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Critique d'album

Pink Floyd


The Dark Side of the Moon


(01/03/1973 - Harvest - Prog éthéré - Genre : Rock)
Produit par Pink Floyd

1- Speak to Me / 2- Breathe / 3- On the Run / 4- Time / 5- The Great Gig in the Sky / 6- Money / 7- Us and Them / 8- Any Colour You Like / 9- Brain Damage / 10- Eclipse
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Le disque parfait ?"
Nicolas, le 26/01/2012
( mots)

The Dark Side Of The Moon ou le disque parfait, l'album qui appelle immédiatement les superlatifs : troisième meilleure vente de disques de tous les temps (45 millions de copies écoulées de par le monde), record absolu de longévité dans le Billboard (741 semaines d'affilée, soit plus de 14 ans !), étalon or auditif pour tester la qualité des chaines hi-fi jusqu'aux années 90... mais c'est surtout l'album qui a propulsé du jour au lendemain Pink Floyd de l'anonymat de l'underground anglais à la célébrité universelle et qui a transformé le groupe en une machine à remplir les stades. Au delà de ces simples aspects matériels, Dark Side marque surtout une rupture avec l’œuvre antérieure du Floyd et réalise la quintessence de ce que la formation souhaitait exprimer sur disque depuis la défection de son leader Syd Barrett en 1968. Il aura donc fallu à David Gilmour, Roger Waters, Rick Wright et Nick Mason cinq années et sept albums studios (en comptant deux BO de film) pour parvenir à un tel résultat. Mais quel résultat !

La clé de Dark Side tient uniquement dans une constatation en apparence anodine, mais qui a défini très tôt la relation liant les quatre hommes : Pink Floyd est un groupe qui s'est retrouvé très tôt (trop tôt) décapité et qui a dû se battre pour avoir simplement le droit d'exister. La perte de Syd Barrett s'est révélée dramatique pour ses congénères, car outre sa personnalité musicale affirmée et ses dons de guitariste atypique, il était surtout l'unique songwriter et parolier de la formation. Sa défection suite aux troubles psychiatriques dont il souffrait a donc mis le Floyd face à un cruel dilemme : arrêter le rock, ou poursuivre la musique à l'aveugle. Cette deuxième solution a donc été retenue, avec les forces et les faiblesses que l'on connaît : d'un côté un répertoire essentiellement instrumental, reposant sur l'improvisation et l'expérimentation sonore initialement versée dans le psychédélisme spatial, et de l'autre un manque récurrent de chansons à texte et de mélodies. Paradoxe suprême : jusqu'à Meddle, les quatre hommes n'ont jamais réussi à mélanger les textures sonores riches de leurs exploits psychés avec des textes convenables, et les seules vraies chanson du groupe se trouvaient réalisée sous forme acoustique. Jusqu'à Meddle, en effet, car c'est à partir de cet album que la mayonnaise commence à prendre grâce à un seul titre : "Echoes". Tous les essais antérieurs de Pink Floyd, les morceaux de bravoure hallucinés d'A Saucerfull Of Secrets, les digressions sous LSD de More - Ummagumma ou l'essai progressif-classique d'Atom Heart Mother, n'avaient convaincu qu'à demi-mot leurs auteurs. Mais sur "Echoes", la jonction se réalise enfin grâce à une idée conceptuelle de Roger Waters, idée qu'il décide de mettre en texte et dont il livre les pistes de développement musical aux trois autres. Le résultat, ce long titre fleuve de plus de 20 minutes aux multiples ambiances juxtaposées, se révèle absolument magistral et constitue sans aucun doute le morceau le mieux maîtrisé et le plus ambitieux du quatuor. Rassuré sur la direction à prendre, le Floyd confie alors toute la conception thématique de l'album suivant à Waters : les bases de la face cachée de la lune sont jetées.

