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Critique d'album

Perry Leopold


Christian Lucifer


(00/00/1999 - Gear Fab - Folk / psyché / prog - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- Sunday Afternoon In The Garden Of Delights / 2- The Windwill / 3- The Starewell / 4- Serpentine Lane / 5- The Annunciation / 6- The Journey / 7- Vespers
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Aussi prosélyte qu'inspiré, le chef-d'œuvre perdu de Perry Leopold"
François, le 01/12/2020
( mots)

Ne vous laissez pas tromper par la date de parution de cet album, et restez attentif à l’esthétique de la pochette qui signale bien plus l’origine et le contenu de Christian Lucifer. En effet, en termes de chronologie, on si situe bel et bien dans les années 1970, plus précisément en 1973, l’opus ayant été enregistré entre aout et octobre. Si l’album n’est sorti qu’en 1999, c’est qu’à l’époque, il avait honteusement été mis de côté par les labels pour des raisons obscures. Heureusement, les pistes n’ont pas été détruites et le mouvement des archéologues du rock passant par-là, il a enfin pu être publié avec une réédition de son premier album.


En termes de thématiques, le mysticisme chrétien (peut-être mormon ? Il semble qu’il y ait une référence à l’Eglise des derniers jours …) imprègne l’écriture de Perry Leopold, inspiré par le Saint-Esprit lui soufflant des mélopées qu’il renvoie en odes, comme l’illustrent la pochette et le titre de l’album. Les derniers mots du chanteur seront une répétition de "I Love You Lord I Love You", mais on pourrait citer des extraits de la plupart des morceaux qui vont dans ce sens. 


Si cette orientation mystique tranche avec les relents pseudo-philosophiques du type de ceux de la Beat generation du premier opus, musicalement, Perry Leopold dépasse également son acid-folk limité au combo chant/guitare pour quelque chose de beaucoup plus ambitieux. En effet, il s’est acoquiné avec une ribambelle de troubadours jouant des instruments aussi inattendus que le hautbois, le basson, le cor d’harmonie, mais aussi des violoncelles ou de multiples percussions. Le tout sert une ambiance médiévale ou Renaissance, un rendez-vous plutôt rare dans le monde du folk américain contrairement à son pendant anglais qui était lié à la recherche des pièces traditionnelles oubliées (Lindisfarne, Jack the Lad, Steeleye Span …). Plus encore, Perry leopold fait ici le pont entre les Etats-Unis et le rock progressif, genre qui connut un succès très important sur place sans voir se développer ne scène d’une envergure autochtone. 


"Sunday Aftertoon in the Garden", le premier titre, impose la dimension spectaculaire de l’album. On ne parle pas de sa durée, plus de huit minutes, signalant à elle-seule l’ambition du compositeur, mais de la musique en elle-même. L’orchestration amène une réelle puissance parfaitement dosée- les percussions sur la montée de guitare, les violoncelles, les cloches et les cuivres – et ne couvrent jamais les arpèges et lignes d’accords. Elle apporte aussi une touche progressive indéniable, notamment lors des petites digressions médiévales délicieuses. Surtout, Perry Leopold se surpasse au chant, sa voix n’a jamais été aussi sublime et prenante, bouleversante. Il la module de façon harmonieuse avec les instruments – tantôt mélancolique, tantôt plus joyeux, toujours spirituel. 


Son style progressivo-médiévale semble préfigurer Gryphon, comme sur le tendre "The Starewell" ou sur l’illuminé "The Anunciation" : l’usage des instruments à vent et des claviers (au son analogique de clavecin) n’y est pas pour rien. La présence de la flûte est également un bel atout, qui apporte de la solennité et de spiritualité à un titre comme "The Journey". 


La dimension folk est toujours très présente, parfois même dominante, comme on peut l’entendre sur le sublime "The Windwill" et sa musique folk à relents psychédéliques (avec un côté Buffalo Springfield). Là encore les percussions et le jeu de guitare un peu bluesy. Il confine même à la transe cosmique sur "Serpentine Lane" à renfort de reverb. 


Rendons hommage à Perry Leopold en tant que chanteur. Sur chaque titre, il s’adapte au registre, fait montre de nuances impressionnantes et témoigne d’une conscience profonde de sa voix en tant qu’instrument. Sa justesse et sa puissance sont au service d’une incarnation totale de ses compositions. Emotion garantie, pour peu qu’on accepte de dépasser le côté (très) prosélyte de l’artiste, dont l’anglais à la prononciation très accessible rend facilement compréhensible. Mais la beauté de l’intégralité des compositions, la finesse du jeu de guitare et des orchestrations font vite oublier cet aspect. 


Si l’histoire de Perry Leopold ne s’arrête pas avec ce chef-d’œuvre non publié, puisqu’il continue à donner des concerts durant toute la décennie et s’inscrit dans un réseau de coopération entre musiciens au sein de la PAN au début des années 1980, il reste dans l’ombre. Reste ce miracle, comme il le confie lui-même dans une vision eschatologique de la fin du millénaire (la publication date de 1999), d’enregistrements retrouvés et publiés, qui permet à nos oreilles d’entendre enfin la litanie de Perry Leopold. 


 

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