Outlaws
Dixie Highway
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Parmi les institutions du rock sudiste, Outlaws se démarque par son style très particulier : plutôt du côté saturé du genre, le groupe développe pourtant une musique souvent relativement douce, et surtout, possède des guitares très mélodiques qui se battent en duel avec l’harmonie d’un Wishbone Ash du Dixieland. Leur grand défaut est de n’avoir jamais réussi à sortir un disque absolument intouchable, alors qu’ils possèdent à leur actif des morceaux titanesques, comme "Green Grass and High Tides", leur hymne sudiste, "Holiday", "Hurry Sundown" et bien d’autres.
Très honnêtement, je ne pensais pas que le groupe existât encore et c’est vraiment par hasard que j’ai appris qu’un nouvel album était en route : en fait, il ne reste qu’Henry Paul et Monte Yoho parmi les membres présents depuis les années 1970. Mais Outlaws vivait encore et avait sorti en 2012 It’s About Pride, plutôt bien reçu ; Dixie Highway est donc leur onzième album.
On se trouve face à un groupe qui ne s’est pas renié et n’a pas perdu de son talent. Les recettes qui faisaient sa saveur sont bien travaillées pour nous transporter sur les routes désertiques du sud des Etats-Unis. Le chant est très marqué par l’esthétique locale, de même que les riffs. On est surtout heureux de retrouver les nombreuses mélodies à la guitare qui ont fait la marque du groupe dans l’univers sudiste. "Southern Rock Will Never Die" (quel titre !) pose ces bases dès l’introduction, "Dixie Highway" retrouve toute la fougue du groupe et a tout pour devenir un tube avec son duel de guitare comme mise en bouche. L’excellent instrumental "Showdown" témoigne de la qualité des guitaristes, qui se perçoit de toute façon dans les soli, nombreux et mélodiques, avec des dialogues sans fin.
Les amoureux de rock sudiste seront convaincus par la performance, que ce soient les amateurs de titres qui swinguent, du côté de "Rattlesnake Road" - un blues rock sudiste survolté, ou les mordus de pièces plus solennelles. Sans faire de long hymne à la "Free Bird", ils ont mis au monde un morceau un peu plus long qui prend le temps du développement et n’hésite pas à donner dans le refrain unificateur. C’est "Endless Ride" avec son introduction sortie du fin fond du Bayou et son solo d’enfer.
Outlaws a toujours eu un petit côté Americana, avec des balades à souffle country. La bonne (auto)-reprise "Heavenly Blues" (le morceau est issu de leur album Hurry Sundown) est dans ce registre, rehaussée par un chorus aérien. "Over Night from Athens", "Dark Horse Run", "Macon Memories" sont de cet ordre. Personnellement, ce n’est pas ce qui me fait le plus vibrer, mais il y a du public pour cela.
Bilan. Outlaws est toujours en place, et on préfère un monde avec un album de plus de leur part, surtout de cette qualité. Ils demeurent une institution qui tourne toujours avec chaleur et savoir-faire, comme un vieux saloon du sud-profond. Alors on en prendra bien un verre de plus. Pour la route.