A ce stade, Pink Floyd est à son apogée artistique. Le groupe vient de réaliser le cultissime concert Live At Pompeii (dont certains passages vidéo ont d'ailleurs été enregistrés durant les sessions studio de Dark Side) qui glorifie les pièces maîtresses de Meddle : "Echoes", donc, mais aussi "One Of These Days", un titre futuriste sublimé par la maîtrise technologique et instrumentale de Rick Wright, sans oublier les meilleurs morceaux des sets live du groupe, dont le trip oriental "Set The Controls For The Heart Of The Sun" et le sculptural et inquiétant "Carefull With That Axe, Eugene". Sur la vidéo, on y découvre une formation en osmose totale, aussi douée dans la restitution de l'ossature sonore des morceaux que dans le raffinement de leurs improvisations finement mesurées. Là se situe le point d'équilibre subtil du Floyd, la jonction entre quatre hommes qui se partagent à responsabilité quasi-égale, au moins en terme d'importance respective de chaque aspect, le songwriting, le chant, les textures mélodiques et les expérimentations sonores, sans aucune considération d'égo. C'est de cet équilibre que naissent les sessions de travail de Dark Side à la fin de 1971 : Roger Waters apporte la plupart du matériel qu'il a au préalable mis sur démo, et le groupe jamme dessus de longues heures durant afin de se l'approprier et de trouver la forme la plus convenable à offrir à ces morceaux. D'autres titres piochent dans des chutes de studio passées : "Breathe", sous une forme primitive, avait été composé par Waters pour la BO du film The Body de Ron Geesin, et "Us And Them" l'avait été par Wright pour Zabriskie Point de Michaelangelo Antonioni, mais aucun de ces deux morceaux n'avaient été retenus à l'époque. Quant à "The Great Gig In The Sky", c'est Wright qui en a composé seul la mélodie au piano, car il manquait du temps sur la première face du vinyle et Waters pensait qu'un instrumental conviendrait bien à cet endroit. Début 1972, le nouvel album a déjà atteint sa forme quasi-définitive, mais plutôt que d'entrer directement en studio, Pink Floyd se décide à étrenner ce matériel inédit en tournée, en Europe et aux Etats Unis. Finalement, les sessions d'enregistrement de The Dark Side Of The Moon s'effectuent en deux temps durant l'année 1972 à Abbey Road, sessions entrecoupées de cycles de performances lives et de répétitions, ce qui permet au groupe d'apporter de multiples retouches à son œuvre. C'est notamment suite à des essais live que des titres comme "On The Run" et "The Great Gig In The Sky" se sont trouvés profondément remaniés, le premier privilégiant des textures expérimentales oppressantes à un instrumental plus classique, et le second remplaçant une lecture biblique surplombant le morceau de piano par une performance vocale improvisée de la chanteuse Clare Torry.

Impossible de parler de The Dark Side Of The Moon sans aborder spécifiquement la partie technique de sa réalisation. En effet, Pink Floyd a toujours été à la pointe du progrès, que ce soit en studio ou en live, mais l'aspect technologique prend une place encore plus considérable dans l'élaboration, la réalisation et le succès commercial de ce nouveau projet. A ce sujet, on vous conseille fortement la vision du DVD du making of de l'album qui décrit particulièrement bien les appareils et les techniques d'enregistrement novatrices utilisées à l'époque. Tout d'abord ce disque est le premier à être capté sur un enregistreur 16 pistes, matériel qui permet une bien plus grande flexibilité de mixage que les anciens 4 et 8 pistes. Il s'agit aussi du premier album utilisant le tout dernier cri technologique de synthétiseurs, notamment les EMS VCS3 et EMS Synthi A dont l'apport est particulièrement palpable sur des titres comme "Breathe" et surtout "On The Run" (avec cette boucle de 8 notes hyper-accélérées qui se retrouve distordue dans tous les sens). Mais la technologie elle-même n'est pas toujours suffisante pour que les quatre hommes, Nick Mason et Roger Waters en tête, puissent donner libre court à leurs idées les plus folles, et il leur faut parfois improviser avec les moyens du bord. C'est ainsi que Waters a l'idée géniale, pour l'introduction de "Money", de créer 7 sons en rapport avec l'argent (pièces qui tombent, ticket déchiré, "ding" de caisse enregistreuse etc), de les enregistrer chacun séparément, puis de prélever sur chaque bande un échantillon de durée égale, de coller chaque échantillon bout à bout, et de bricoler une sorte de quenouille qui élargit la taille de l'appareil de bobinage utilisé en studio. Le résultat est mondialement connu mais il demeure toujours aussi incroyable à écouter, surtout quand on connaît la façon artisanale dont il a été créé. Mais l'autre particularité de Pink Floyd, outre son avant-gardisme technologique permanent, est de toujours s'entourer des meilleurs techniciens audio pour leurs enregistrements. Pour Dark Side, le quatuor décide d'engager au poste de producteur un certain Alan Parsons, l'un des tous meilleurs ingénieurs du son d'Angleterre et qui a d'ailleurs déjà officié sur la partie technique d'Atom Heart Mother - notamment sur le mixage quadriphonique de l'album (là encore une première mondiale, Parsons étant l'un des plus grands spécialistes de la quadriphonie au monde). On rappellera juste que la quadriphonie est l'ancêtre des Dolby Digital et autres DTS, et que ce format correspond donc à une sorte de 4.0 en lieu et place des 5.1 actuellement utilisés au cinéma. Ayant pris du galon et profitant par ailleurs de séances d'enregistrement particulièrement éclatées, l'homme se consacre corps et âme à ce projet et passe un temps considérable à rechercher les meilleurs équilibres possibles entre les différentes pistes captées, à tester des textures différentes, à ajouter ou à amputer des parties instrumentales, à éparpiller les différents sons dans l'ensemble du volume sonore (en stéréo, puis ultérieurement en quadriphonie) etc... C'est donc à lui que l'on doit la richesse sonore époustouflante de l'album, une richesse qui ne peut être captée dans sa pleine ampleur qu'avec une écoute au casque dans un endroit parfaitement insonorisé. Last but not least, Parsons est également l'auteur du célèbre déluge de cloches et de sonneries de réveils qui ouvre "Time" : cette séquence, enregistrée par le technicien lui-même, devait normalement servir de test pour les systèmes hi-fi quadriphoniques, mais a fini par prendre toute sa place sur ce morceau consacré au temps qui défile inexorablement. Pas étonnant, donc, que cet album et ce passage en particulier aient été utilisés pour tester la qualité audio des chaines hi-fi pratiquement jusqu'au début des années 90 !

