Phantom Spell
Immortal's Requiem
Produit par
1- Immortal's Requiem / 2- Dawn Of Mind / 3- Seven Sided Mirror / 4- Up The Tower / 5- Black Spire Curse / 6- Blood Becomes Sand / 7- Moonchild / 8- Keep On Running (Alternate Version)
Sans prévenir, en juillet 2021, Kyle McNeill, leader du groupe de revival Heavy typé NWOBHM Seven Sisters, publiait sur divers réseaux un morceau titré "Keep on Running", prélude à un nouveau projet intitulé Phantom Spell. Tout en gardant une tonalité électrique et saturée, alors que sa formation s’apprêtait à publier un troisième album – Shadow of Fallen Star Pt.1, le morceau en question s’aventurait vers des contrées progressives (les claviers sont plus présents, avec des sonorités très prog’, et le registre est plus apaisé que chez les Sept sœurs). Pour les curieux, sachez que ce très bon titre se trouve en bonus de ce premier album dans une version alternative.
Un an plus tard, ce side-project très personnel façonné talentueusement en DIY aboutit enfin avec un opus inaugural intitulé Immortal’s Requiem. Le programme est annoncé par un fantôme shakespearien en couverture, qui semble revenir d’un passé incertainement situable, même si les sonorités et les biais de compositions proviennent d’une faille temporelle entre les glorieuses 1970’s et les robustes 1980’s. Preuve en est d’une belle reprise de Rory Gallagher, "Moonchild" (Calling Card, 1976), issue de la période hard-rock du bluesman irlandais (1976-79, le sommet de sa carrière, à notre avis).
L’introduction "Immortal’s Requiem", centré sur le chant de Kerry McNeill qui fait ici une belle performance, impose son ambiance à la fois épique et fantomatique, pour amener "Dawn of Mind", titre qui conserve le tropisme Heavy 80’s de l’artiste qu’on connaît par ailleurs. Pour autant, dans l’alliance subtile entre les lignes de guitare et le chant, comme dans la violence mesurée des riffs, beaucoup plus asceptisée que chez Seven Sisters, il serait pertinent de qualifier la musique d'Heavy-prog’. Du reste, le titre est mélodiquement imparable et très accrocheur, Kyle McNeill s'avère être un très bon compositeur dans ce domaine. On pourrait lui joindre "Up the Tower", morceau plus classique qui se situe également entre Heavy 1980 et hard US des 70’s, comme peuvent l’être certains titres du dernier Seven Sisters.
Là où Phantom Spell se distingue réellement, c’est par ses aspérités progressives, particulièrement audibles sur "Black Spire Curse" avec ses clavecins à la Kansas et sa guitare camelienne, au point d’adopter un registre qui confine au néo-progressif dans le genre de Pendragon.
Le groupe américain du Midwest, plusieurs fois cité dans cette chronique, est l’inspiration qui se fait la plus sensible tout au long de l'album, en témoigne l’excellent "Seven Sided Mirror", single promotionnel et point d’orgue de l’opus. Après une introduction digne d’Opeth, on entend à nouveau Kansas sur les claviers et les lignes et de chant emphatiques, mais le titre à l’intelligence de basculer vers des riffs plus Heavy sur les refrains, une petite facétie de composition qui permet d’atteindre la grande classe. Autre moment d’une intensité exceptionnelle, "Blood Become Sand" qui souvre sur de délicieux arpèges mélancoliques, puis développe des lignes mélodiques intenses au niveau du meilleur Hällas, avec des riffs lents très bien mis en relief par des claviers, ou encore un pont qui inaugure la partie soliste dans un esprit power-metal (entendre un alignement rapide de notes avec une mélodie très recherchée) avant de grandes envolées guitaristiques. Un coup de maître.
On ne peut que féliciter Kyle McNeill pour son travail de composition remarquable, dont l’évolution des qualités était déjà bien audible au fil de la discographie de Seven Sisters, et qui franchit un nouveau palier avec Phantom Spell. Pour les amateurs de rock/Metal revival qui hybrident des références multiples afin de créer un matériau original, cet album sera sans doute un incontournable de l’année 2022.
Retrouvez ici l'interview de Kyle McNeill à propos de cette sortie.
A écouter : "Seven Sided Mirror", "Blood Become Sand"