Puggy
Radio Kitchen
Produit par NK.F. Producteur
1- Age Of Wonders / 2- Numbers / 3- Simultaneously / 4- Never Give Up / 5- Lost Child / 6- Sad Enough / 7- Simultaneaously (Live Session) / 8- Never Give Up (Live Session) / 9- Lost Child (Live Session) / 10- Sad Enough (Live Session)
On avait quitté Puggy il y a huit ans déjà sur un projet pop-rock somme toute assez premier degré mais pas médiocre pour autant. En effet, le trio faisait partie des rares groupes rock européens à sonner indie anglais sans effort. Et pour cause, son leader/ singer Matthew Irons est né à Louvain tout en étant d'origine anglaise. On avait alors face à nous un pétulant groupe Erasmus (le bassiste Romain Descampe est français, le batteur Egil "Ziggy" Franzen est suédois), bien dans ses baskets et dans son genre, qui diffusait efficacement des titres un brin Arts & Crafts.
Le fameux "compromis belge" sait faire merveille et la formation évoluait de façon certaine dans le landscape du plat pays et au-delà. L'Europe a depuis quelque peu périclité, alors que reste-t-il de la cohabitation de ces trois-là, autour de cette cuisine, lieu d'enregistrement et d'expérimentation, d'après laquelle ils nommeront leur label ? Matthew a depuis fait du multitasking, en étant notamment compositeur pour des filles en "A" (Adé, Angèle, pas Adèle) et coach dans un télé crochet à fauteuils qui a aspiré dans ses capitons Ricky Wilson des Kaiser Chiefs avant lui. Il a ainsi décidé de ratisser plus loin et d'inviter au plan de travail notamment le producteur de PNL (un vrai indice pour la suite).
Le début de l'EP sonne effectivement très rencontre (retrouvailles si on croise les doigts) autour d'un verre. Mais c'est bien vite la dégringolade (faisons-la courte, c'est un EP après tout), le bon café ou la bière trappiste sont rapidement coupés à l'eau. "Numbers" a des faux airs de Woodkid à la Soupline, et le groupe se lance dans de la pop minaudante, mais un peu street quoi pour coller à la tendance actuelle. C'était justement la frontière (encore des termes de positionnement spatial) maniérée effleurante avec laquelle Puggy flirtait déjà dans le passé et qui pour le moment n'avait pas été franchement traversée.
"Simultaneously" enfonce le clou jusqu'au petit rond et ce n'est définitivement pas son refrain Sia-esque qui rattrape l'affaire. "Never Give Up", sorti en octobre, coule sans marquer (telle la bière Pils, et comme elle c'est un peu à volonté pour toujours pas de souvenirs ensuite)."Sad Enough" se veut un vague cousin du morceau de The Weeknd, le titre qui te motive (ou souvent pas) à aller courir le dimanche matin. De l'acoustique (où ils s'en sortent toujours mieux) est né le synthétique et tout ceci n'a pas beaucoup de sens. Où est le début, où est à la fin, et bon sang qui "kote" ("loge" dans la terminologie belge) avec qui ?
Au final, l'EP contentera les Tik Tokeurs et Lena Situations (au demeurant sympathiques) mais on parle de quoi là ? Quelle est l'intention, l'impulsion dans cette cantine à plusieurs, avec des transverses de genre dans tous les sens ? Comme le héros Tommy de l'opéra rock du même nom, Puggy a tenté une petite forme de décadence au lieu de rester fidèle (un minimum) à lui-même. Il a traversé une faille, un plan pour s'y perdre. Puggy can you hear me ?