The Dark Side Of The Moon inaugure toute une série de concept-albums créés sous la férule de Roger Waters, cet album-ci étant consacré à, dixit l'intéressé, "tout ce qui est capable de rendre les gens fous". En toile de fond, il faut bien comprendre que le bassiste géant a été littéralement traumatisé par la schizophrénie développée par son ami Syd Barrett, un type brillant sur les plans intellectuels et artistiques et qui, quasiment du jour au lendemain, n'a plus été capable de tenir son rôle dans le groupe. Waters, sans nier l'effet du LSD en tant que co-responsable du trouble mental de Barrett, incrimine tout autant les pressions diverses qui se sont abattues sur le Crazy Diamond à l'aube de Pink Floyd : argent, succès, médias etc... en clair, la pensée de Waters tient en une peur obsessionnelle : si Syd Barrett a sombré dans la folie, alors lui aussi peut devenir fou à son tour. S'en suivent de nombreuses réflexions sur le sens de la vie, le rôle de l'enfance et de l'adolescence comme préparateur à l'âge adulte (concept hérité de l'éducation maternelle de Waters et que ce dernier finit par renier) ou encore l'isolement lié en partie au star system. Mais, et c'est là que le propos diffère des élaborations ultérieures du bassiste, Dark Side dépeint les maux de ce monde de façon extérieure et, pour reprendre le terme de Waters lui-même, "empathique". Il n'est pas encore question de stigmatisation ni de révolte contre le système (la fameuse Machine de Wish You Were Here ou les porcs de Animals), et c'est ce qui fait que l'on peut encore très facilement s'attacher à ces réflexions philosophiques modernes qui apparaissent universelles et assez faciles d'accès. Dans le détail, la première face du vinyle est un cycle de vie complet, des battements de coeur de la naissance ("Speak To Me") à la mort (ce "grand concert dans le ciel") avec évocations successives de la futilité ("Breathe"), de l'angoisse ("On The Run") et de la façon dont on doit utiliser le temps qui nous est offert durant notre existence ("Time"). Le propos de la seconde face est plus sombre et s'attarde justement sur ce qui conduit à la folie : l'argent ("Money"), l'isolement ("Us and Them") et le rôle réducteur de la société face à l'individu ("Any Colour You Like"). Puis la folie arrive : "Brain Damage" est une sorte de monologue à sens unique de Roger Waters face à Syd Barrett (d'ailleurs, c'est Waters qui chante), le premier essayant de comprendre le second, de l'accepter (et par la même, d'affronter sa propre crainte de la folie) et de se mettre à son niveau : la fameuse face cachée de la Lune. Enfin, "Eclipse", qui se trouve enchaîné au morceau précédent, se charge de ré-injecter une dose mesurée d'optimisme face à la noirceur du propos : l'obscurité de l'existence est présente pour chaque être humain sur terre, à nous de l'accepter, de composer avec elle et de nous entraider les uns les autres pour surmonter les épreuves.

