre commerciale. On retrouve cela dit sans mal la sève du New Order des années 2000 : morceaux aériens, dansants et immédiats, paroles niaises et basse sautillante Hook-esque, rien que du confortable, du déjà-goûté à peine réchauffé. La première moitié de Lost Sirens passe ainsi sans que rien ne nous titille le palais. Quatre morceaux dans le droite lignée de l'album-mère, à un degré tel qu'ils entrent même en résonance avec certains découverts huit ans plus tôt. "Sugarcane", comme "Krafty" avant lui, respire cette moiteur de fin de soirée, cette ambiance saturée mais totalement libérée par la voix claire de Barney en surface d'un refrain groovy. S'enchaînent alors du plan-plan correct et du vaguement mélo, de la guitare ciselée et du synthé baveux, rien de profondément marquant dans un sens comme dans l'autre. Rien, et c'est bien là le cœur du problème, rien qui ne réponde à la question qui tourne en boucle : finalement, à quoi bon nous livrer tout ça ? 

Car des mallettes remplies de faces B, on s'imagine bien que depuis 1981, New Order en a accumulé de manière exponentielle sans pour autant les livrer au tout-venant. Mais à s'y pencher de plus près, il faut avouer que ce Lost Sirens recèle peut-être d'un peu plus d'identité que ce que son titre veut bien laisser entendre. Il ne s'agit pas uniquement que d'une fratrie de sirènes mineures abandonnées en route en 2005, car les quatre morceaux suivants s'échappent du lagon tiédasse dans lequel on a trop vite voulu les enfermer. Ou plutôt, ils remontent la rivière jusqu'à un récif bien plus excitant. Car dès lors, l'album se paie le luxe de rappeler le New Order époque fin 80's. Plus sombre, nettement plus entraînant, il offre un sacré coup de jeune (avec du vieux) à ces créatures mollassonnes et complaisantes. Rien de fondamental, mais ces quelques titres multiplient les bonnes idées. Au plus profond du rythme lascif de "Hellbent", on sirote la voix basse de Sumner comme un gourmandise rare et les saccades d'un synthé enfin inspirant. "Shake It Up" rappelle quant à lui les fastes années Ibiza du groupe grâce à l'efficace recette couplets retenus /  refrain parfaitement cadencé et cette habile science du groove que le monde entier leur jalouse. "I've Got A Feeling" et à plus forte raison la version alternative de "I Told You So" (l'original était présent sur WFTSC) prouvent enfin que New Order n'a rien perdu de cette effrayante capacité à grattouiller l'âme avec trois fois rien, à insuffler de la mélancolie derrière une innocente simplicité. 

Lost Sirens est donc définitivement un objet curieux, quelconque puis sexy, pataud et subtil à la fois. Mais il a au moins le mérite de nous réapprovisionner en nouveau matériel, même si l'album aura bien du mal à se frayer un chemin jusqu'à nos mémoires. Des souvenirs bien plus fascinants prennent déjà toute la place et on peut franchement se questionner quant à la légitimité d'un tel objet. S'il est loin d'être assez barbant pour salir le doux nom de New Order, il demeure insuffisamment beau, dense ou funky pour ne pas créer un léger trou d'air dans la (fin de) carrière du groupe. Reste à attendre de nouveaux signes de vie et croiser les doigts à s'en rompre les phalanges que le chant des sirènes ne mue pas en chant du cygne. 

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