Ce qui est proprement fantastique avec cet album, c'est qu'on peut l'écouter indéfiniment et se retrouver à chaque passage surpris par des détails que l'on avait pas remarqués auparavant. The Dark Side Of The Moon réalise ainsi un paradoxe assez étonnant : il s'agit de l'album le plus mainstream et accessible de Pink Floyd, et pourtant il s'agit également de son disque le plus fignolé, le mieux soigné et le plus abouti. Si on a souvent l'habitude de cataloguer le groupe dans le genre progressif, cet album-ci s'éloigne assez radicalement du genre en ce sens qu'il comporte des pistes sensiblement formatées et des structures mélodiques simples basées sur les traditionnelles alternances couplets-refrains. Mais ce formatage (relatif, tout de même) est poussé dans ses limites les plus extrêmes en ce sens où, malgré le carcan inhérent aux limites temporelles et structurelles, on reste estomaqué devant la profondeur et l'inventivité des arrangements et des enchainements du disque. Impossible de tout citer, bien sûr, mais tout de même : comment ne pas rester bouche bée devant l'introduction démentielle que représente "Speak To Me", un titre qui reprend quasiment tous les tics sonores de l'album et qui les propulse jusqu'à l'auditeur en un lent crescendo auditif, magma invraisemblable de samples, rires, chœurs et instrumentations étranges, le tout sur fond de battements cardiaques majestueux ? La première face du vinyle reste d'ailleurs la plus impressionnante sur le plan purement technique, notamment dans sa moitié initiale. Seul bouée d'ancrage pour l'auditeur au début du voyage, "Breathe" est une fantastique incursion dans la félicité la plus exquise, tel un rêve éveillé magnifié par la grâce de la Pedal Steel et de la guitare chatoyante de David Gilmour. Un moment de flottement magique qui vire bien vite au cauchemar le plus angoissant sur "On The Run", fascinante plongée dans des tourments synthétiques hallucinés d'une noirceur sépulcrale, virée haletante au sein d'un hydroglisseur dément qui s'achève en un crash inévitable. Puis le silence s'installe, assourdissant, bien vite troublé par un léger tic-tac qui précède la fameuse avalanche de carillons anarchiques de "Time", une expérience sonore unique que tout le monde devrait absolument vivre au moins une fois dans sa vie. "Time" donc, une véritable leçon d'enchainement qui voit se succéder une lente introduction en percussions profondes et synthé gracile, puis une ode pop emportée à l'arrache par un David Gilmour qui braille comme si sa vie en dépendait (et quel solo, encore, simple, crissant et royal !). Et soudain, sans nous en rendre compte, nous sommes retombés sur le thème et le tempo de "Breathe", tandis que les chœurs féminins qui envahissent l'espace sonore annoncent déjà "The Great Gig In The Sky", avec sa mélodie jazzy au piano (superbe prestation et superbe mélodie de Rick Wright) et surtout la performance vocale en apnée de Clare Torry, improvisation hallucinante sur le thème de la souffrance et de la mort qui va de l'horreur démonstrative à l'apaisement serein. Impressionnant.

La face B s'ouvre d'emblée sur le morceau de Pink Floyd le mieux connu du grand public, "Money", un titre tellement passé et repassé à la radio qu'on en oublierait presque de l'écouter avec attention. Erreur à ne pas commettre, car là encore, avec ce riff bluesy à 7 temps, cette introduction samplée époustouflante et sa richesse de construction, on a droit à une pièce maîtresse de l’œuvre du Floyd. Écoutez donc les giclées de guitares omniprésentes de Gilmour, leurs déplacements dans l'espace, leurs réverbérations, les subtiles variations d'effet sur la wah-wah, la façon dont elles se répondent les unes aux autres... c'est indescriptible. Replongez-vous dans le long solo du maître de la six cordes qui se bat en duel contre le saxophoniste Dick Parry, laissez-vous embarquer dans les montées et descente en puissance du morceau : une expérience comme celle-là n'a pas de prix. Puis vient le temps de se poser et de réfléchir, et quoi de mieux pour cela que "Us And Them", tout en rythme flottant et ouaté, où chaque pulsation, chaque syllabe du chant, chaque mouvement de piano se trouve comme suspendu dans l'éther, formant un contraste saisissant avec la puissance royale des refrains bardés de chœurs impériaux. Il n'y a là rien de fondamentalement exceptionnel sur un plan purement formel, ce passage faisant preuve d'une simplicité technique extrême, et pourtant, pourtant, on se trouve irrémédiablement emporté dans une spirale de sentiments antagoniques à son écoute, entre foi, tristesse et espoir. Cette pause est poursuivie par "Any Colour You Like", une pièce instrumentale qui n'a l'air de rien au premier abord mais qui cache, là encore, des trésors d'intelligence et de finesse. Le jeu des échos, notamment, est assez époustouflant tant sur les parties de synthétiseurs spatiaux de Rick Wright que sur les jeux de question-réponse récités de main de maître par David Gilmour à la guitare : de la beauté, et rien d'autre. Puis le voyage se conclut sur un diptyque musical grandiose, "Brain Damage" - "Eclipse". Waters prend alors les commandes de l'esquif et égrène ses angoisses entre pudeur maladive et majesté rayonnante tandis que, en arrière fond, des individus anonymes décrivent leur côté sombre et leur rapport au mal en général. Une conclusion poignante qui opère un lent crescendo en une litanie déclamée en boucle dans le tourbillon des instruments et des chœurs, apothéose passionnée rythmée, là-encore, par les battements calmes d'un cœur qui nous aspire à nouveau vers la face précédente.

The Dark Side Of The Moon est à l'image du célèbre prisme diffracteur qui orne sa pochette : simple, élégant, futuriste, impressionnant, visionnaire, sublime. Jamais les quatre hommes ne retrouveront la formidable alchimie qui a permis à cette réalisation de voir le jour, la perte d'inspiration et de motivation de la paire Gilmour-Wright laissant petit à petit la place à un Waters de plus en plus omnipotent et dont le nouveau statut de leader viendra progressivement détruire l'équilibre subtil qui animait le groupe sur la face cachée de la lune. Cette réalisation du Floyd qui, au passage, n'a pas pris la moindre ride en près de 40 années d'existence, se rapproche le plus de l'image que l'on pourrait avoir de l'album idéal, la perfection faite disque, la Mecque vers laquelle toutes les oreilles doivent se tourner. Car n'en doutez pas une seule seconde : oser prétendre connaître la musique pop contemporaine sans avoir ne serait-ce qu'une seule fois écouté le sommet de la discographie de Pink Floyd relève, même encore en 2011, de l'hérésie pure et simple. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Commentaires
orinoco, le 04/11/2019 à 11:15
Bel article qui me servira pour la préparation de l’émission "orinoco" la musique et ses pérégrinations aux cours des siècles. https://orinoco-podcast.com/
SylvainFoulquier, le 10/01/2017 à 09:31
Le sublime "The great gig in the sky " est autant une composition de la chanteuse Clare Torry que de Rick Wright, et il lui aura fallu batailler ferme pour pouvoir obtenir des royalties. On la retrouve dans "Radio Kaos", le deuxième album solo de Roger Waters, sorti en 1987.
Foulquier, le 06/09/2016 à 21:08
On peut vraiment dire sans craindre l'exagération qu'avec les sublimissimes "Time" et "The great gig in the sky" le Floyd a réussi à atteindre la perfection des chefs-d'oeuvre de la musique classique. Tant d'audace avant-gardiste alliée à une puissance musicale visionnaire, poétique et grandiose brise les barrières artificielles censées séparer la musique pop de la musique dite "classique". Si vous ajoutez le tube planétaire "Money", le magistral duo"Brain damage/Eclipse" de Roger Waters, et bien sûr la bouleversante "Us and them" (dont la musique est de Rick Wright, à qui l'on doit aussi "The great gig in the sky"... ), on obtient tout simplement l'un des meilleurs albums de tous les temps.